“dans ta réponse si haut, tu me reproche de dire que tu ne connais pas la psychanalyse. Tu ne me contredit pas, mais, probablement pour me discréditer, tu remarque que les astrologues font la même critique. C’est vrai! Charles Darwin aussi faisait la même critique à ses détracteurs. “avanbt de dire que ma théorie est fausse, lisé au moins mon livre!” Le vieux biologiste n’était pourtant pas un charlatant.”
Je ne faisais pas cette remarque pour dire que ceux qui utilisent l’argument “vous ne connaissez pas le sujet” sont des charlatans, mais pour montrer que ce n’était pas un argument.
Et si je ne t’ai pas contredit, ce n’est pas parce que je n’y connais rien mais parce que je n’accorde pas d’importance à cette question. A part ça, si tu veux absolument une réponse, je connais certainement beaucoup moins bien que toi la psychanalyse mais elle ne m’est pas totalement étrangère. Il fut un temps où je m’y intéressais et où j’avais largement tendance à y croire. J’ai lu une vingtaine d’ouvrages, dont 4 ou 5 de Freud et une dizaine de Jung.
“Doit-on renoncer à l’étude de phénomènes qui ne se prêtent pas à des analyses statistiques? Jean Piaget n’a pas développé sa théorie avec de grand groupe de sujets, mais sur l’étude de quatre cas: ses propres enfants. Ce sont ses collaborateurs qui ont soumis ses hypothèses à des recherches reproductibles et falsifiables.”
La comparaison ne me paraît pas valable. Je connais mal Piaget, mais autant que je sache ses recherches avaient un aspect beaucoup plus objectif que celles de Freud, il s’agissait surtout d’observer et d’expérimenter, en vue de fournir un travail essentiellement descriptif sur des faits difficiles à mettre en évidence. A partir de là il pose des hypothèse qui sont vérifiables.
Alors que dans la psychanalyse la situation est totalement différente : les faits - je veux dire les paroles et les comportements - sont donnés, tout le travail consiste à les interpréter. Et cette interprétation a un souvent caractère trop subjectif pour être soumise à des expérimentations fiables (l’ufologie est dans la même situation).
Doit-on y renoncer pour cette raison, me demandes-tu ? Non. Mais la moindre des choses consisterait à éviter de se lancer, à partir de ces douteuses interprétations non vérifiables, dans des théorisations hyper-précises et des débats byzantins, et à ne pas encombrer la psychologie avec ces douces réveries.
“Quatrièmement, tu dit que les psychanalystes ne s’entendent pas entre eux. C’est vrai. Et oui, oui oui, je vais te répondre que ca arrive dans toute les sciences. Il n’y a pas si longtemps la fusion froide .. Le fait que les gens se chicanes n’est pas un critère de scientificité ou de valeur.”
Dans toutes les sciences, il y a des débats et les théories non valables finissent par être éliminées, et elles sont très vite éliminées si ce sont des foutaises grosses comme la fusion froide. Bref, on évolue, et assez rapidement. On dialogue et chaque camp peut entendre les arguments des autres. Par opposition, dans les religions on se base sur des dogmes et il ne peut y avoir de communication réelle d’idées d’une religion à l’autre, ou alors sur un très long terme. Parfois des syncrétismes ou de nouvelles religions apparaissent à partir des anciennes, mais ne les remplacent jamais. Une religion n’est jamais dépassée, jamais réfutée. On reste éternellement en face de systèmes fermés sur eux mêmes, qui évoluent, mais assez lentement.
La situation de la psychanalyse ne ressemble en rien à celle des sciences. Les débats entre les différentes sectes psychanalytiques, la manières dont ces courants évoluent - pour ceux qui évoluent ! - est assez semblable à celle des religions... on est face à des théories incommensurables, dont l’histoire est plus riche en schismes et en hérésies qu’en “petites chicanes”...
Et de la même façon que les adeptes du new-âge font leur propre religion avec des morceau de tout ce qu’ils trouvent dans les autres, on voit aussi des psychanalystes qui font leur petite sauce personnelle avec quelques dogmes freudiens, une pincée d’archétypes jungiens, quelques gouttes de subjectivisme Binswangerien, un peu d’obscurité lacanienne, etc...
“Je dois cependant ici reconnaitre mon erreur. J’ai été imprudent en allan directement aux fonds des choses avec le problème de la contiguité sémantique. Cependant, la contiguité est une chose qui se prouve statistiquement. comme presque tous ce qui est sémantique d’ailleurs. Il suffis d’utiliser des juges indépendant et de leur soumettres des alternatives de choix sémantiques.”
Peux-tu être plus précis ? J’ai du mal à imaginer un protocole expérimental qui permettrait d’éviter tout artefact dans l’étude d’un phénomène aussi flou et fuyant.
“Le problème est que tu ne cherche pas à la bonne place. Les psychanalystes ne font presque jamais de recherches expérimentales. Les expérimentalistes, par contre, découvrent fréquement des donnés empiriques qui soutiennent des hypothèses avancés par les psychanalystes. Parfois, aussi, ces donnés empiriques contredisent la psychanalyse, mais c’est ca la science.”
Sais-tu que 80 % des expérimentations cliniques contrôlées sur l’homéopathie sont favorable à cette dernière ?
Ceci dit, je connais bien plus de cas où la psychanalyse a été prise en défaut que de cas où elle s’est vue confirmée.
“Si je te trouve deux publications sérieuses correspondant à deux champs complètement indépendant de la recherche clinique, deux publications conduitent par des anti-psychanalystes notoires qui arrivent à des conclusions, statistiquement fondé, qui supportes si ouvertement des hypothèses psychanalytiques que les auteurs, dans le premier cas, se sentent obligé (à leur corp défendant) de siter en référence des vieux psychanalystes comme étants des précurseur et, dans le deuxième cas, pour être une découverte notoirement sité, tu me paye une bière au prochain soupé sceptique? :)
Même sans ça, ce serait avec plaisir, si je n’habitais pas si loin du QG des sceptiques (chuis à Lyon...). Mais à titre informatif, je serais très intéressé par ces publications. Ceci dit ça ne m’étonne pas du tout qu’elles existent, ça m’étonne même qu’il n’y en ait pas plus, car il est inévitable que certaines hypothèses psychanalytiques soient justes. Permet moi d’appliquer à la psychanalyse une phrase dont Voltaire usait pour se défendre des succès occasionnels dont se vantaient les astrologues : Personne ne saurait avoir le privilège de toujours se tromper.
Tant de courants, tant de théories qui prétendent tout et sont contraire, inévitablement, plusieurs devront trouver des confirmation expérimentales. Le tout serait de savoir quelle proportion, et si elles sont cohérentes entre elles, si elles confirment un courant psychanalytique plutôt qu’un autre.
“imposture, délire théorique, dogmatisme” Tu n’a pas du beaucoup lire Freud, Fénichel, Kernberg toi!”
Les deux derniers, non, pas lu. Freud par contre est celui que je trouve le plus dogmatique. Ce n’est que dans les toutes dernières années qu’il a accepté d’envisager l’échec de la psychanalyse, et encore, seulement sur le plan thérapeutique, pas en tant que théorie. Il a toujours continué à se voir comme le troisième terme de la série Galilée - Darwin - ...
Il ne faisait d’ailleurs qu’inaugurer une grande tradition de notre siècle. Aujourd’hui n’importe quel cintré dont la théorie proclamée «révolutionnaire» est rejetée par les méchants scientistes-positivistes-dogmatiques se prend pour Galilée. Mais enfin, Freud est excusable, à son époque c’était encore original.
Amicalement,
G.
P.S. Ton travail sur la psychanalyse, tu l'as fait dans quel cadre ? Philosophie, psychologie ?