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Re:Philosophie analytique


Re: Philosophie analytique -- Mikaël
Posté par Jean-Francois , Aug 08,2002,08:09 Index  Forum

Mikaël: "Je dis, a priori, que le matérialisme (sous sa forme actuelle du moins) est faux car par nature il ne peut pas régler la question de la conscience personnelle"

Pourquoi personnelle? Ca revient souvent chez vous et je ne comprends pas pourquoi vous tenez à accoler des adjectifs à "conscience" ("phénoménale", "personnelle"), comme si le terme ne suffisait pas. Vous connaissez des consciences qui ne soient pas personnelles, autre que les métaphores jungiennes? Vous croyez que les qualia peuvent être partagés?

Et puis, j'aimerai savoir si votre séparation "qualitatif" c. "qauntitatif" vous amène à croire que les qualia (et la conscience) sont totalement détachés de l'activité cérébrale. Etes-vous en train d'essayer de nous faire admettre que la conscience ne se trouve pas dans le cerveau?

Cela dit, pour revenir au sujet de l'autre enfilade. Je trouve que vous créez une fausse question en insistant pour séparer de manière absolue le "qualitatif" et le "quantitatif". Ce qui vous apparaît "qualitatif" dans le quale "rouge" est surtout dû à l'absence actuel de moyen pour le quantifier. Relisez l'aphorisme de Rutherford donné par Khayman, il est pas mal.

Le problème que vous posez ne concerne pas vraiment le cerveau. Il est pûrement philosophique et en rejetant a priori l'idée que l'étude du cerveau puisse apporter des réponses, vous le maintenez dans une voie qui ne permet pas de réponse autre que celle que vous attendez. Il est possible que le matérialisme ne permette pas de comprendre la conscience, mais ce n'est pas pour les raisons que vous invoquez (voir plus loin). Si vous êtes philosophe de formation, j'aimerai bien que vous me définissiez le "matérialisme". J'en ai une idée pratique mais non formelle.

Mikaël: "la variation des quales de couleurs (variation qualitative) est censée pouvoir se réduire à une variation des zones d'activation cérébrale (variation quantitative)"

C'est peut-être le cas, qu'est-ce que vous en savez? Pouvez-vous faire la démonstration inverse: montrer que les qualia ne peuvent absolument pas être attribués à des variations de l'activité cérébrale. Je ne pense pas. D'autant plus que les expériences de stimulations cérébrales montrent qu'il est possible de faire naître des impressions de goût, de saveur, de vision, etc. bref des "qualia" chez des patients stimulés électriquement. Cela prouve que l'activité cérébrale jour un rôle non négligeable dans l'émergence des qualia.

Je répète que je n'ai pas de réponse sûre à donner en ce qui concerne l'émergence de la conscience. Le domaine de la cognition est un des plus jeune de la neurologie, car jusqu'à récemment (disons une cinquantaine d'année) nous n'avions pas les moyens techniques pour apporter des réponses qui ne soient pas trop spéculatives. Depuis moins de vingt ans, pourtant, on voit apparaître un grand nombre de tentative rationnelle de répondre à la question de la conscience. Il faut quand même attendre que le tri se fasse pour que les choses deviennent plus claires. Mais, je suis persuadé que la seule manière de trouver quelque chose est de partir de l'étude du cerveau "matériel".

Je vous laisse sur une citation tirée de "Le mystère de la conscience" de J.R. Searle:
"Ce qui nous empêche de voir le caractère biologique naturel de la conscience et d'autres phénomènes mentaux, c'est notre tradition philosophique, qui fait du "mental" et du "physique" deux catégories mutuellement exclusives. Pour en sortir, il faut rejeter le dualisme et le matérialisme, et admettre que la conscience est simultanément un phénomène "mental" subjectif et qualitatif et, en même temps, une partie naturelle du monde "physique"."

Jean-François