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Re:Conscience (réponse à Jean-François)


Re: Conscience (réponse à Jean-François) -- Gilles C.
Postée par Jean-Francois , Oct 19,1999,07:51 Index  Forum

Gilles C.: "J'entendais y a pas longtemps à la télé, que si une personne pouvait voir les connexions neuronales (connexions entre synapses) à la surface du cerveau (d'abord ça prendrait des bons yeux!), il faudrait 32 millions d'années pour les compter toutes."

En plus, être capable de les compter ne donne aucune indication sur leur fonctionnement. Heureusement, on a découvert que le cerveau peut être sub-divisé en "modules" qui ont des fonctions plus ou moins équivalentes (par exemple: dans le cortex on retrouve "colonnes" de cellules qui traitent toutes la même information; ou encore, dans le tronc cérébral, on retrouve des "noyaux" de cellules qui ont toutes une fonction relativement similaire). Cette vision du cerveau semble être une réalité indépendante du besoin de "simplifier (ou unifier) pour comprendre". Les groupes de cellules peuvent aussi être regroupés en "réseaux" par des connexions. Cette organisation de base, en réseau, permet d'inférer ou de généraliser les fonctions d'un groupe de cellules à une ou des régions du cerveau, ce qui facilite une compréhension plus globale de l'activité neurale. (Bon, certains phénomènes neuraux sont plus diffus, comme ceux engendrés par les neurohormones, ce qui complique encore les choses.)

Toutefois, la complexité biochimique qui sous-tend la synapse elle-même dépasse les rêves les plus osés des ésotéristes. Au point même où il est impossible de comprendre ce qui se passe à toutes les synapses d'une cellule (sauf certaines celllules, qui ont peu de connexions) en même temps, et qui est un jeux d'action et rétroaction très complexe. Pour étudier les mécanismes synaptiques, il est nécessaire d'isoler complètement la synapse étudiée, ce qui rend très délicat la généralisation de ce qui se passe à cette synapse lors des comportements. (Cela pose aussi le problème de la pertinence de certain phénomènes ainsi découverts: ne sont-ils pas issus des conditions très particulières de l'expérience, mais c'est une autre question.) On commence seulement, dans certains systèmes très précis, à comprendre ce qui se passe au niveau des réseaux neuronaux lors de comportements. Et, on est encore loin de pouvoir expliquer totalement un phénomène à la définition aussi "floue" que la conscience.

Seulement, on est arrivé à un point où nos connaissances commencent à permettre de faire des liens entre l'activité au niveau des cellules, celle au niveau des réseaux et les comportements. Ces liens montrent indubitablement que les comportements ont une base neurale, que le cerveau engendre les comportements. Et, la "conscience" est un comportement. Comportement complexe mais, comme les autres, issus de l'activité cérébrale. De plus, les connaissances acquises en neurobiologie reposent sur des bases beaucoup plus solides, sur des observations beaucoup plus fouillées et critiquées, que les allégations des ésotéristes selon lesquelles la conscience est une "entité" sise on ne sait trop où et qui se manifeste on ne sait trop comment.

Je suis donc parfaitement d'accord avec vous la "distinction [entre "mental" et "spirituel"] est le fruit de l'imagination des croyants", et ne procède absolument pas de l'observation de la réalité... du moins, celle d'aujourd'hui.

Jean-François