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Re: La dignité humaine


Re: La dignité humaine -- Denis
Posté par korg , Aug 27,2002,09:37 Index  Forum

Yo Denis !

Cet extrait de Kahn ("...pour qu'il y ait une race, il faut qu'elle soit génétiquement isolée des autres, autrement on a un continuum."), tu le commentes ainsi : «Beaucoup de groupes humains ont été très isolés des autres. Les australasiens, par exemple. Un désert, un océan, une chaîne de montagne, ça isole pas mal. Les distances, aussi. Un continent, c'est grand. »

Évidemment qu’il y a des «clusters» dans ce continuum, mais je ne crois pas que ces homogénéités génétiques ou clusters ne recoupent les couleurs de peau et confirment cette classification visuelle dont nous parlions pour désigner une «race» humaine. Au contraire. On a au Québec un exemple frappant et sans doute inusité de population extrêmement homogène avec le Lac St-Jean. Cinquante familles fondatrices, assez isolées du reste de la population qui sont aujourd’hui devenues quelque chose comme 200 000 individus et ce avec très peu de «métissage» avec l’extérieur. Si on prend le critère de Kahn pour définir une race, on peut dire qu’on a là une race humaine typique, c’est-à-dire une population au sein de laquelle la diversité génétique est très petite. Or visuellement, je serais tout à fait incapable de différencier un individu natif du Lac St-Jean, d’un Gaspésien par exemple. À mon avis c’est un peu la même chose qu’on risque d’observer chez les Bushmen. Comme c’est peut-être aussi le cas dans l’étude de Michaël Hammer à propos des juifs que Jules cite.

Qu’on établisse ainsi des races humaines par proximité génétique (nonobstant l’utilité ou non de la chose, ce qui serait en soi un sujet à discussion), comme on le fait chez les animaux, implique notamment qu’on fasse table rase des couleurs de peau et de l’épaisseur des lèvres et des quelques autres critères traditionnellement utilisés, puisque ce n’est là qu’un petit groupe de gènes insignifiants dont la valeur est surfaite en termes de proximité génétique. Or cette nouvelle cartographie des races, non seulement invalidera-t-elle l’ancienne, mais en plus, une fois les principaux clusters ou «foyers de proximité génétique» bien rangés sous leurs nouvelles appellations (les Lac-St-Jeanniens, les Bushmen, les Madagascariens, etc..) on restera avec sur les bras une large partie de la population trop métissée pour être classable. Là encore on a le même problème qu’au début de la discussion, à savoir: où sont les seuils ? sont-ils clairement définissables ? etc..


Denis : «Si nos opinions divergent quelque part, c'est peut-être là. Vois-tu clairement le moment où, entre Lucy et nous, POUF, elle est apparue, cette dignité humaine que nous partageons tous également? Et qui me tient à coeur autant qu'à Stéphane et à toi.»

C’est vrai que Kahn fait dans le «philosophique», mais je crois qu’il faut prendre en compte le contexte de cette entrevue, soit une dénonciation du racisme mis de l’avant notamment par LePenn. Ceci dit, je risquerais une réponse à ta question : est-ce que cette dignité ne serait pas apparue à peu près au même moment où arrière-arrière- (..) -grand-papa aurait eu l’étrange comportement, à la mort d’arrière-arrière- (..) -grand-tante, de l’enterrer sous quelques rangs de pierre plutôt que de la laisser dans le champs à se faire dépecer par les vautours, comme ça se faisait depuis toujours ? Je ne sais pas ce qui s’est passé dans sa tête à ce moment-là, mais m’est avis que c’était inusité, et que ça sonnait comme un coup de départ vers quelque chose d’autre.


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