Ta lettre était perdue dans une branchette peu active du gros catalogue de 4 écrans qu'est devenue ma (difficile) simultanée. Je l'avais négligée. 'scuse.
Réparons les choses.
ÉVARISTE: Tu vises la mauvaise cible. Ma cible, ce sont les conditions d'ensemble du conflit, en particulier la recherche objective des causes et des remèdes.
DENIS: C'est aussi la mienne, je t'assure. Mais je remplacerais le mot "cible" par l'expression "sujet de discussion". Le mot "cible" suggère une "agressivité dirigée". Comment peut-on diriger son agressivité vers une recherche objective?
ÉVARISTE: Or, puisque Sam a toujours raison (étant donné qu'il défend les meilleurs principes du Monde - Liberté et Démocratie),...
DENIS: Cette phrase est-elle en mode "ironico-négatif" ou en mode ordinaire? Tu sais que j'ai du mal à le deviner. ;-)
ÉVARISTE: Il (Sam) se refuse à considérer qu'il soit lui-même à l'origine du merdier.
DENIS: À quoi ressemblerait le merdier si Sam n'était pas là et n'avait jamais été là?
ÉVARISTE: Il (Sam) se voit comme faisant partie de la solution mais assurément pas du problème.
DENIS: Il se voit sûrement comme faisant partie de la solution. Et il a raison. Mais je pense qu'il fait moins partie du problème que tu le supposes. Comme tout le monde ici, je suis partisan du juste milieu. Le problème, c'est qu'on ne le met pas à la même place. Pour moi, la misère des pays pauvres est très loin de dépendre principalement des américains, ou de l'Occident en général. Pour moi, la "cible" devrait être les principales causes du merdier du tiers-monde. La surpopulation, par exemple. Peut-on dire que l'Occident en est responsable via l'invention et la diffusion des antibiotiques et autres outils thérapeutiques? Je refuse ce point de vue. Est-il le tien?
L'Occident (dont les USA) est-il responsable des sécheresses en Afrique? de l'analphabétisme au Pakistan? du faible rendement des techniques artisanales? des conflits tribaux?
Décidément, je vois beaucoup plus les USA dans la solution que dans le problème. Et je vois beaucoup plus les Talibans à la Waco comme faisant partie du problème que de la solution. Je te rappelle que c'était à peu près ça le sujet de départ de la simultanée commençant par mon cordial "Ye! pour les bons!". Au fil des enfilades, le sujet s'est élargi. Mais je continue de penser qu'ils ont tout à fait raison de faire ce qu'ils font en Afghanistan, et que, en ce qui concerne les misères du tiers-monde, ils font immensément plus partie de la solution que du problème, autant dans le passé que dans le futur.
ÉVARISTE: Je l'ai dit, je ne suis pas du côté des USA ni de ceux qui sont du leur.
DENIS: Tu es du côté de qui?
ÉVARISTE: Je reconnais que les USA sont un grand pays, «grand» géographiquement et autrement. On y trouve du meilleur et du pire.
DENIS: D'accord avec toi sur ça.
ÉVARISTE: Or, les USA se présentent comme le phare du Monde, Rome des jours glorieux. Leurs causes, à les entendre, seraient toujours justes.
DENIS: Métaphore, je suppose. La psychologie transnationale n'est pas une science exacte.
ÉVARISTE: Si un pays fait quelque chose de mal contre un autre pays (autre que les USA), et s'il n'y a pas de pétrole en jeu, et si la région n'est pas stratégique pour Sam, alors mononc détourne le regard.
DENIS: Tu trouves qu'ils n'interviennent pas assez? Où voudrais-tu les voir intervenir? À Haïti? au Sierra Leone? en Ouzbékistan? en Corée du Nord? Et de quelle façon? Dis-le moi, s'il te plaît.
ÉVARISTE: Mais qu'on y découvre une goutte de pétrole ou que la région prenne un importance stratégique (militairement ou économiquement), alors là Sam fonce tête baissée.
DENIS: Les USA ont-ils eu tort de sortir Saddam du Koweit? d'intervenir à la Grenade? de lancer le télescope Hubble? de traquer Al Qaida? Ont-ils toujours tort? N'ont-ils pas plutôt beaucoup plus souvent raison que tort? Si c'est le cas, le juste milieu est de leur bord.
ÉVARISTE: Ce que je n'arrive pas à digérer, c'est que Sam prétendent que ses interventions n'ont pour principal objectif que le rétablissement de la Liberté, de la Démocratie, etc.
DENIS: La plupart du temps, c'est effectivement le cas. Bien sûr il y a plusieurs bavurettes (terme qui fait rager Tyson-la-Mitraille), dont les dossiers Allende et, de plus en plus, Cuba. Mais j'estime que, dans l'ensemble, la moyenne au bâton des américains vaut amplement celle de la plupart des autres pays.
ÉVARISTE: Je vais revenir là-dessus un peu plus tard, aujourd'hui vendredi ou demain.
DENIS: On est déjà lundi. Faudra te presser un tipeu si tu veux respecter tes échéances.
Cordialités d'office,
Denis