Tu dis que «la religion notamment comble des besoins humains fondamentaux, en permettant entre autre aux individus de suivre un chemin évolutif et 'libératoire'. Je précise que la religion n'a pas le monopole selon moi en ces matières. Et j'ajoute que je me réfère à une démarche spirituelle religieuse individuelle.»
Trois remarques :
1- La religion comble sans doute des besoins, mais certainement pas des besoins “fondamentaux” dans le sens où il serait nécessaire à notre équilibre psychologique d’adhérer à une religion ou une forme de spiritualité. D’autre part tu es assez flou : il faudrait que tu définisses quels sont ces besoins, car je doute que la religion soit la seule chose qui puisse les combler.
2- Je me demande ce que tu appelles “un chemin évolutif”.
- Soit tu veux juste dire que la religion permet à l’individu de changer : ce qui serait une évidence, un lieu commun.
- Soit tu veux dire que cela lui permet de changer “en mieux” : ce qui serait une affirmation péremptoire et gratuite (qui nécessite d’être argumentée), doublée d’un jugement moral (qu’il faudrait expliquer).
3- Tu ajoutes qu’il s’agit d’un chemin “libératoire”. Encore une fois, il s’agit d’une affirmation gratuite que rien ne vient étayer, et qui ressemble avant tout à un acte de foi. Il me semble pourtant que la religion a prouvé, au cours de son histoire, qu’elle était bien plus souvent une prison intellectuelle qu’un chemin vers une quelconque libération.
J’aimerais savoir dans quel sens tu entends “libératoire”, sur quels faits tu appuie ce jugement, et comment tu arrives à penser que la religion serait plus souvent “libératoire” que l’inverse.
Ton second postulat est «que la religion doit, pour être saine, être quelque chose d'individuel, un parcours solitaire et non un phénomène de groupe et vécue en groupe et assortie de dogmes intransigeants et souvent intolérants.»
Là encore, sur quoi te bases tu ? Tout comme le précédent, ce postulat n’a rien d’un postulat (dans le sens habituel d’une assertion indémontrable). Il s’agit tout au plus d’une opinion, et encore une fois doublée d’un jugement moral (“pour être saine”).
Ici, qu’appelles-tu “saine” en en quoi une religion individuelle devrait être plus “saine” qu’une religion vécue en groupe ? Et en quoi devrait-elle être moins dogmatique et moins intolérante ?
Je vais prendre un exemple qui me semble en contradiction avec ce que tu affirmes : le New-age et l’ésotérisme sont des supermarchés où chacun pioche les superstitions qu’il veut pour fabriquer sa propre religion. Ceux qui se retrouvent dans ces courants font donc de la spiritualité “quelque chose d'individuel, un parcours solitaire et non un phénomène de groupe et vécue en groupe et assortie de dogmes intransigeants et souvent intolérants.”
Et pourtant cette spiritualité n’a rien de plus “sain” que les autres. On y trouve autant, et parfois plus d’intolérance et de dogmatisme, derrière une jolie façade accueillante (lire par exemple, de Michel Lacroix : “L’idéologie du new-age” et aussi “la spiritualité totalitaire”, ou encore, de Besnier et Marhic “Le new âge - son histoire, ses pratiques, ses arnaques”).
Je dirais même, au vu des mes nombreuses expériences personnelles de discussion avec des “newageux”, que ceux-ci, bien qu’ils se présentent généralement comme plus ouverts que les autres religions (car il ont une vision du monde globalisante, holistique et très relativiste) et plus sceptiques que les “sceptiques” (car ils sont bien plus sceptiques que nous face à la science), ils sont en réalité la plupart du temps bien plus dogmatiques, bornés et irrationnels que les adeptes des grandes religions, et leurs superstitions sont souvent plus dangereuses (notamment les croyances pseudo-médicales auxquelles beaucoup d’entre eux adhèrent).
Gaël.
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