Tu donnes deux raisons d'être insatisfait-malheureux d'être évolutionniste.
Ta première porte sur l'absence de choix. Je trouve que c'est une bien mauvaise raison. Es-tu malheureux d'être héliocentriste, par absence de choix, plutôt que géocentriste? Qu'aimerais-tu choisir d'autre? Être nombrilocentriste? ;-)
Ta seconde raison est plus corsée. Tu dis : "Je ne peux pas me faire à l'idée que le hasard du brassage de la soupe primitive et, plus tard, le rôle des mutations aléatoires agrémentées de la survie du plus apte ou mieux fitté (survival of ze fittest), et d’autres considérations justifiées ou ad hoc, que tout cela donc puisse aboutir, par contingence ou par nécessité, aux réalisations les plus miraculeuses de Dame Nature, par exemple Leonardo DiCaprio, Beethoven..."
Jean-François m'a précédé dans la réplique. Il dit : "Certaines philosophies ou systèmes religieux ajoutés aux faits scientifiques sont moins farfelus (comme dire que l'évolution a été (ou n'a pas été) déclenchée dans une direction précise); même s'ils sont tout aussi mal soutenus par les faits."
Dans tout ce qui est encore "terra incognita", vas-y à coeur-joie (en restant toujours en "clef de doute", bien sûr) mais, dans ce qui est "terra cognita" (merci à la science), ne te désoles pas d'avoir peu de choix. Vas-y encore à coeur-joie en désactivant simplement ta clef de doute. Ça fait du bien.
Moi, je vois la théorie de l'évolution comme un lien magnifique entre les deux Bangs. Je vais essayer de m'expliquer mais c'est pas facile.
Il y a deux grosses énigmes. Celle du monde extérieur-objectif et celle du monde intérieur-subjectif. J'appelle ça le Big Bang et le Mini Bang.
La théorie du Big Bang "explique" l'existence de l'extérieur-objectif. Le temps, l'espace, l'énergie et les lois de la nature ont jailli au temps zéro (ou moins l'infini, si on prend une échelle temporelle logarithmique). Et ça se tient pas mal à mon goût.
Le Mini Bang (qui, dans mon cas et dans le tien a eu lieu il y a un peu plus d'un demi-siècle) fait la même chose avec le jaillissement de mon intérieur-subjectif. Si tu veux avoir un "feeling" de ce dont je parle, tu peux aller lire un court extrait de La Nausée, de Jean-Sol Partre, à http://www.feelingsurfer.net/garp/poesie/Sartre.LaNausee.html .
Je parle souvent de ces choses-là avec la Puce (ma chatte), et, si je n'avais pas la théorie de l'évolution, nous aurions bien du mal à nous entendre. ;-)
J'espère que tu ne me feras pas la vacherie de me demander d'être plus clair dans mes explications.
Cordialités,
Den
P.S. Pour moi, ce n'est pas une nausée, c'est plutôt une jubilation.