Je suis un peu tanné de cette image d'Épinal des courageuses religieuses qui ont été les seules à s'occuper de ces pauvres petits bébés abandonnés et méprisés dont personne ne voulait s'occuper. Certes, plusieurs de ces femmes étaient peut-être admirables, mais d'après les témoignages entendus, y avait de méchantes débiles dans le lot. De plus, c'est l'Église qui insistait à cette époque pour remplir ces charges sociales. Il suffit de voir comment les religieux ont renâclé lorsque dans les années 60 on a commencé les démarches pour leur retirer la responsabilité de l'éducation et des orphelinats. C'est également l'Église, maladivement obsédée par le sexe, qui par son discours entretenait le mépris et les pires préjugés envers les filles mères et les orphelins. C'est toujours l'Église, par la voix de ses curés et religieuses, qui insistait avec tout le poids de son autorité auprès des filles mères pour que celles-ci abandonnent leurs enfants aux orphelinats. L'Église à cette époque acceptait de se soumettre aux décisions politiques de Duplessis, même les plus injustes et cruelles, en échange des privilèges sociaux que celui-ci leur garantissait.
J'ai toujours été étonné de constater combien une institution dont la morale est sensée être inspirée par Dieu n'a jamais réussi, aux différentes époques de son existence, à s'élever au-dessus des préjugés de son temps.
Gilles
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