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Re:Encore Even-skipped ...


Re: Encore Even-skipped ... -- Julien
Posted by Jean-Francois , Oct 12,2001,12:20 Index  Forum

Julien: "Ce que je dis depuis le début (il faut répéter souvent dans votre cas) est que la segmentation est considérée homologue chez les insectes mais qu'elle n'est pas contrôlée par LES mêmes gènes ou le même groupement exacte de gèneS"

Oui, et puis? Vous n'avez toujours pas compris que si les mêmes gènes agissaient toujours au même moment chez toutes les espèces, toutes les espèces seraient une seule espèce. L'évolution permet le changement, cad la modification de fonction. De Beer ne dit pas vraiment autre chose: il est difficile d'établir les homologies sur les bases génétiques à cause de ces modifications, cela ne veut pas dire que c'est impossible. Loin de là.

Vous n'avez pas du tout montré qu'il n'y a AUCUNE ressemblance entre le développement segmentaire chez la mouche et d'autres insectes. Vous ne le pourrez pas, car il y a même des ressemblances avec le développement segmentaire chez les vertébrés ou chez d'autres invertébrés. Vous avez insisté sur un gène, que vous avez présenté - à tort - comme LE gène important du développement segmentaire chez la mouche, et vous avez essayé de faire croire que c'était LE critère permettant d'établir des homologies (ce qui n'est pas le cas). Que vous adoucissiez maintenant votre position la rend simplement plus floue.

Julien: "ce sont deux insectes, non?"

Vous savez combien il y a d'espèces d'insectes? Vous savez quel est le temps de génération chez les insectes? Savez-vous, à quelles familles appartiennent la sauterelle, la guèpe et la mouche? Avez-vous une petite idée de la vitesse à laquelle ils peuvent muter et se différencier? Ben non, évidemment; vous êtes obsédé par LA différence qu'on vous a indiquée au point d'en oublier le contexte dans lequel tout ça s'installe. Pour être vraiment crédible: comparez la segmentation de deux insectes proches (deux espèces de mouches, deux espèces de guèpes) avec celle d'un insecte plus lointain. Si les deux insectes proches ne montrent pas de plus grandes ressemblances dans leur développement que celui qui est le plus lointain, là vous pourrez claironner.

De plus, vous ne le savez évidemment pas, mais la mouche ne montre pas un développement embryonnaire que l'on puisse qualifier de typique, même pour un insecte*. Ce qui n'a pas empêché que des découvertes en génétique faites chez cet animal ont permis la découverte de principes similaires même chez les vertébrés, et que des gènes presque parfaitement homologues - par leur conformation et leur fonction - se retrouvent à la fois chez la mouche et chez des vertébrés (dpp/BMP4 ou Sog/chordin, respectivement mouche/vertébrés, par exemple). D'autres gènes, homologues par leur conformation se retrouvent à avoir des fonctions similaires mais dans des contextes différents chez la mouche et les vertébrés. Bref, l'étendue des possibles est telle que vos petites simplifications écrites en moins de deux lignes, que vous croyez peut-être très claires, ne valent strictement rien. Et puis, de toute façon, vous n'offrez aucune alternative valable...

Julien: "Les patterns qui semblent se retrouver chez des espèces différentes n’ont pas pour cause la transmission de l’information au travers des générations, c’est un fait"

Pas sur la base de ce que vous avancez. Ce n'est pas en comparant des bananes et des pamplemousses que vous arriverez à prouver que la pomme n'est pas un légume.

Mais, il est parfaitement connu que l'"information se transmet au travers des générations". Et, le simple fait que des gènes homologues (par leur conformation) existent chez différentes espèces prouve que votre affirmation n'est pas vraie. Que tout le bagage de gènes homologues n'interviennent pas dans le développement de structures similaires chez différentes espèces n'est en rien un problème pour l'évolution, c'est un problème pour quelqu'un qui pense que l'évolution doit respecter les règles du fixisme. C'est un problème pour quelqu'un qui pense que les choses doivent être immuables.

Meilleure chance la prochaine fois.

Jean-François

* Voir, par exemple: Beeman RW, Stuart JJ, Brown SJ, Denell RE.Structure and function of the homeotic gene complex (HOM-C) in the beetle, Tribolium castaneum. Bioessays 1993, 15(7):439-44.