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Re:Mutations


Re: Mutations -- Julien
Posté par Platecarpus , Jun 06,2002,02:09 Index  Forum

> Les seuls qui existent sont des cas isolés, des interprétations subjectives, des transformations de fragments de fossiles en espèces transitionnelles, bon pour les crédules ; de l’anecdotisme;)

Encore faut-il prendre la peine de regarder les fossiles... Si vous voulez absolument des exemples, je peux citer les rongeurs du Quaternaire (l'un des plus beaux cas de gradualisme) ou les ammonites du Jurassique inférieur. Dans les deux cas, on voit les espèces se transformer de manière graduelle (on ne note aucun épisode de stase et aucune ponctuation).

> C’est là quelle mène ses supporters avides de preuves.
Il y a eu Archaeoraptor (National Geographic), c’était il y a deux ans.

Archaeoraptor a été fabriqué par des paysans chinois qui voulaient faire de l'argent facilement. Ce n'est pas ce que j'appelerais des "supporters avides de preuves", mais bon...

> J’ai lu des articles évolutionnistes sur le sujet : phylogénie basée sur l’étude des gènes. Tout est spéculatif là dedans et les résultats sont tellement insatisfaisants et non concordant que cette technique risque d’être abandonnée rapidement.

Abandonnée, ça m'étonnerait. Au contraire, perfectionnée. Les phylogénies moléculaires donnent des résultats généralement concordants et très prometteurs, mais il y a des ratés, étant donné la jeunesse de la méthode, qui n'a que quelques années.
Mais nous nous éloignons du sujet, parce que l'étude que je citais n'était pas une étude de phylogénie. Il s'agissait de séquencer les gènes surnuméraires que les vertébrés possédaient en plus de ceux de leurs ancêtres invertébrés et qui expliquent leur plus grande complexité. Or, on constate que ces gènes nouveaux ne le sont pas totalement. Ils ressemblent énormément (jusqu'au niveau des introns) à ceux que les invertébrés possèdent déjà. Cela s'explique facilement s'ils sont issus de duplications.

> Pour passer d’une bactérie avec 2 000 gènes à un homme avec 30 000 gènes il faut des gains
Vrai
>beaucoup de gains
Vrai
>ses « informations » additionnelles doivent « fonctionner » de pair avec le reste du génome de l’espèce déjà en place
Vrai
>C’est de la folie!
Pourquoi ? La théorie de l'évolution ne postule pas le passage DIRECT d'une bactérie à un homme. Elle implique des étapes intermédiaires, correspondant à un grand nombre de petites augmentations du nombre de gènes. Ca n'a rien de fou...

> Des mutations ajoutent, suppriment ou substituent des bases au code génétique. Ceci à pour effet de corrompe l’information présente en décalant les codons

Cela ne les décale pas quand il y a duplication d'un gène entier.

> Si des bases sont ajoutées, il y a un gain en nombres de bases mais pas en information. Un gain en information résulterait en une structure morphologique nouvelle et fonctionnelle.

Bon, alors on recommence depuis le début :
1) Le gène est dupliqué (ça existe, vous ne pouvez pas dire le contraire). Là, vous dites : "Stop ! Aucune structure nouvelle ! Pas de nouvelle information, juste un recopiage !" Un peu de patience, merci.
2) Le gène dupliqué mute et code une nouvelle protéine (c'est à dire une nouvelle fonction) : et là, vous vous écriez : "Stop ! Rien de nouveau ! C'est juste une modification d'une information qui existait déjà !"
Evidemment, dans les deux cas, vous aurez raison. Seulement, du début de l'étape 1 à la fin de l'étape 2, il y aura bien eu gain d'information, et la biologie moléculaire confirme ce modèle...

> Si c’était réel ce baratin, il y aurait des tas d’exemples, d’observations d’espèces qui ont acquis une nouvelle structure morphologique. Aucun cas n’est mentionné dans votre message

Il y a des exemples, et ils se portent bien, merci. Mais, même si nous n'avions aucun exemple, votre argument ne tiendrait pas la route malgré tout.
Vous écriviez il y a quelque temps qu'il n'existait aucun mécanisme connu capable d'augmenter la quantité d'information du code génétique. Or, c'est faux : il existe un mécanisme, celui de la duplication, qui augmente la quantité d'information contenue dans le génome. Les mutations permettent d'expliquer comment des gènes dupliqués ont pu se transformer, codant pour des protéines supplémentaires (donc de l'information en plus) totalement nouvelles. Ces deux phénomènes ont été observés, et ils suffisent à expliquer tous les gains d'information rencontrés au cours de l'évolution. La théorie de l'évolution ne postule RIEN qui ne soit pas explicable par ces deux mécanismes. Votre objection sur l'augmentation de la quantité d'information ne tiendrait donc déjà pas d'un point de vue théorique.

Passons maintenant à la pratique. Les duplications, ainsi que l'apparition de modifications morphologiques viables par mutation, sont observées toutes les deux et suffisent à expliquer toutes les innovations évolutives que la théorie postule (les gènes semblent même, comme je l'ai déjà expliqué, garder la trace de ces épisodes). Mais, apparemment, ce qu'il vous faut, c'est l'apparition d'organes à la fois :
- surnuméraires
- différents des autres (donc réellement nouveaux)
- non-létaux

Or, cela existe. Une mutation du gène Hoxa-7 sur la souris induit la formation d'un os supplémentaire dans la colonne vertébrale : ce qui est remarquable, c'est que cet os ne correspond à aucun autre connu. Ce n'est pas une simple duplication, c'est une authentique innovation. La mutation Bithorax chez la drosophile provoque l'apparition de deux ailes surnuméraires : là encore, les deux ailes en question sont nettement différentes, tant par leur structure et leur apparence que par leur fonctionnement, des deux autres ailes déjà en place. Une autre mutation induit la formation de deux doigts surnuméraires chez le cheval. Les deux doigts en question sont morphologiquement tout à fait différents de l'unique doigt que possède un cheval normal (on interprète généralement ce cas comme un atavisme, mais un créationniste ne pourra pas les considérer autrement que comme de véritables structures nouvelles apparues par mutation).
Une mutation très décrite en tératologie consiste en l'apparition d'une corne chez un animal qui en était dépourvu : cela a été observé chez les chevaux et les souris. On connaît même quelques cas chez l'homme. Si vous refusez de considérer ça comme une nouvelle structure, c'est de la mauvaise foi.

Evidemment, on ne vous décrira jamais une mutation conduisant à l'apparition ex nihilo d'un oeil ou d'un poumon parfaitement bien formés. Les mutations consistent toujours en des modifications plus petites. Ce que les évolutionnistes soutiennent, c'est que ces petites modifications, accumulées, ont pu être à l'origine de tous les changements évolutifs connus. La découverte des bases génétiques des mutations et des innovations évolutives a confirmé cette idée : le mécanisme des mutations (précédé éventuellement de duplications de nombreux gènes) est bien capable d'expliquer, sans le moindre problème théorique, toutes les transformations connues.

Les duplications existent, tout comme la modification nette d'un caractère par mutation. Ces deux processus suffisent à faire de l'évolution un modèle théorique valable. Tous ont été observés, décrits, pas imaginés ; en revanche, on n'a jamais observé la création d'un être vivant par Dieu. Le créationnisme, pour fonctionner, nécessite de postuler des mécanismes qui n'ont pas reçu le moindre début d'embryon de preuve. La théorie de l'évolution, non.