Une grosse différence entre les qualia et la température est que les qualia n'existent pas sans "l'instrument de mesure". Pour que ton analogie fonctionne, il faudrait que tu prennes un thermomètre qui fait augmenter la température en même temps que le mercure se dilate. A partir de ce moment, faire une séparation stricte entre la température et la hauteur du mercure est à peu près inutile. La température n'est plus mesurée mais est associée à la hauteur du mercure. Et, on ne dispose d'aucun autre moyen pour savoir ce qu'est la température dans ce cas-ci (tout comme on ne dispose d'aucun moyen de savoir ce qu'est un quale).
Mikaël: "Si je comprend bien, tu associes "concret" avec "objectif" ?"
Il faut effectivement une part d'objectivité - selon moi - pour que quelque chose soit concret. Pour moi, les dragons-sous-le-Mont-Royal-qui-causent-les-tremblements-de-terre, ce n'est pas spécialement concret, bien que ce puisse être une "expérience sensible" (la preuve c'est que j'en parle).
Mikaël: "Pour moi tout n'est que phénomènes mais le type de phénomènes correspondant aux qualias n'est pas du même ordre que le type de phénomènes correspondant aux processus neurophysiologiques même si ces derniers conditionnent entièrement et parfaitement la manifestation du type de phénomènes correspondant aux qualias"
Je peux le comprendre, mais je ne vois pas ce que faire la distinction t'apportes?
Mikaël: "Si par un moyen artificiel, on avait réussi à conserver à ses aires visuelles tout leur potentiel à se développer, Mary finirait-elle par expérimenter un qualia rouge typique en observant un objet rouge ?"
Je ne peux pas te répondre, je ne sais pas ce qu'est un "quale rouge typique" ;-) Pour moi les qualia restent un moyen de décrire une sensation/impression quand on ne sait pas faire autrement, plus sûrement, plus objectivement. De plus, il m'apparaît difficile de déterminer ce qu'est un quale typique car chaque quale est forcément différent* et inacessible à l'étude.
* Non seulement différent entre les individus, mais pour un individu donné aussi. Il existe beaucoup de nuances de rouge et chacune peut être perçue d'une manière différente selon l'"humeur" de l'individu.
Mikaël: "même si ces sons, odeurs, couleurs, ne correspondent à rien dans le monde extérieur"
Ils correspondent à quelque chose puisqu'ils correspondent à une stimulation d'organes sensoriels par un vecteur objectivement mesurable (vibrations acoustiques, molécules, photons). Même les hallucinations sont souvent des dérèglements de systèmes d'analyses ou de perceptions sensorielles. S'il n'y a, dans ces cas pas de correspondance, il reste que c'est un sous-produit de systèmes qui ont évolués grâce au "monde extérieur".
Mikaël: "Pour moi le phénomène est la base de tout"
Dans quel sens entends-tu phénomène?
Jean-François