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Re:Re:On the Bombings -- Noam Chomsky


Re: Re:On the Bombings -- Noam Chomsky -- André
Posted by Florence , Sep 18,2001,04:27 Index  Forum

"... aucun responsable politique américain, depuis bientôt une semaine, n'a remis en question la politique étrangère américaine qui, depuis des années, pousse une partie du monde au terrorisme."

Tout d'abord, quelques responsables l'ont fait (Colin Powell, Dick Cheney, le nouveau directeur de la CIA, l'ancien secrétaire d'état de Bush Senior, ...), dans des registres limités, genre "il faudrait prendre en compte les approches différentes du problème qu'ont nos alliés", mais la réflexion est en marche. L'implication de la CIA, bien que minimisée, est admise et reconnue comme "imprudente". Bien sûr, ce n'est pas sur CNN ni dans la presse quotidienne US que l'on trouve ce genre de réflexions ...

Ensuite, je trouve ton raccourci très raccourci: si d'aucuns justifient leurs actions terroristes par la politique américaine, celle-ci n'est pas et de loin le seul facteur du terrorisme, ni des conditions économico-politiques qui le favorisent. Tu occultes le rôle de TOUS les pays industrialisés, les doubles-jeux de pays comme l'ex-URSS et ce qu'il en reste (Moscou est toujours alliée de Baghdad), la Chine, la Corée du Nord, Israel (qui commisère avec les USA pour mieux justifier l'augmentation de la répression en Palestine, sachant que le monde a les yeux tournés ailleurs en ce moment), les monarchies du Golfe. Tu oublies aussi les luttes intestines au sein des états (de l'Algérie à Zanzibar ...), le rôle des mafias de la drogue et des pierres précieuses.

Enfin, prends garde au sens que recouvre cette culpabilisation systématique de l'Amérique:

http://www.liberation.com/quotidien/debats/septembre01/20010918a.html

"Aujourd'hui, la responsabilité de l'Amérique dans les meurtres haineux du 11 septembre est mise à la question. Les donneurs de leçons à l'Amérique punie se veulent doctes et informés: l'Amérique récolterait les fruits d'une politique inconséquente, elle ne doit s'en prendre qu'à elle-même. Il n'y a qu'un pas à franchir pour considérer que ce retour des choses n'est que justice. Dans cette analyse de la haine elle-même pétrie de ressentiment, l'erreur est triple. Sur le plan épistémologique, cet argumentaire fait l'impasse sur la différence entre les relations interpersonnelles et la politique. Le visage de l'autre m'informe sur ma responsabilité; dans le jeu entre des entités collectives, on peut compenser les effets d'une mauvaise politique, mais on ne peut accepter la volonté de destruction de l'adversaire. Sur le plan stratégique, il n'accorde aucune place au sujet dans la définition de sa réponse, les Américains inspireraient nécessairement la même réaction terroriste, quels que soient leurs interlocuteurs. Sur le plan de la morale, il est inconséquent et insidieux: sous couvert d'analyse, il culpabilise une victime et cache plus ou moins grossièrement une satisfaction inavouable. Réagir au drame américain de la sorte, c'est prolonger et valider la haine de l'attentat sur le terrain de l'envie du donneur de leçons. "



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