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Re:Tétralogie fictive?


Re: Tétralogie fictive? -- Denis
Posted by Stéphane , Jan 04,2002,10:15 Index  Forum


Je ne pense pas qu'on parle dans le même téléphone. Quand je dis que la tétralogie (et donc tous les couples permutés qu'on peut y trouver) est «fictive», je ne veux pas insinuer qu'il ne se trouve aucune relation entre les termes. Ce serait aussi simpliste -- et erroné -- que de prétendre, justement, que ces termes sont *interchangeables*, comme tu le fais. Je m'oppose justement contre cette approche qui permet d'en attaquer un pour se débarasser des autres puisqu'il ne s'agirait que de sémantique.

Par ailleurs, je me demandais comment, si comme tu le dis tu acceptes mes points 1 et 2, tu peux défendre l'action militaire en Afghanistan avec tant d'enthousiasme. Ta réponse (déjà répétée plusieurs fois) est que:
«Je ne sais pas quelle proportion des Allemands d'aujourd'hui considèrent que les alliés ont eu tort de contrer la dictature nazie. J'imagine que c'est la majorité. Aurait-il été possible d'y arriver SANS intervention militaire?»

Autrement dit, les buts justifient les moyens. Ok. Sauf que ça marche pas.

Heureusement pour nous, les nazis furent un cas d'exception (du moins au niveau quantitatif) et surtout avec le recul nécessaire, qui permet désormais de les utiliser comme argument à toutes les sauces (à l'époque c'était pas si clair que ça).

--Les nazis faisaient un contraste assez puissant avec le reste du monde (occidental), et à plusieurs niveaux--ils furent donc remplacés avantageusement (sauf en RDA: penses-tu qu'en RDA les «citoyens» dansaient de joie sous Staline? Qu'ils se disaient, «ah, au moins on a reçu des bombes pour une bonne raison!» et «c'était un mauvais moment à passer»?).

--De plus, l'ensemble équivalent à celui dont on vient de discuter, qui serait nazis/gouvernement-État/guerre d'agression/Allemagne était pas mal plus solide.

--Troisièmement il faut, ne t'en déplaise, se poser la question de la légitimité automatique de tous les moyens employés contre eux. Est-ce que la majorité des Allemands répondraient que brûler vifs 35 000 civils à Dresde était une bonne idée? J'en doute. Et devine quoi: après tout ça, Dresde tombe du côté RDA staliniste!! Oops.

Conclusion: même devant Hitler il faut se donner le droit de juger des moyens à employer et des buts visés. Malgré tout, je l'ai dit, en fin de compte c'est subjectif et on peut parfaitement décider que tout cela était juste et bon -- et qu'on aurait dû utiliser la bombe contre l'URSS au lieu d'attendre qu'elle s'écroule, les Russes auraient été reconnaissants.

--Mais il y a plus. La comparaison ne tient pas la route pour une raison beaucoup plus fondamentale: ici il n'y a aucune cible réelle, concrète, sur laquelle faire feu. Le terrorisme est un concept, et flou de surcroît. Al-Qaida est partout et pas unique. Les Talibans sont pas si différents de l'Alliance du Nord, et de toute façon on n'a jamais chialé contre eux avant (malgré qu'on ait eu de bonnes raisons de le faire). Reste des individus, et on va tout raser pour arriver à leur mettre la main au collet (Noriega, ça te rappelle quelque chose? Ça a pas mal mis fin à la «guerre contre les drogues», hein? Sais-tu combien on a fait de morts au Panama pour arriver à ça?).

L'opération «liberté immuable» n'a aucune chance de faire une goutte de différence dans le problème terroriste. Il y aura bien quelques bénéfices colatéraux: les petites filles peuvent maintenant retourner à l'école (enfin, le 5% qui y avaient accès avant, quand on aura rebâti les dites écoles). Non, ceci est une guerre d'idées: on bombarde l'idée du terrorisme pour renforcer l'idée de liberté (qui pendant ce temps se trouve concrètement réduite à petit feu de ce côté-ci). Moi je trouve qu'on aurait pu faire un peu plus du côté des idées avant de sortir nos revolvers (joke nazie, clin d'oeil à ceux qui pigent).

Prochains trous infernaux dans le monde: Pakistan, Indonésie, Arabie Saoudite, Turquie. Pendant qu'on est occupé à tirer sur des idées, notre politique étrangère («notre» = pays industrialisés en général) continue de faire mijoter ces cocottes. Quand l'un de ceux-là pètera, l'Afghanistan, Al-Qaida, les Talibans et le chien de la voisine paraîtront ridicules d'insignifiance.



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