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Re2:Cerveau, conscience, Ame, E.T aux commandes, tout ça quoi.


Re: Cerveau, conscience, Ame, E.T aux commandes, tout ça quoi. -- Grindelf
Postée par Jean-Francois , Nov 15,1999,06:59 Index  Forum

Grindelf: "Il ne faut pas avoir si peur du mot machine. C’est un terme générique pour désigner quelquechose de simple ou de très complexe."

Peut-être, mais dans ce cas il ne rajoute rien au sens du terme "cerveau"... et il est généralement utilisé en tant que métaphore péjorative, car il réduit ce sens. Pourquoi ne pas utiliser "le cerveau", tout simplement?

Grindelf: "Il ne reste plus que l’electricité, l’energie, les énergies electrochimiques qui se transforment (puisque rien ne se perd et c’est tant mieux) en …"

D'une part, il peut y avoir perte. La loi de la thermodynamique citée ici n'est valide que dans un milieu fermé (une éprouvette, un ballon d'expérience contenant un nombre déterminé de molécules), ce que la terre n'est pas. D'autre part, les molécules qui formaient les structures qui maintenaient les gradients électrochimiques retournent à la terre, aux cendres, etc. Ce que je synthétise par "le retour aux acides aminés". Vous avez sûrement entendu parler des cycles écologiques (ceux du carbone et de l'hydrogène sont les plus connus)? C'est un peu le même principe.

Je voudrait préciser une chose: on explique l'apparition de gradients électrochimiques (dans le vivant) par des structures moléculaires (récepteurs ou canaux ioniques) encore méconnues. Ces gradients électrochimiques sont la base même de la "communication" entre les cellules nerveuses (car ils sous-tendent les potentiels d'action) donc, pour moi, à la base même de la "conscience"; ils sont étudiés avec des techniques électrophysiologiques, principalement. On connait mieux les mécanismes moléculaires qui fournissent l'énergie aux cellules. Energie que je qualifie plus facilement de biochimique car elle n'est pas étudiée avec des techniques électrophysiologiques mais biochimiques. Ces deux types d'énergie proviennent des interactions entre atomes ou molécules car on ne conçoit pas d'énergie libre, comme ça, issue de rien. Tout comme il n'y a pas d'électricité sans source, ou sans mécanisme pour créer une différence de potentiel entre deux points. C'est ainsi que quand vous fermez l'interrupteur, l'électricité ne se transforme pas en quelque chose d'autre: elle disparaît. Il n'y a pas de principe volatil qui s'évapore, il y a arret de circulation des électrons dans les fils.

Grindelf: "Je suis sûr que certains nomment ces énergies électrochimiques : Ame."

On peut donner n'importe quel nom à "ça", l'important tient dans la définition que l'on va donner (et qui sera acceptée par beaucoup) à ce nom. Puisque "âme" existe et, non seulement, n'a pas la même définition que "énergie électrochimique" mais, en plus, n'appartient pas au même domaine de vocabulaire, il est difficile de croire que ces termes décrivent la même chose. Comme Gaël, je préfère "conscience". Le terme "âme" (comme "esprit", d'ailleurs) contient des références à des théories spirituelles qui nient la fin de l'être à la mort.

L'énergie électrochimique est un processus indépendant de l'être, et peut être recréée sous des formes différentes à partir des composantes re-rendues libres à la mort de l'être. Par exemple, si vous pouviez prendre toutes les molécules d'un cadavre et reconstruire un humain vivant avec: cet humain aurait forcément le même poids que le cadavre, (et non que l'humain vivant dont provient le cadavre), mais il y a peu de chance qu'il ressemble au cadavre. Pour un scientifique, il serait impossible qu'il puisse posséder la même "conscience" que l'humain dont provient le cadavre; pour un prêtre, il possédera (toute hérésie mise à part) exactement la même "âme".

Grindelf: "Ainsi donc il y aurait un petit extra-terrestre énergétique aux commandes de chaque organisme vivant du plus simple au plus complexe, et dont le boulot serait, entre autres, de preserver le code génétique. N’est-ce pas là une théorie véritablement scientifique ?"

Non, pas du tout. Même si on a parfois recours à des petits êtres féériques dans l'explication de certaines théories scientifiques (le démon de Laplace est le plus connu), ils n'ont pas de valeur intrinsèque. Il est absolument inutile de concevoir quelque chose de tel alors que les mécanismes chimiques offrent une explication suffisante aux phénomènes bioénergétiques (rasoir d'Occam). De plus, cette image fait intervenir des notions qui sont très difficiles à valider scientifiquement:
- le fait que votre E.T. ait un "but" (préserver le code génétique) est impossible à démontrer scientifiquement.
- Votre E.T. devrait être omniprésent car, dans des conditions similaires, les résultats d'une réaction chimique sont similaires, quelque soit le lieu où elles se réalisent. De plus, il faudrait une certaine forme d'omniscience, pour savoir où ces réactions ont lieu (Croiser le Démon de Laplace avec un "démon" issu de la "théorie du chaos"). Omniprésence et omniscience sont des principes théologiques, pas scientifiques.
- Aussi, étant donnée la variabilité énorme dans les réactions biochimiques à l'échelle cellulaire (entre autres: le code génétique est rarement immuable), il faudrait que le E.T. soit faillible. L'utilité de supposer un tel E.T. dans une théorie scientifique est nulle.
Bref, votre "théorie" amène plus de problèmes insolubles qu'elle ne peut en résoudre.

Grindelf: "J’ai mis un peu de temps à répondre car je trempais mes fesses dans la mer rouge"

Vous n'y auriez pas croiser Henri de Monfreid, par hasard? :-) Plus sérieusement, à la réponse de Gaël je rajouterai que, dans le monde animal, la couleur est très souvent synonyme de poison. Une espèce de poisson colorée et vénéneuse à plus de chance de survie qu'une espèce terne et vénéneuse car elle affiche l'avertissement "attention danger!".

Jean-François