Vos posts sont voisins dans la page. Par commodité, je vous fais une réponse conjointe. Aussi, ça me permettra de vous vouvoyer sans avoir à lancer mon sou. En mode hachuré, comme d'habitude.
Stéphane : "Le mot «race» n'a pas été dénaturé. C'est vous qui voulez lui donner une nouvelle signification. Historiquement le mot a toujours eu une connotation hiérarchique."
Tu as certainement raison. Les deux mots se sont pratiquement construits ensemble, de l'antiquité à nos jours. Je me range à ta politique: race est un mot tabou. Trop empêtré dans d'autres concepts peu recommandables (euphémisme).
Il faut donc trouver un nouveau mot. Un mot qui correspondrait à la composante anatomique de l'ethnie, sans références linguistiques ou culturelles. Que penses-tu de "variété humaine"? Un peu long. En deux syllabes : varhum. Pourquoi pas? Reste à décider si c'est un mot masculin ou féminin. ;-)
Stéphane : "La «dignité humaine» c'est pas une chose, c'est une attitude -- c'est-à-dire que ça «existe» seulement dans la mesure où on la met en pratique. (...) Tout ça se joue au niveau symbolique, en plein là où le concept de race est le plus coriace."
Je vois à peu près ce que tu veux dire. C'est un principe. Une convention sociale incontournable. La dignité humaine est un "must". L'alternative est inhumaine, au sens strict.
L'humanité est quand même bien chanceuse que tous les chaînons, de Lucy à nous, soient aujourd'hui disparus. Si plusieurs espèces intermédiaires avaient survécu jusqu'à nos jours, c'est peut-être le mot "espèce" qui, aujourd'hui, serait tabou.
Korg : On a au Québec un exemple frappant et sans doute inusité de population extrêmement homogène avec le Lac St-Jean. (...) Si on prend le critère de Kahn pour définir une race, on peut dire qu’on a là une race humaine typique, c’est-à-dire une population au sein de laquelle la diversité génétique est très petite."
Ton exemple est intéressant. Es-tu québécois? À l'accent, je te prenais pour un européen.
On pourrait aussi parler du peuple de l'île Pitcairn (~70 hab.), descendants des mutins du "Bounty" et de leurs conjointes tahitiennes.
"The islanders speak a dialect that is a hybrid of Tahitian and eighteenth-century English."
http://www.infoplease.com/spot/pitcairn.html
Korg : "Or cette nouvelle cartographie des races, non seulement invalidera-t-elle l’ancienne..."
Elle invalide ou elle invalidera? Comment peut-on prévoir le résultat si la nouvelle carte n'est pas encore tracée? Fais-tu du "wishful thinking" (avec Kahn)? ;-)
Korg : "...mais en plus, une fois les principaux clusters ou «foyers de proximité génétique» bien rangés sous leurs nouvelles appellations (les Lac-St-Jeanniens, les Bushmen, les Madagascariens, etc..) on restera avec sur les bras une large partie de la population trop métissée pour être classable."
Si une définition génétique arbitrairement pondérée du concept de race mène à des résultats pareils, c'est qu'elle n'est pas très bonne. Moi, je m'en méfie. Elle mesure autre chose que la varhug.
Korg : "Là encore on a le même problème qu’au début de la discussion, à savoir: où sont les seuils ? sont-ils clairement définissables ? etc..."
On a de gros problèmes de définitions, en effet. Pas facile de modéliser une réalité continue (et fortement multidimentionnelle) avec des découpages discrets utilisant des mots flous. N'empêche que je suis pas mal certain que je taperais au moins 290/300 dans le classement Paris-Pékin-Kinshasa et au moins 28/30 dans Chopin-Bach-Prokofieff.
Tiens! Tenez! Je vous propose une métaphore. La varhum est à l'humanité ce que le style est à la musique (ou à la peinture). Ça joue au niveau abstrait des reconnaissances formelles. Pratiquement au niveau esthético-émotif. Flûte. Ça se complique.
Korg : "...est-ce que cette dignité ne serait pas apparue à peu près au même moment où arrière-arrière- (..) -grand-papa aurait eu l’étrange comportement, à la mort d’arrière-arrière- (..) -grand-tante, de l’enterrer sous quelques rangs de pierre plutôt que de la laisser dans le champs à se faire dépecer par les vautours, comme ça se faisait depuis toujours ? Je ne sais pas ce qui s’est passé dans sa tête à ce moment-là, mais m’est avis que c’était inusité, et que ça sonnait comme un coup de départ vers quelque chose d’autre."
Je vois une difficulté en mettant bout à bout les deux bouts soulignés. Le début de la dignité, c'est arrivé de façon brusque ou de façon continue? Qu'est-ce qui te dit qu'il ne s'est pas passé 50 générations entre le premier cas d'enterrement et le second? Entre les deux, ces gens avaient-ils une demi-dignité humaine?
Shit! Dans quoi me suis-je encore embarqué?
:-)
Denis
--modified at Wed, Aug 28, 2002, 23:20:41
--modified at Wed, Aug 28, 2002, 23:23:49