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Les deux Corées


Re: Question sans numero -- Jean-Francois
Posted by Denis , Jan 07,2002,23:01 Index  Forum

Salut Jean-François,

Je viens d'écrire assez long à Stéphane. Comme tes sujets et les siens sont passablement connexes, je vais tenter de ne te dire que du neuf. Si je peux.

DENIS D'AVANT: "Moi, je continue à penser que la libéralisation du commerce international mène "naturellement" vers "à travail égal, salaire égal""
AUTRE DENIS D'AVANT: "J'avoue avoir un préjugé favorable en faveur du "libre jeu de l'offre et de la demande"

JEAN-FRANÇOIS: Comment arrives-tu à accorder ces deux propositions?

DENIS: Avoir un préjugé favorable pour quelque chose ne signifie pas qu'on soit un fanatique de cette chose. Quel meilleur mécanisme que l'offre et la demande pourrait, selon toi, déterminer le prix de vente d'une maison ou d'une automobile? Je conviens volontiers que, pour plusieurs catégories de biens-services sociaux (style ticket de bus ou opérations chirurgicales) il est sain que les gouvernements entrent dans le jeu pour modérer les excès. J'admets aussi que, à l'échelle internationale, son application est totchée (euphémisme). Grosso modo, la libéralisation du commerce mène à une économie orientée-consommateur alors que son contraire (gérance étatique?) mène à une économie orientée-travailleur. S'il faut choisir froidement entre les deux (sans possibilité de juste milieu), je compare la Corée du Sud à la Corée du Nord et je choisis l'économie de marché. Il est là, mon préjugé favorable.

JEAN-FRANÇOIS: La "loi" de l'offre et de la demande peut difficilement conduire à un système d'égalisation des salaires dans un système qui valorise le profit. La "liberté" dans ce cas-ci est celle d'augmenter les divergences, pas de les niveler.

DENIS: Je pense au contraire que ça tend plus à niveler les salaires qu'à les diversifier. Par exemple, l'import-export totalement libre (sans profits occultes des intermédiaires et sans barrières tarifaires) des produits vestimentaires aurait tendance (à robotisation-près) à niveler les salaires des couturières de mon exemple précédent.

Malheureusement, il s'agirait certainement d'un nivellement par le bas plutôt que par le haut. Il faudrait inventer des mécanismes qui inciterait le nivellement à se faire vers la moyenne. Si le problème de la surpopulation était réglé, je pense que le nivellement aurait plus de chances de se faire vers la moyenne. Je pense aussi qu'une robotisation absolue (je rêve, je sais) ferait tendre plein de prix vers zéro (et mettrait plein de monde en chômage). Il faudrait alors instaurer un revenu minimum garanti à l'échelle planétaire. Ça peut difficilement se faire sans un gouvernement mondial. Ça viendra probablement d'ici deux ou trois siècles. Pacifiquement, de préférence.

Je n'ai pas de solution miracle. Je me contente d'observer que la Corée du Sud est 10 fois plus prospère que sa soeur du Nord. En 1960 elles étaient à peu près équivalentes. L'économie de marché n'a pas que du mauvais.

JEAN-FRANÇOIS: Je ne vois pas d'exemple d'un système libéraliste qui ne soit subventionné directement ou non par les gouvernements...

DENIS: Tu parles des subventions aux entreprises? Es-tu plutôt pour ou plutôt contre (j'évite le "pour ou contre" trop fanatisant) les subventions aux entreprises? Par exemple, les mines charbonnières anglaises ou l'agriculture japonaise? Les industries endémiquement déficitaires doivent-elles être objet d'acharnement thérapeutique?

On est rendus loin de l'effort admirable (et nécessaire) que fournissent les Américains en Afghanistan. Ce n'est pas de ma faute. :-)

Cordialités plénières,

Denis


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