Malheureusement les historiens vous contrediraient. Les communautés religieuses (et non "l'Église": au sein de quoi on semble vouloir tout confondre) ont occupé une place VIDE. Les communautés religieuses auraient "insisté" dite vous. Je serait bien curieux de voir ça. Vous avez des faits d'époque à faire valoir à ce sujet. Qui a revendiqué de s'occuper des enfants abandonnés? Si les communautés religieuses avaient de la concurrence, je serais bien curieux de la connaître. Personne n'en a jamais entendu parler (à par, peut-être, notre ami Kracpot qui entend des vois la nuit).
L'histoire ne se reconstitue pas à partir de témoignages ramassés à la sauvette par un journaliste du Journal de Montréal (connu pour ses allégeances ABC). La vraie histoire (historiographie) se fait avec des documents d'époque. Les seuls historiens que j'ai vu et entendu intervenir dans ce dossier l'ont fait en faveur des religieuses. Ça ne vous met pas la puce à l'oreille?
On sous-estime la cruauté des 3 derniers siècles. Il faut voir les registres des religieuses sous le régime anglais (publier dans La Presse). Les bébés arrivaient parfois les pieds et les mains gelés. On devait les amputer. Leurs paupières et leur peau étaient dévorées par la vermine. Ils avaient contracté la syphilis ou d'autres maladies graves. Les enfants arrivaient si mal en point que les sœurs enregistraient 60% de perte dans les 12 premiers mois. Avant que les sœurs ne s'occupent de ces enfants, il n'y avait même pas de registre. Il n'y avait MÊME PAS DE REGISTRE. On sous-estime la cruauté de cette époque pas si lointaine.
Gille:«C'est également l'Église, maladivement obsédée par le sexe, qui par son discours entretenait le mépris et les pires préjugés envers les filles mères et les orphelins. C'est toujours l'Église, par la voix de ses curés et religieuses, qui insistait avec tout le poids de son autorité auprès des filles mères pour que celles-ci abandonnent leurs enfants aux orphelinats.
Est-ce le puritanisme de l'Église qui fait le puritanisme d'époque ou le puritanisme d'époque qui fait le puritanisme d'Église? Les dernières années de notre Québec peuvent être trompeuses à ce sujet. Le contraste entre nos sociétés libérales et le conservatisme de Rome va dans le même sens. Je ne peux pas vous reprocher votre analyse. Dans mon analyse cependant, les tabous sont communs à toutes les cultures. Il n'y a rien de spécifique à la culture Chrétienne.
Que l'Église, comme institution, ait été le véhicule de cette culture intolérante, cela ne fait pas de doute dans mon esprit. Je ne crois cependant pas qu'elle en a été la cause. Le puritanisme n'a pas de base évangélique. Jésus n'a presque jamais parlé de sexe. Il parlait aux prostitués et aux Samaritaines à une époque où ça ne se faisait pas. Il a défendu la femme adultère. C'est peu, mais ce sont des exemples de tolérance, pas de puritanisme
Gille: «L'Église à cette époque acceptait de se soumettre aux décisions politiques de Duplessis, même les plus injustes et cruelles, en échange des privilèges sociaux que celui-ci leur garantissait. »
Il est vrai que rarement dans l'histoire l'Église a fait la promotion de la désobéissance civile. Par contre, l'histoire des orphelins est le plus mauvais exemple que vous pouviez choisir pour défendre une pareille thèse. Si Duplessis a eu des battons dans les roues, c'est bien dans ce dossier. Les religieuses n'ont jamais arrêté de faire le contresens de ses décisions. Et elles n'étaient pas les seules dans l'Église. Monseigneur Charbonneau çà vous dit quelque chose?
Gille: «J'ai toujours été étonné de constater combien une institution dont la morale est sensée être inspirée par Dieu n'a jamais réussi, aux différentes époques de son existence, à s'élever au-dessus des préjugés de son temps. »
Votre formulation ici me semble plus près de ma perception de la réalité. J'ai quand même beaucoup insisté, plus haut, sur le caractère cruelle de la société de ces différentes époques.
C'est en contraste avec cette cruauté que les religieux et religieuses me paraissent parfois (pas toujours j'en conviens) un peu moins complètement dégueulasses. Juste un peu moins.
Nous idéalisons parfois les religieux. Nous somme proportionnellement très déçu lorsque leurs conduites apparaissent aussi méprisables que celle des laïcs.
À propos d'histoire, je regrette que Carl ne participe plus à nos discussions. Quelqu'un sait ce qui lui est arrivé?