Je ne connais pas les histoires dont tu parles. Elles ressemblent cependant beaucoup à des histoires qui se sont produites ici. Il ne fait pas de doute que le clergé et parfois même l'Église dans son ensemble à beaucoup de choses à se reprocher.
Le problème est que dans l'affaire des "orphelins de Duplessis" on demande aux religieuses, d'une part, et à l'Église Canadienne, d'autre part, de s'excuser. La question est s'excuser pour quoi?
Je te fais un résumé maison de cette affaire.
Premier temps : La fondation
Les registres et les "relations" de communautés religieuses de Montréal nous apprennent que, sous le régime anglais, on trouvait souvent des bébés morts de froids l'hiver. Si mes souvenirs sont bons, il y en avait presque une centaine par année. Il s'agissait de bébés abandonnés probablement par des filles -mères. Les religieuses hospitalières se sont retrouvées un peu obligées de remplir une fonction sociale dont personne ne voulait : s'occuper de ces enfants. Elles ont fondé des orphelinats comme cela se faisait en Europe.
Au début, les pertes étaient énormes ( 60% de décès dans la première année). Les bébés arrivaient malades ou les pieds et les mains gelés. Il fallait les amputer. À mesure que la société s'organisait, les pratiques des religieuses évoluaient. Lorsque l'accouchement à l'hôpital est devenu la norme, les religieuses récoltaient les bébés à la source.
Deuxième Temps : Le régime Duplessis.
Au milieu du présent siècle s'installe au Québec le régime de Maurice Duplessis. La mode est au puritanisme et Duplessis incarne bien cette époque. Duplessis décide que l'état n'a plus à financer les orphelinats qui hébergent des enfants de fille mère. L'idée est que l'état ne doit pas subventionner le "péché". L'opinion publique est du côté de l'état dans cette affaire. La sexualité est vraiment le plus laid des péchés et ces enfants sont le fruit du mal.
Les religieuses protestent mais, Duplessis est plus catholique que les religieuses et plus catholique même que les évêques.
Les religieuses de cette époque représentent cependant l'élite des femmes d'actions de notre petite société québécoise. Ce ne sont pas des imbéciles. Elles ont appris à toujours obéir en surface toutes en poursuivant leurs objectifs par en dessous. Pas bêtes les religieuses observent que l'état ne donne pas d'argent pour les orphelins mais qu'il en donne toujours pour les enfants présentant des maladies mentales ou de retard intellectuel. Or, les religieuses sont les grandes patronnes des hôpitaux de Montréal. Elles ont les médecins à leurs bottes. Aussi ne tardent-elles pas à obtenir pour chaque orphelin, le diagnostic dont elles ont besoin pour faire cracher l'état. Pour ne pas que le subterfuge soit percé, elles déménagent même une partie des orphelins dans des hôpitaux psychiatriques.
Des enfants qui ne développent pas d'attachement (Bowlby) pour des figures parentales deviennent rapidement des enfants difficiles. Imagine une bande d'enfants difficiles au milieu d'un hôpital psychiatrique des années 50, des enfants aux seuls soins de quelques religieuses et de quelques infirmiers.
Ces enfants n'ont pas reçu l'amour et les soins dont ils avaient besoin. La plupart ont vécu une enfance "disciplinaire" dans le mauvais sens du terme. Certains ont été maltraités, d'autres carrément abusés par ceux qui les gardaient. Il est même possible que certains enfants soient morts de mauvais traitements.
C'est la faute de qui?
Pour certains, les religieuses sont les grandes coupables dans cette affaire. Elles avaient la "responsabilité" des enfants, donc tout le mal qu'ils ont pu subir doit leur retomber sur la tête.
Dans mon livre à moi, les religieuses sont les héroïnes d'une histoire terrible.
Quant à l'Église canadienne, elle n'a, à ma connaissance, rien à voir dans cette affaire. Les religieuses n'ont rien à voir avec l'Église séculière. le seul lien que je connaisse est que les religieuse on un crusifix autour du coup. C'est mince comme lien de responsabilité.