À la question telle que posée, "QUI A ÉTÉ LE PREMIER, L'OEUF OU LA POULE ?", la réponse qu'on donne à ton site me satisfait pleinement. Clairement, la première poule (pour toute définition raisonnable de "poule") est née d'un oeuf qui avait été pondu par un oiseau qui n'était pas tout à fait une poule, selon la définition utilisée. Sinon, il y aurait contradiction logique.
Le problème est plus corsé si on le pose sous la forme : "Qui a été le premier, la poule ou l'oeuf de poule?". La solution dépend alors de ce qu'on entend par "oeuf de poule". S'agit-il d'un oeuf qui a été pondu par une poule ou d'un oeuf duquel sortira une poule? Selon le cas, c'est la poule ou c'est l'oeuf de poule qui est apparu le premier.
Avec ta perspicacité coutumière, tu mets le doigt (de l'esprit) au milieu du coeur du problème en demandant : "Une espèce peut-elle donner SUBITEMENT naissance à une autre espèce ?"
Comme toi, je pense qu'il faudrait au préalable définir ce qu'on entend par le terme ESPÈCE, et j'en suis aussi incapable que toi.
Je pense que nous sommes tous des individus (d'un sexe ou de l'autre, sauf accident) et que l'espèce de l'individu X est une abstraction. Grosso modo, les individus qui sont de la même espèce que X sont ceux (existants ou potentiels) qui lui ressemblent "suffisamment". Mais je ne pense pas que ça découpe l'ensemble des individus en "classes d'équivalence" telles qu'on les définit en mathématiques.
En mathématiques (je ne t'apprend rien), une relation binaire (~) sur un ensemble E est une relation d'équivalence si elle est
* Réflexive (i.e. x~x)
* Symétrique (i.e. si x~y, alors y~x)
* Transitive (i.e. si x~y et y~z, alors x~z).
Un théorème montre que toute relation d'équivalence induit un découpage de E en classes d'équivalence.
Si E est l'ensemble des vivants, je pense que la relation "être de la même espèce que", n'est simplement PAS une relation d'équivalence.
Elle est certainement réflexive et symétrique mais je pense qu'elle n'est pas toujours transitive. Autrement dit, je pense qu'on peut trouver des individus x, y et z tels que x est de la même espèce que y, y est de la même espèce que z et x n'est PAS de la même espèce que z.
Même si on utilise une définition d'ESPÈCE où les enfants sont nécessairement de la même espèce que leurs parents, ça n'implique pas qu'ils soient de la même espèce que leurs grands-parents. On aurait x~y et y~z sans avoir x~z.
Je ne sais pas si mon intervention éclaircit ton paradoxe ou l'opacifie plus qu'il ne l'était déjà. ;-)
Den
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