DENIS: Tu caricatures. Je pense que, en Occident, la presse (ou les presses) est beaucoup plus libre que dans les dictatures mafieuses qui sévissent souvent ailleurs. Je me trompe? C'est mieux ailleurs? Ou?
Faux dilemne. Il ne s'agit pas de choisir un camp ou l'autre, mais d'être conscient des défauts des deux, en réalisant que les crimes de l'un ne justifient pas ceux des autres. Par ailleurs, l'opposition "Occident" - "dictatures mafieuses" est stupide: comme si une dictature était forcément mafieuse et qu'il n'existait pas de démocratie mafieuse (pense à l'élection de Bush ou à la démocratie à l'italienne façon Berlusconi).
DENIS: .... Je ne pense pas que les USA soient le pays "champion mondial de l'endoctrinement du public". Je pense que, à ce propos, il n'est ni meilleur ni pire que les autres pays d'Occident. Compares avec l'Iran, par exemple. [...] Tu auras du mal à me convaincre qu'il y a moins de liberté de presse aux USA que dans les pays intégro-islamistes. Beaucoup de mal."
Il est clair qu'il est difficile de soutenir que la presse soit aussi peu libre aux USA qu'en Iran et que le public y soit autant endoctriné, mais c'est malheureusement bel et bien le cas, quoi que de manière différente dans chaque pays. L'américain moyen est encore moins au courant de ce qui se passe dans le monde (quand il a une idée de ce qui se passe dans l'ensemble de son pays d'autre que les faits et gestes de ses idoles sportives ou du spectacle), et s'en fiche bien plus, que l'iranien moyen. Cela vient en grande partie du fait qu'il est conditionné dès le berceau à considérer son pays comme le phare du monde en toutes matières, donc seul digne d'intérêt, et que la presse est censurée par les différents lobbies des médias, qui ne sont pas animés par une volonté d'informer ni d'éduquer mais par une politique essentiellement lucrative (= on ne vend au public que ce qu'on est certain qu'il achètera avidement, soit un miroir très flatteur), lorsqu'ils ne sont pas liés aux autres lobbies qui sont prédominants au niveau gouvernemental. Au final, la presse n'est pas davantage diversifiée que dans bien des pays dictatoriaux (voire moins, l'Iran, pour ne parler que de lui, est inondé d'informations radio, TV et presse venant de l'europe voisine) et le public extrêmement ignorant et biaisé.
Finalement, explique-moi, à part dans le degré de gravité des conséquences possibles (sociétales et judiciaires), quelle est la différence fondamentale dans la gestion de la liberté de conscience en Iran (ou dans toute autre théocratie avouée) et le Texas ? ("j'aimerais mieux être un athée déclaré à Houston qu'un athée déclaré à Téhéran pour faire carrière dans la fonction publique.") Dans les deux cas, tu ne peux PAS faire carrière dans la fonction publique ...
DENIS: Il s'agit de bavurettes verbales isolées, facilement explicables par le monstrueux "triple Pearl Harbor" de la veille. L'émotion fusait. Bush a-t-il vraiment menacé de transformer l'Irak, l'Iran et l'Afghanistan en parking? Qu'a-t-il dit, exactement? Je pense qu'il a plutôt menacé les terroristes (ceux qui aimeraient bien sucrer ton aqueduc à l'arsenic, par exemple) ainsi que, naturellement, leurs complices.
"Bavurettes verbales isolées"? la menace de raser tout pays suspecté d'abriter des personnes considérées sans preuve formelle comme responsable des attentats ou ne s'alignant pas sur les diktats unilatéraux des USA ? "Bavurettes" une réthorique de cowboys ("dead or alive", "smoke them out", "with us or against us") et des références historiquement insultantes envers toute une civilisation ("crusade against evil") ? "Bavurettes" les allusions à la moindre valeur des vies civiles afghanes ou irakiennes dans le cas de bombardements massifs ? Ne pense pas tant tout seul, va lire les transcriptions de ses discours et de ceux de Rumsfeld (sur le site du Guardian par exemple). Ensuite, demande-toi comment ces "bavurettes" ont été reçues dans le monde et combien de recrues elles ont valu à AlQaida.
DENIS: Non. Pas question de niaiser six mois ou 6 ans. L'attaque d'Al Quaeda réclamait une riposte militaire prompte et ciblée. Ils ont même visé le Pentagone! Al Quaeda a vraiment couru après les représailles. Le quatrième avion visait vraisemblablement le Capitole. Si 70% des parlementaires fédéraux américains y avaient été tués d'un coup, la nécessité de la riposte Américaine aurait été encore plus indiscutable qu'elle ne l'est déjà.
Qui parle de niaiser ? Quels qu'aient été les objectifs ou les résultats des attentats, il s'agit de déterminer les responsabilités, localiser les coupables et leur mettre la main dessus. Il s'agit d'actions qui prennent du temps. Tu réagis comme le cowboy moyen qui veut voir des représailles au plus vite et pouvoir penser à autre chose en croyant l'affaire définitivement réglée par une réaction spectaculaire.
DENIS: "Aussi, je trouve que ton expression "aplatir un pays" est une caricature. Bien sûr, c'est un mauvais moment à passer pour le pauvre peuple Afghan. Combien y a-t-il de réfugiés-déplacés? 5 millions? Vingt fois le Kossovo! C'est épouvantablement triste. Espérons qu'ils pourront bientôt retourner à la maison et que, peu à peu, ils sortiront de leur cauchemar. Ça prendra certainement quelques générations mais, au moins, les intégristes abrutis à la Kalashnikov auront perdu des plumes. Les gens ne seront plus emprisonnés (ou pire) pour avoir écouté de la musique ou pour avoir enseigné l'alphabet à une petite fille. Peu à peu les collèges et les universités vont rouvrir. Et on pourra peut-être y étudier AUTRE CHOSE que la théologie coranique. Un peu de science laïque, par exemple."
Minimisation des faits et de leurs conséquences suivie de voeux pieux assaisonnés de paternalisme. On pourra étudier autre chose que la théologie coranique, en effet, les USA vont veiller à ce que les missionnaires chrétiens puissent agir en toute liberté (snigger).
|