Lawrence Kohlberg (je simplifie): 6 stades de jugement moral, trois niveaux principaux : a) pré-conventionnel = comportement justifié par le confort personnel. B) conventionnel = justification par un concept de l’«ordre» tel que reproduit dans le groupe principal. C) post-conventionnel = jugement fondé sur des principes abstraits universels.
Je ne suis pas sûr que Kohlberg serait d'accord pour dire que la religion est nécessaire à sa théorie -- mais il accepterait sans aucun doute qu'elle est fondamentale, dans une société religieuse, au développement séquentiel tel que décrit ou tel qu'il se produit effectivement. La différence est absolument fondamentale. Au niveau C par exemple, les principes en question ne sont pas supposés Vrais, c'est-à-dire que cette théorie n'a aucunement besoin que les gens aient effectivement raison de faire ce qu'ils font simplement parce qu'ils sont au niveau C. Bref, le niveau C couvre aussi bien les philosophes que les fanatiques. Développer son jugement, selon Kohlberg, ne veut pas dire «avoir de plus en plus raison».
Donc, Kohlberg ne peut pas être utilisé pour supporter votre thèse religion=>bien. Si le jugement moral est religieux dans les faits ça n'entraîne pas immédiatement la conclusion qu'il ne peut que l'être. Quand la religion est centrale à une quête du «bien» c'est qu'elle s'y est imposée, et non parce qu'elle y est nécessaire (en fait, Kant dirait que ce qui est religieux est en soi amoral: dans une logique strictement religieuse, on ne fait pas le bien pour le bien, mais pour une récompense ou pour éviter une punition).
De plus, elle ne peut mener qu'à un «bien» qu'elle a elle-même défini à l'avance. C'est non seulement tautologique, mais dangereux, puisqu'il existe plusieurs religions.
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