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Authenticité du livre d'Isaïe


Posté par Emmanuel , Oct 15,2002,07:49 Index  Forum

Je suis de retour après de longs mois d'absence pour vous faire réfléchir sur l'authenticité du livre d'Isaïe. Bonne lecture.

L’authenticité du livre d’Isaïe a été remise en question à partir du 12ème siècle par un commentateur juif appelé Abraham Ibn Ezra. Pourquoi cette remise en question ? Tout simplement parce qu’il n’admettait pas la réalité des prophéties contenues dans ce livre.

Isaïe vécut au 8ème siècle avant notre ère et le livre qui porte son nom relate des prophéties au sujet d’évènements qui se sont accomplis deux siècles plus tard. Notamment la captivité du peuple juif à Babylone, la prise de Babylone par Cyrus et la chute de Tyr. Pour cette raison, des biblistes avancent que les chapitres 40 à 66 ainsi que les chapitres 15, 16 et 23 à 27 ont été rédigés par un où plusieurs autres auteurs (appelés Deutéro-Isaïe, Trito-Isaïe, etc.). Pourtant, les arguments en faveur d’un seul rédacteur abondent.

Voici les arguments allant dans ce sens :

1) La continuité du vocabulaire et des images employés :

L’appellation « Saint d’Israël » se trouve 12 fois en Isaïe chapitres 1 à 39 et 13 fois en Isaïe chapitres 40 à 66, alors qu’elle n’apparaît que 6 fois dans le reste de l’AT (Ancien Testament).

« Sion » est employé 29 fois dans les chapitres 1 à 39 et 18 fois dans les chapitres 40 à 66, alors que ce terme est largement moins employé dans les autres livres de l’AT.

Des images comme « grande route », « chemin » et d’une femme qui a les douleurs de l’accouchement sont employées dans les deux parties du livre. Pour la femme voir Isaïe 13:8 ; 21:3 ; 26:17,18 ; 42:14 ; 45:10 ; 54:1 ; 66:7. Pour « chemin » ou « grande route » voir Isaïe 11:16 ; 19:23 ; 35:8 ; 40:3 ; 43:19 ; 49:11 ; 57:14 ; 62:10.

The International Standard Bible Encyclopedia signale que ces faits « attestent que le livre a une individualité qu’il est difficile d’expliquer » s’il fut écrit par plusieurs auteurs.

2) Les témoignages du Nouveau Testament :

Matthieu explique que le ministère de Jean le baptiseur accomplit les paroles prophétiques d’Isaïe 40:3 qu’il attribue à « Isaïe le prophète » et pas à un Deutéro-Isaïe (Matthieu 3:1-3).

D’après Luc, Jésus lut à haute voie dans une synagogue Isaïe 61 :1,2 dans « le rouleau du prophète Isaïe » (Luc 4:17).

Dans sa lettre aux Romains, Paul parle de deux parties du livre d’Isaïe mais les attribuent au même rédacteur (Romains 10:16,20 ; 15:12).

3) Le rouleau d’Isaïe trouvé près de la mer morte :

Dans ce rouleau daté du 2ème siècle avant notre ère, la première phrase de l’actuel chapitre 40 commence à la dernière ligne d’une colonne et se termine à la colonne suivante. Manifestement, pour le copiste le livre ne comportait pas de division à cet endroit et il s’agissait du même auteur.

4) Le témoignage de Flavius Josèphe :

Cet historien juif du premier siècle affirme non seulement que les prophéties furent bien écrites au 8ème siècle avant notre ère, mais encore que Cyrus les connaissait. Il écrivit : « Cyrus connut ces prédictions, en lisant le livre des prophéties qu’avait laissé Isaïe deux cent dix ans auparavant ». Ainsi, Cyrus « fut pris du désir et de l’ambition d’accomplir ce qui était écrit ». – Antiquités Judaïques, livre XI, chapitre 1, paragraphe 2.

5) L’analyse diachronique :

D’après une étude publiée dans le Westminster Theological Journal, « les données de l’analyse diachronique penchent incontestablement en faveur d’une date préexilienne pour Isaïe 40-66 ». L’auteur conclue cette étude ainsi : « Si les critiques continuent d’affirmer qu’Isaïe doit être daté de la période exilienne ou postexilienne, ils doivent le faire au mépris des données contraires de l’analyse diachronique.»

D’un côté il y a plusieurs arguments en faveur d’un seul auteur, de l’autre il n’y en a que le fait de ne pas croire les prophéties possibles.



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