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Forum Sceptiques vs les Envahisseurs


Posté par Mario , Oct 30,2002,22:59 Index  Forum

Jour,
Le forum sceptiques fut «envahi» jadis par les cérationnistes. Le voici maintenant rempli d'ufologistes. Sont-ce là événements accessoires et hasardeux, ou éléments inévitables de notre inaltérable humanité, ainsi que produit acceptatif tacite d'un forum qui se veut public et non privé?
Restons objectifs. Il est un fait décevant pour l'individu, polysémantique pour la société, mais indéniable: tout écrit propulsé au domaine public ne s'appartient plus et se voit induit des vécus et interprétations de tout un chacun (Bakhtine). Cette polyphonie seule, tension entre l'un et l'autre, aboutit à un produit qui, s'il ralentit le plus haut et frustre le plus bas, constitue la moyenne statistique - mais non statique - d'un groupe donné en pleine évolution sociétale.
De même, un forum. Se voulant public et non privé, il est visité par le public et alimenté par ce dernier.
Ceci bien induit, notre choix est soit:
a) de chasser l'inconvenant
- dès lors le forum n'est plus public mais privé; on y accède par mot de passe et il reste secret
b) de s'accommoder du fait que les humains soient aussi diversifiés que la vie elle-même
- dès lors nous les acceptons même s'ils nous exaspèrent.
La différence est-elle forcément anti-futuristique? Pas forcément. Elle peut être le miroir de nos propres croyances renées à notre propre insu sous le couvert de l'objectivité. Car ne nous le cachons pas, nous sommes humains, tout sceptiques soyons-nous, et de cette humanité naît pièges et espoirs innombrables qui brouillent le vecteur de l'objectivité. À ce chapitre, Thomas Kuhn sur la question des révolutions scientifiques reste une référence.Et si la psychologie clinique se rapproche de plus en plus des sciences en développant ses méthodo0logies opbjectives, restons scients, pour notre part, de ce qu'il peut sous-gîr une archétypalité spiralantielle qui contamine subtilement la conscience en la teintant de ses espoirs subjectifs sous le couvert d'objectivités factices.
Je fus croyant et ufo-fan. Eeeeeh qui l'eût cru! Tous ont leur jeunesse.
La science m'Échappa longtemps. Pourri en mathématiques je ne pouvais y aspirer. Enfin, pour un temps qui me parut interminable. D'un tempérament aténamastiquement émerveillé, les contes de fée me séduisaient. Un rêveur je fus, phoriste invétéré, antanamaclsiste brachylogiste quasi-suprématiste ou élitiste. Utopiste, espérant plus du fantastique que de la plate et putréfatrice réalité, la mort et la souffrance parurent moins insupportables si au bout du chemin se tenait une Fée bleue prête à tout réparer, ou un Diable hors-de-contrôle qui eût été l'explication de tant de douleurs.
Mais il fallut bien l'admettre un jour: il y a l'individu, des regroupements d'individus et le monde. La plate réalité, quoi, le soupir de la platitude, l'admission de l'insignifiance, fond gris où, les peintres nous l'ont appris, peuvent fleurir toutes les couleurs pourvu que l'on ait bien appris à les manier et à les marier. Pour que soit réchauffé un monde froid, il faut tout de même bien que j'y aie un pouvoir quelqonque de transformation.
Or, ce pouvoir de transformation de l'environnement s"appelle science.
Croyant, je me vis bien embarrassé.
Pourtant je dû me rendre: transformer le monde en conte de fée n'est pas de rêvailler aux contes de fée, mais bien d'apprendre comment agir soi-même sur le monde. De la rêverie je passais à l'action.
Pour guérir les maladies, prier n'a pas changé grand chose dans notre Histoire: il fallut connaître virus et bactéries; découvrir les règles de base de l'hygiène. En s'entassant dans l'église pour prier, les pestiférés ne faisaient que contaminer la population; il fallait donc être non des légumes à l'écoute de leur lumière, mais des êtres sensés capables d'action et de réflexion. La douleur personnelle s'en mêla pour jeter aux poubelles d'hypothétiques dieux révoltants tolérant la torture. Avant de me rendre aux science, mon jeune ego se disait que si un dieu existait, notre devoir serait de le combattre, étant donné l'état pitoyable dans lequel nous surnageons, terrorisés, seuls, et le monde, de rêve morphinique, me devint cauchemar traumatique.
Nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements de la science et nos acquis sont fragiles. Ne nous laissons pas déstabiliser par les plus «jeunes», mais à l'inverse ne les traumatisons pas de notre adulterie infatuée; soyons éducatifs.
Qui ne voudrait en finir avec ses souffrances sans perdre la vie?
Qui ne voudrait être éternel et assister au futur inénarrable?
Tant l'ésotérisme que la science sont pour nos fragiles - oui, fragiles!!! - intérieurs d'enfants apeurés, des moyens de sortir du «mal», sortir du cauchemar, en finir avec le froid, la douleur, l'isolement et la finitude, un moyen d'«avoir prise» sur le monde.
Si d'aujourd'hui l'ésotérisme, Dieu, les ovnis et le Père Noël ne sont plus que mes naïvetés d'enfant, par contre, la science ne me semble qu'à ses premiers essais parfois trop convaincus pour être crédibles. Aucune bataille n'est gagnée d'avance quelle que soit l'approche. Si nous fûmes prétentieux en 1890 de croire qu'en cent ans la science aurait vaincu maladie, guerre et mort, à l'inverse, nous fûmes bien naïfs de croire que quelque dantesque Force supra-humaine nous sortirait de nos catacombes infernales par la seule force de nos prières, virtuelle volonté écrasée et sublimée.
La vérité objective est que nous n'avons pour l'instant rien accompli, et que si nous avons progressé dans nos méthodes, ces méthodes restent inapplicables sur le plan sociétal (cf la mauvaise utilisation faite par le public des antibiotiques, qui conduit à la résistance bactérienne) autant que sur le plan ésotérique (le Grand Roy d'Effrayeur n'est point apparu en 1999 et le Grand Monarque non plus, ni l'antéchrist ni le retour Flamboyant du Christ)... - que sur le plan politique (les scandales y sont plus fréquents que les crédits alloués à la recherche ou au combat contre l'analphabétisme et la pauvreté) - que sur le plan psychologique (le perfectionnement des investigations psychiques et des démonstrations cliniques ne parviennent pas à contenir l'augmentation épidémique des dépressions et des suicides).
L'être humain, mes amis, est DÉSESPÉRÉ. Il a MAL! Il PLEURE! Il RIT! Il ESPÈRE et déespère, il crie, il CHERCHE. Par nature, nous sommes des chercheurs, parce que dans la nature, nous sommes des souffrants.
Il lui manque un conte de fée qui FONCTIONNE et ne tienne point de la naïveté ni de la débutance où nous sommes.
Bref, nous ne pouvons pas espérer pour nous-mêmes. De toute évidence, nous souffrirons, nous mourrons, rien à faire. Entretemps nous aurons moults déceptions, découragements et espoirs, maladies et deuils, beaucoup d'entre nous se suicideront avant que d'autres n'atteignent leur décrépitude désolante et leur fin humiliante et qui nous fait nous sentir si impuissants. Tels nous sommes et serons-nous.
Alors si nous ne pouvons plus espérer pour nous-mêmes... pouvons-nous par effet de projection ou d'altruisme, ou quelqu'autre mécanisme inconscent, tout au moins espérer pour notre descendance?
Tiens? Un thème probabiliste. S'il ne peut être reconnu comme un fait que nous aurons une descendance, tout au moins, reconnaissons que les probabilités que nous en ayons une sont relativement élevées :o)
Pourrait-elle profiter de nos espoirs?
Si elle le peut... si l'on peut encore espérer qu'un jour les médications se créent en plus grand nombre que les maladies, si l'on peut espérer qu'un jour nos descendants, plutôt que de lever vers le ciel un poing souffrant ou des mains jointes impuissantes, aient à leur portée des solutions applicables et efficaces... qu'elles puissent opposer à la politique stérile un solutionnisme incontournable d'évidence...
...si l'on peut encore croire en ce conte de fées, ne devons-nous point faire preuve de méthode, d'objectivité, de scientifisme et cela sans pour autant faire taire notre coeur humain si complexe et si démuni?
Ne devons-nous pas au futur d'être objectifs, sceptiques et méthodiques tout en sachant ne pas nier à nos enfants que le Père Noël les visitera le 24 décembre prochain?
Bref, le rêve n'est-il pas indissociable de la méthode, tout comme le parent est difficilement dissociable de l'enfant sur le plan biologique, tout comme un humain est difficilement dissociable d'un autre?
Durant que nous travaillons à mieux comprendre notre environnement et à mieux agir sur celui-ci en minimisant au maximum les effets nÉgatifs de cet agir, ne devons-nous-pas accueillir dans bras nos petits enfants qui croient au Père Noël et aux soucoupes volantes afin de leur procurer un bon Noël et de leur donner l'élan du goût de vivre, leur concédant que si la science est le bras par lequel nous agissons sur la vie, le rêve par contre est ce pendant nécessaire bien qu'agaçant par lequel seul cet agir puisse être actionné?
Si nos actions sont méthodologiques et objectives, c'est qu'elles sont issues de l'expérience et du fait qu'un jour nous fûmes crédules et que nos grands yeux émerveillés regardaient la vie en y croyant...
Ne plus croire en rien, et voilà que nous cessons d'exister; nos motivations, nos rêves, nos espoirs... et nous n'agissons plus sur le monde.
Pour être un vrai scientifique, pour agir sur un monde mieux compris, il faut croire en l'avenir, il faut croire qu'un jour nous parviendrons à ce que nos enfants souffrirons moins que nous, à ce que nos petits-enfants seront capables de créer des mondes et non plus d'en dépendre.
En cela, peut-être, réconcilions-nous le scientifique et l'ésotériste, en cela peut-être, acceptons-nous un peu de sang froid sans trop céder de notre chaleur mammale qui fait de l'humain un être aussi fascinant: ce mélange de cerveaux de mammifères (affectivité) et de reptiles (survie), joints au cortex de l'intellectualité, c'est un trésor qui sauf données inconnues reste unique au monde et doit être choyé.
En cela, j'espère que la tension qui règne entre le croyant extrême qui ne se fie qu'aux légendes urbaines, et le scientifique extrême devenu froid calculateur, trouveront leur résolution dans un descendant capable de science et d'objectivité tout en ayant conservé son émerveillement et ses espoirs comme la signature de son éternelle humanité.
Quelles que soient nos convictions ou nos scepticismes, nous sommes, que nous le voulions ou non, ensemble, oui ENSEMBLE sur un véritable bolide vivant qui se précipite vertigineusement dans l'espace vers la catastrophe si son seul espoir: NOUS, ne trouvons pas la clé de la survie... grâce à nos objectives méthodologies scientifiques... et nos rêves secrets les plus fous.
Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes, pour l'instant, la seule Vie intelligente... enfin, bon ... intellective mettons, de l'univers connu. Le salut ne semble pas vouloir venir d'ailleurs, il nous faudra le forger nous-mêmes et planter notre propre drapeau au sommet de la montagne de l'accomplissement, du Mont de la Vie.
Bonheur à vous,
Mario

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