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Re:Re:Re:Re 7: Obéir = choisir ?


Re: Re:Re 7: Obéir = choisir ? -- Florence
Postée par rené decroix , Apr 18,2000,12:56 Index  Forum

" chez les criminels aussi ("j'ai été inspiré par des voix, par satan") du refus de sa pleine responsabilité, il ne prouve en rien qu'elle est inexistante."
Par contre, cela prouve que l'argument possède efficacité: et d'où peut-il la tenir sinon d'une reconnaissance consuelle de la réalité du phénomène?

"combien de religieux ne l'ont jamais expérimenté ? "
Bien sûr, je ne sais pas; j'ai rencontré beaucoup de religieux qui apparemment ne connaissaient pas le doute, mais s'ils l'ont connu peut-être ne tiennent-ils pas à en parler. Mais je me demande ce que vaudrait l'hypothèse suivante, par induction : à partir du constat de faits qui supposent une certitude absolue pour les expliquer, ne doit-on pas considérer que cette certitude absolue existe probablement à fortes statistitiques?

" s'affranchir du doute ou le rejetter demande chaque fois un choix et une décision"
Oui mais justement: à condition qu'il y ait doute: nous sommes donc renvoyés à la question précédente.
Mais je vais me permettre de signaler une hypothèse que j'ai suggérée dans un travail en sciences des religions: le doute et l'action peuvent faire boucle, dans une sorte de dynamique de fuite en avant : ceci dans les cas où le doute est une tension plus qu'une réflexion (la faute est là dès que le doute se profile), celle-là interdisant d'atteindre celle-ci, et alors le geste -- ou "La Geste" -- peut poser un événement irréversible, je résume (c'est donc caricatural) : si j'ai fait ça, il faut bien que ce soit vrai. C'est encore caricatural, mais une expression populaire (chez nous, alors tu ne connais peut-être pas) dirait bien la chose avec "il faut se jeter à l'eau." D'une manière moins caricaturale, une idée qui a déjà été proposée ici ou là : il faut faire d'abord, pour croire ensuite (ce mécanisme n'étant pas forcément conscient chez l'intéressé)
De manière très commune, le doute peut être immédiatement reçu comme une intervention diabolique, -- catégorie: "mauvaises pensées" -- et donc le réflexe est de lutter contre lui. C'est à mon avis un phénomène très remarquable, où la raison est par avance programmée pour se combattre elle-même, avec une grande ingéniosité puisque le ressort est placé au niveau du réflexe. On peut comprendre me semble-til qu'une pensée soit bel et bien piégée dans ce système; au stade de l'éducation religieuse le cas est annoncé, la chose vous arrivera, et alors pour le "patient", le fidèle, tout est naturel si la chose lui arrive, se smaîtres avent bien que c'est là une arme du malin, et ils l'en avaient prévenu.
Thème plus général: l'intériorisation de l'instance dominante; c'est je crois une caractéristique des communautarismes.
Ces quelques rapides suggestions pour envisager que le phénomène ne serait pas vraiment aussi rare que tu le supposes.

"Certes, mais on entre là dans le pathologique, ce qui représente une minorité de cas."
Le problème est que par définiton ce que nous qualifions de pathologique est hors norme, donc minoritaire, exceptionnel.Mais d'abors, pourquoi une folie ne pourrait-elle pas être la norme d'une communauté? Ensuite, où repérer, sauf cas faciles, la frontière du pathologique ? Pour un exemple outré, lorsque les Aztèques arrachaient le coeur de victimes humaines pour l'offrir au Soleil, il n'y avait là pour eux que normalité.


"Pas sure qu'ils soient si convaincus ni sincères que cela ! la motivation est très souvent la peur de l'exclusion d'une communauté (dans le cas des TJ comme de l'excision par exemple - je parle d'expérience). D'où réaction virulente au "c'est mal", qui, bien que compris, est évacué derrière une répétition véhémente des justifications apportées par la doctrine."

Ici bien sûr je me demande quelle est ton expérience, et je voudrais surtout pas gaffer.
Mais tu cites des cas de non sincérité, de non adhésion. Bien évidemment ils existent, et justement ce n'est pas d'eux dont je parlais. En fait la peur d'exclusion anime quelqu'un qui ne croit plus, qui n'adhère plus, aux croyances ou en tout cas aux pratiques de sa communuaté, c'est une autre question, et bien sûr une telle personne ne peut pas correspondre à l'explication du comportement contraire, la foi absolue, la croyance "dur comme fer".
Mais la question soulevée est très importante, par exemple pour la sociologie communutariste: le cas que tu soulèves tendrait à confirmer qu'il n'y a là aucune possibilité autre que la culture du Même.

Pas le temps de relire, tant pis ...