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Re3:Re:C'est déjà plus clair.


Re: Re:C'est déjà plus clair. -- Ody
Postée par Gaël , Apr 20,2000,10:56 Index  Forum

Salut,

Il y a effectivement beaucoup de remarques tendancieuses sur ce forum.
Certaines sont justifiées par l’attitude exaspérante des personnes qui en sont la cible (par exemple, les remarques à l’encontre de Gatti), attitude qui rend impossible toute discussion sérieuse : il ne reste plus que l’ironie et donc les remarques tendancieuses.
D’autre remarques sont injustifiées, comme celles dont vous avez été la cible, mais dans le contexte actuel elles étaient compréhensibles : la situation ici fait que tout le monde a pensé que vous veniez défendre les théories de Gatti, et donc que nous avions affaire au même genre de personnage. Et il y a un effet ras-le-bol (surtout ces dernières semaines, à cause de Gatti) du fait que la plupart des anti-sceptiques qui viennent s’exprimer ici ont un discours d’une affligeante médiocrité, donc forcément beaucoup d’entre nous abordent avec certains à-priori douteux tout message qui attaque de façon trop virulente (et généralement avec des arguments entendus et réfutés mille fois) la démarche sceptique.


Vous parlez de la Sémantique Générale. C’est étrange, la manière dont vous en parlez me fait moins penser la la sémantique d’un Ferdinand de Saussure ou d’un Umberto Eco que de la philosophie présentée par Van Vogt dans ses excellents romans de SF sur le monde du non-A. Mais si je me souviens bien, Van Vogt s’était inspiré d’une philosophie qui existait déjà. Pouvez-vous me renseigner là-dessus et me dire quelle est l’origine de votre discipline, et si elle a un lien avec la sémantique des linguistes et des sémiologues ?

Vous dites : “Et justement, l’une des premières choses que l’on doit avoir à l’esprit, quand l’on pratique la discipline de la Sémantique Générale, c’est d’être en tout temps conscient que la réalité n’est pas unique. Attention, je ne fais pas références à des Univers parallèles ou des notions similaires. Je pointe simplement du doigt les univers perceptuels variés, propres à chaque individu.”

Dois-je comprendre que c’est une forme “douce” de subjectivisme, un peu comme la phénoménologie ? La suite m’inquiète et je me demande jusqu’à quel point vous poussez le subjectivisme, quand vous dites :

“Lisez Michel Foucault sur la folie et vous arriverez probablement à la même conclusion que moi, à savoir que la réalité est protéiforme et variable chez chaque individu, et que l’on dit que la réalité est unique pour la seule raison qu’il est commode de le penser. Car ce qui nous différencie des “fous” ou des “dérangés”, c’est uniquement le degré de différence entre l’acuité de notre perception de la réalité et la leur.”

Il se trouve que j’ai lu l’histoire de la folie de Foucault - je trouve d’ailleurs que c’est loin d’être son meilleur livre. Vous n’ignorez sans doute pas qu’il a fait l’objet de critiques et qu’il est encore très controversé, on lui reproche notamment une certaine forme de sélection de l’information dans le but de rendre sa thèse plus crédible.

La “folie” n’est pas qu’une construction culturelle, même si cet aspect existe et reste sans doute primordial. Il y a aussi une réalité objective, biologique (génétique parfois) de certaines types de maladies mentales. Jean-François, le neurobiologiste de ce forum, vous en parlera mieux que moi si nécessaire.

Vous prenez l’exemple du psychotique qui voit des éléphants roses, et vous dites “Oui, le psychotique est atteint d’une maladie qui déforme sa perception extérieure et qui lui fait voir des choses qui n’existent pas matériellement. Mais n’empêche qu’on dit qu’il ne voit pas la réalité parce que sa vision de la réalité ne fait pas consensus.”

Non, ce n’est pas qu’une question de consensus : c’est surtout parce que ce qu’il voit n’existe pas matériellement, et cela est mesurable par des méthodes scientifiques. De même que l’on peut éventuellement découvrir et mesurer, de façon objective, quelle est la cause de sa folie : par exemple, dans le cas des éléphants roses, en faisant un test d’alcoolémie.
Que sa conception de la réalité soit différente de la notre n’est pas la question : n’importe qui peut appeler “réalité” n’importe quoi, notre vision du monde ne change rien au monde.

Vous parlez ensuite des émotions, sentiments, etc. Là aussi je pense que tout le monde ici sera d’accord pour dire que nous sommes dans un domaine où l’approche scientifique peut apporter des informations, mais qui restent très réductrices et sans grand rapport avec le vécu et la subjectivité de chacun. Je ne vois pas vraiment en quoi ça a un lien avec l’attitude sceptique et ce forum, où nous discutons bien rarement de ce genre de choses.

Bien évidemment, même le plus sceptique des sceptiques est un homme, et en tant que tel il reste souvent irrationnel dans ses émotions et dans sa manière de les exprimer. Cela n’a rien à voir avec l’attitude sceptique. Vous attaquez à côté de la cible.

Vous condamnez aussi ici l’attitude “qui consiste à rire des gens et à condamner leurs comportement parce que des sceptiques n’agiraient pas ainsi, avec en arrière-pensée un sentiment de supériorité.”

Vous vous trompez. Nous ne rions que des gens qui sont risibles et qui nous l’on prouvé : c’est le cas de Gatti. A part ça, je ne crois pas qu’il y ait des sceptiques ici qui rejettent globalement toute forme de croyance et qui trouvent ridicules tous les croyants. Il y en a qui luttent car beaucoup sont québecquois et il est inadmissible de vivre dans un pays ou la religion et l’état ne sont pas séparés : c’est bien compréhensible. Il y en a d’autres qui luttent contre certaines sectes et croyances dangereuses, comme celles qui mettent en danger la santé à cause de la foi en diverses pseudo-médecines.
A côté de ça, il y a des tonnes de formes de foi tout à fait honorables et qui ne concernent que la vie privée de chacun, et contre lesquelles la plupart des intervenants de ce forum n’ont rien à dire.


Ody : “la mÉthode scientifique n’est pas garante de la Vérité ni n’établit de manière satisfaisante ce qu’est la Réalité: elle ne fait que mesurer ce qu’elle peut mesurer et réduit à des chiffres et des équations, exacts au demeurant, des phénomènes qui ne sont pas toute la réalité. À partir du moment où la Science ne peut pas tout expliquer, à cause des limites inhérentes à sa méthode (ce qui lui donne toute sa force d’ailleurs), on ne doit pas la considérer comme la seule manière d’appréhender et de comprendre la réalité et elle ne doit pas être la seule référence en ce domaine.”

Non, mais on a le droit de contester toute autre approche de la “réalité” si elle prétend être valable sans avoir les moyens de le prouver, et souvent sans même avoir le moindre indice en sa faveur, comme c’est le cas de la foi.
Je le répète, pour prendre le contrepied de votre dernière phrase : à partir du moment où la science ne peut pas tout expliquer, à cause des limites inhérente à sa méthode, cela ne donne pas le droit de considérer qu’il doive forcément exister d’autres méthodes d’appréhender et de comprendre la réalité.
Il en existe peut-être, ou peut-être pas. Mais s’il en existe, pour l’instant, aucune n’a été trouvée, et celles qui on ces prétentions n’arrivent pas à les justifier.

Gaël.