Bon passons aux choses sérieuses ! (petite note sur la nomenclature; Seb1 = ce que vous avez citez de moi précédemment. Eva=ce que je cite de vous et SebN=ce que j'écris maintenant)
Seb1: «La différence entre une théorie et un fait est la chose suivante: le fait est l'observation, la réalisation de l'existence d'une réalité observable. »
Eva: «Vous supposer donc l?existence d?un observateur pour qu?il y ait un fait. Vous n?êtes pas seul à avoir ce point de vue. Ça se discute... mais je n?en discuterai pas...»
SebN: Oui effectivement. Le "fait" sans observateur, je le nomme "réalité physique". Il y a la distinction entre notre percetion d'une réalité physique (ce que j'appelle "fait") et la réalité physique en soit.
Eva:«D?autre part, je suppose que vous donnez au mot «réalisation» un sens qu?il a surtout en anglais et que nous rendons par «prise de conscience». Je ne cherche pas à faire naître une querelle sémantique, c?est juste que je ne suis pas certain du sens à donner à votre «réalisation» [qui pour moi veut dire : le fait de rendre réel, ou son résultat; la réalisation d?un rêve, d?un plan, d?un projet].»
SebN: Pour moi, "réalisation"="prise de conscience" effectivement.
Eva:«Pour moi, un FAIT peut se présenter sous plusieurs facettes : ce qui a une existence, ce qui est une réalité objective mais pas nécessairement matérielle, ce qui EST, ce qui survient.»
SebN: Cette définition, pour moi est celle du mot "réalité physique".
Eva:«Même si ce sont mes sens et ma raison qui m?informent de l?existence d?un fait, il entre une bonne part de subjectivité dans ce que j?appelle un fait. Voir le chapitre 2.»
SebN: On peut s'affranchir de cette subjectivité avec ma conception d'un fait, d'une théorie et d'une réalité physique. C'est ce qui la rend l'fun ;-).
Eva:« «la» = la réalité observable (observée) ?»
SebN: Oui. La distinction entre observable et observée serait à faire, mais dans le contexte elle n'est pas triviale...
Eva: «Si je dis «la voiture est bleue», cela recouvre pour moi deux faits, du moins en apparence. D?abord, l?existence de la voiture, puis sa couleur que j?appelle «bleue» à cause de mon expérience passée à identifier et nommer des couleurs.»
SebN: Ok, je vais élaborer sur cet exemple:
la réalité physique: il existe un type objet qui a certiaines propriétés précises soit celles d'une voiture. Chaque objet possédant toutes les propriétés générales et particulière d'une voiture est une voiture(ex de propriétés: a un volant, 4 roues, un moteur, etc). Ce objet possède une définition qui lui est propre et unique (ex: un bateau n'est pas une voiture, une moto n'est pas une voiture). L'existance de cet objet est indépendante de la conscience humaine. Il "est" et c'est tout. En plus, cet objet est bleu. Le bleu possède certaines propriétés et tout objet possédant ces même propriétés sera bleue.
La théorie: ce qui m'a permis d'expliquer la réalité physique; i.e. le paragraphe d'en haut. Sans elle, je n'est aucun outil pour rendre compte, pour faire état, de la réalité physique "la voiture est bleue". C'est dans cette catégorie que l'on définit les propriétés de l'objet "voiture" et de l'"objet" "bleu". Le bleu peut être définit objectivement avec un peu de connaissance physique (ajouter d'autres faits, réalités physiques et théories) par exemple, les propriétés optiques du bleu dans le spectre de lumière visible nous permet de définir cette couleur objectivement.
Le fait: La correspondance entre la théorie et l'observation. À mon avis, la seule façon d'établir l'existance d'un fait objectif, c'est pas la méthode scientifique, qui ultimement émettera une théorie objective (pas seulement des hypothèses, mais des hypothèse vérifiées empiriquement) qui sera nécéssaire à l'établissement du fait.
Eva: «Par exemple, la voiture que je crois voir n?est peut-être qu?un mirage (la probabilité de cette méprise dépend de plusieurs facteurs : suis-je fatigué ou sous l?effet d?une drogue ? suis-je assoiffé dans le désert, en proie à des mirages ? etc.)
J?ai dit que la voiture est bleue ? Quelle est la qualité de ma perception des couleurs ? Il est arrivé à mon fils et à moi de ne pas être d?accord sur la couleur bleue ou verte d?un objet; par ailleurs, la couleur bleue recouvre une gamme infinie de teintes : ce qui pour moi cesse d?être bleu peut l?être encore pour mon voisin.»
SebN: Ici, à mon avis, le subjectivisme est artificiel et résulte d'une mauvais expérimentation. Dans le premier cas, on vérifie mal la théorie ("la voiture est bleue") en n'effectuant pas une expérience adéquate. On ne s'assure pas d'être dans les meilleurs conditions possibles pour faire l'expérience.
Dans le deuxième cas, un utilise un appareil de mesure qui n'est pas fiable.
Évidemment, il subsite un léger degré de subjectivisme (qui est, scientifiquement parlant, nécéssaire à une "bonne" science): le doute éternel. On pourrait supposer l'existance d'un individu qui ne sera jamais satisfait de la vérification faite (et il aura probablement toujours raison de dire qu'il y a quelque chose de mal vérifié...) pousser à l'extrême son insatisfaction de la vérification, de l'expérimentation, autrement dit, du fait. Pour un tel individu, le fait n'existe pas. Il y a la théorie, qui vaut ce qu'elle vaut car elle sera inévitablement imparfaite, et il y a la réalité physique, innacessible, qu'il pourrait appeler "fait". Mais le "fait" apparait lorsque pour une expérience donnée (observer une voiture bleue), peu importe l'expérimentateur, la théorie est TOUJOURS vérifier *avec le même degré de précision (ou mieux)*.
Eva: «C?est une construction de l?esprit en vue d?expliquer un phénomène.»
SebN: Parfaitement d'accord.
Eva: «Pour ce qui est des mathématiques maintenant : peut-on dire que le nombre 2, par exemple, est un fait ? En tout cas, c?est un fait que 2 est un nombre pair ; c?est un fait aussi que 2 est un nombre premier, le seul qui soit pair. C?est un FAIT (et non un PHÉNOMÈNE[ce que j'appelle "réalité physique" note de Sébastien]) aussi qu?il existe une THÉORIE des nombres.»
SebN: Parfaitement d'accord.
Donc selon vos deux dernières citation, où se situe le fait ? À mon avis, le fait ne fait pas partie de la réalité physique, il fait partie de notre esprit, il fait partie de la théorie. Si la conscience n'existerait pas, le fait n'existerait pas. Il ne resterait que la réalité physique, que les phénomènes. Évidement, en ce sens, chaque "fait" peut être subjectif au sens ou un fait peut vouloir dire des choses différentes pour chaque personnes, mais il existe, je pense, en la méthode scientifique, un façon objective d'appréhender, de décortiquer, de découvrir, de comprendre ces faits. Et pour ce faire, la théorie (autant que l'expérience, en passant) et nécéssaire à l'établissement de ces faits. En résumé, "fait"="théorie"+"expérience", si "expérience"="théorie" (ATTENTION!!! Il ne faut pas conclure que "fait"=2*"théorie" ni = 2*"expérience", contrairement à ce que certains intervenants que j'ai lu par le passé semble croire ;-) )
Ça s'tient-u mon affaire ?
Sébastien
P.S.
Eva: «De part votre formation, vous êtes mieux qualifié que moi pour discuter de ce qu?est ou n?est pas une théorie. Mais puisque vous vous adressez à moi, permettez que je m?avance un tipeu.»
SebN: Je sais ce que constitue certaines théories particulière, mais pour ce qui est de ma vision de la théorie vs fait, je doute que mon opinion fasse l'unanimité dans mon domaine. Dans ce cas, en vous avançant là-dessus, vous ne risquez pas du tout de faire erreur par "incompétence" ;-).
P.P.S.
SebN: Je ne connais pas les noms des divers courants épistémologiques. Tout mon charabia ne provient que de philosophie de napkin dérivée au cours de mes années d'études et de réflexions...
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