1) que les services de police et de renseignement disposent des outils et de la compétence nécessaires à faire face au problème et donc que s'ils arrêtent des individus c'est qu'ils ont de bonnes raisons de le faire.
--faux sur les deux facettes. Ces outils et cette compétence n'existent pas et les arrestations servent seulement à démontrer qu'on fait quelque chose. N'importe quel expert en sécurité en témoignera. Bien sûr, si on arrête tous les musulmans il s'en trouvera bien qui seront des terroristes. Mais c'est pas de la police, ça.
2) qu'Al-Qaida n'est pas un «réseau» mais une bureaucratie hiérarchisée, qu'on pourrait neutraliser en lui coupant la tête.
--Non, il s'agit bien d'un *réseau*, c'est-à-dire d'une série de cellules vaguement reliées par une idéologie et disséminées à travers le monde. De plus, ce réseau a à la traîne une série de copycats potentiels qui n'ont rien à voir avec BL mais qui partagent ses principes. Enfin, il y a d'*autres* résaux. Ceci cause le problème suivant: on mélange la métaphore «guerre» avec l'action militaire réelle quand on parle de «guerre contre le terrorisme». Une vraie «guerre contre le terrorisme» devrait ressembler à une «guerre contre la pauvreté» ou «guerre contre le cancer» et pas à la prise d'Anzio. C'est-à-dire qu'on a besoin d'un plan d'action rationnel et concerté, et pas d'une attaque locale sur une cible mal définie.
3) Les Talibans constitue(ai)nt une force isolée, uniforme, irréductible et plus dangereuse et/ou moins morale que les autres acteurs en présence (Pakistan, Arabie Saoudite, Alliance du Nord, etc.).
--voilà un des résultats du discours de la guerre: l'ennemi implacable. Avant d'agir militairement il faut absolument a) personnifier le problème terroriste, b) l'étatiser, le lier à une souveraineté juridique, donc lier BL au Taliban/Afghanistan et c) (corollaire) le localiser géographiquement. Le but: rassurer tout le monde que quelque chose était fait (et vite). Ça n'en fait pas une vérité.
--En réalité, la rapidité et la violence de la réponse ne sont ici d'aucune utilité stratégique et servent uniquement à calmer l'opinion publique (ce qui peut très bien être nécéssaire, évidemment). Le fait est que nous sommes relativement impuissants contre le terrorisme. Quel politicien avouera ça?? Je donne un exemple: je fabrique une «bombe sale» dans mon sous-sol (trois bâtons de dynamite et un peu de matériel radioactif volé dans un hôpital ou ramassé au Kosovo) et je la fais sauter à Berri-de-Montigny. Peu de dommages réels, mais imaginez la panique!! Comment m'arrêtera-t-on? C'est *radicalement* impossible. Si le 11 septembre a prouvé quelque chose, c'est bien que «si on veut, on peut».
--Ainsi le lien Taliban-terrorisme, bien que pas tout à fait faux évidemment, est trompeur. Moi je suis bien content qu'on soit débarassé de ces imbéciles criminels. Par contre le coût est discutable. Faible, selon toi -- mais t'es pas sur le terrain, alors facile à dire; tu manipules d'ailleurs l'euphémisme de façon magistrale (un «mauvais moment à passer»?!?!?!?). Enfin, je suppose que c'est subjectif. Mais l'idée que ceci est une action militaire contre «le terrorisme» est absolument saugrenue.