7 nov 2002
Jean-Pierre Petit
Directeur de Recherche au CNRS
Astrophysicien
Laboratoire d'Astrophysique de Marseille
Le 8 novembre 2002
au Président de la République Française
Palais de l'Elysée, Paris
Recommandé avec AR
Monsieur le Président,
En 1999 une association COMETA (Comité dEtudes Techniques Avancées), présidée par le général Denis Letty a publié par les soins du groupe GS-Presse Communication une plaquette de 90 pages intitulée :
Les OVNI et la Défense, à quoi devons-nous nous préparer ?
Elle a été diffusée dans le Grand Public à 70.000 exemplaires. Il était indiqué dans celle-ci (4° de couverture) qu'elle avait été remise au Président de la République et au Premier Ministre de la France. Cette plaquette visait à sensibiliser l'opinion sur le dossier OVNI et à provoquer un intérêt dans les hautes sphères politiques françaises. Il ne semble pas que cette opération ait été suivie d'effet.
On notera dans cette plaquette la présence de militaires de haut rang (ne serait-ce que le président de l'association, le général Letty. Le général Norlain, ancien directeur de l'IHEDN a également préfacé celle-ci, de même que l'ingénieur général Lebeau, ancien haut responsable au Cnes. Tout au long de la plaquette l'accent est porté sur deux points :
- La nécessité de prendre en charge l'hypothèse d'incursions d'extraterrestres sur le sol de notre planète
- Le fait que les Américains aient, en prenant très tôt (1947) cette question au sérieux obtenus des progrès technico-scientifiques décisifs en matière d'armements de pointe (avions hypersoniques, par exemple).
Voici des extraits du rapport COMETA qui trahissent cette préoccupation, qui est également, de longue date, celle de l'IHEDN. Nous citons (les passages les plus importants on été portés en couleur rouge) :
7.3. Les responsables américains et la politique du secret
7.3.1 L'armée américaine et les OVNI
L'armée américaine a été confrontée directement au phénomène depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle semble avoir été la seule armée à l'avoir abordé officiellement avec des moyens non négligeables.
7.3.2 Les retombées de l'étude des OVNI
L'armée américaine a, en effet, conçu des aéronefs présentant les caractéristiques décrites par les témoins les plus dignes de foi. Les retombées sont potentiellement considérables, dans les domaines de la propulsion, des matériaux et des structures, de la furtivité, des armements.
7.3.3 Finalement, pourquoi le secret ?
Nous ignorons actuellement l'ampleur des connaissances que les militaires américains ont tirées de l'ensemble des études qu'ils ont mené sur le sujet, soit à partir d'observations, soit, comme cela a été parfois écrit, à partir de matériels qui auraient pu être récupérés.
Quoi qu'il en soit, il est clair que le Pentagone a eu, et a probablement toujours, le plus grand intérêt à cacher, du mieux possible, toutes ces recherches, qui peuvent, à terme, amener les Etats-Unis à tenir une position de large suprématie vis-à-vis d'adversaires terrestres, tout en les dotant d'une capacité de riposte non négligeable contre une éventuelle menace venant de l'espace.
Dans ce cadre, il leur est impossible de divulguer les sources de ces recherches et les buts poursuivis, car cela pourrait orienter immédiatement les concurrents éventuels vers les pistes les plus intéressantes. Le camouflage et la désinformation (tant active que passive) resteraient toujours, dans cette hypothèse, une nécessité absolue.
Ainsi, il paraîtrait naturel que, dans l'esprit des chefs militaires américains, le secret doive être gardé le plus longtemps possible.
Seule une pression croissante de l'opinion publique, éventuellement soutenue par des résultats de chercheurs indépendants, des divulgations plus ou moins calculées ou encore un accroissement brutal des manifestations d'OVNI, pourraient, peut-être, amener les dirigeants et les responsables américains à modifier leur attitude.
Il ne semble pas que l'on en soit déjà là.
et, dans une autre partie de la plaquette :
12.2 Entreprendre une veille et susciter des travaux amont
Des études présentées au chapitre 8, on peut conclure que s'impose une veille technologique, au moins passive et de préférence active, dans les domaines de la propulsion de pointe, comme par exemple la magnétohydrodynamique. Il est vraiment essentiel de savoir ce que font les autres nations à ce sujet.
.....
Elles démontrent la réalité physique quasi certaine d'objets volants totalement inconnus, aux performances de vol et au silence remarquables, apparemment mus par des intelligences.
.....
: Une seule hypothèse rend suffisamment compte des faits et ne fait appel, pour l'essentiel, qu'à la science d'aujourd'hui ; c'est celle de visiteurs extraterrestres
Fin de citation.
Si ce texte a l'avantage de "sonner le tocsin", le rapport COMETA reste hélas très inhomogène. Certains contenus semblent indiquer une certaine faiblesse des rédacteurs dans les domaines scientifiques abordés (comme la propulsion de aéronefs et la MHD). Le contenu trahit de toute façon l'incroyable ignorance des hautes sphères militaires françaises et des services secrets sur l'état réel de la situation aux Etats-Unis. Le modicité des propositions faites en fin de rapport (développer le SEPRA et constituer des "veilles technologiques") témoigne du manque de compétence des membres de l'association et, derrière eux, "du brain trust de l'ovni en France", en place depuis vingt cinq ans et totalement sclérosé.
J'ai proposé au général Letty mon aide en tant que conseiller scientifique, dès la sortie de cette plaquette mais il n'a hélas pas donné suite à ma proposition (que j'ai réitéré dans un courrier de novembre 2002)
Il se trouve, et j'en rendrai compte dans un ouvrage à paraître chez Albin Michel le 2 janvier prochain, intitulé "OVNIS et armes secrètes américaines", que le hasard a pu me mettre en contact avec des spécialistes américains de la propulsion avancée et "des projets spéciaux de la NASA" lors d'un colloque sur la propulsion avancée qui s'est tenu en Angleterre en 2001. Bien que cet ouvrage soit conçu pour le Grand Public ses annexes technico-scientifiques seront sans doute lues avec la plus grande attention par l'IHEDN, l'Armée de l'air et par les avionneurs français. En quelques mots :
- Grâce à mes travaux, initiés dès 1975 et ayant fait l'objet de publications et de premiers travaux expérimentaux nous avions une position très forte et relativement en avance dans le domaine de la propulsion MHD à cette époque, tant sur le plan technique qu'expérimental (j'ai été impliqué dans ce type de recherche depuis 1965 et je suis initialement issu de l'Ecole Nationale Supérieure de l'Aéronautique et de l'Espace, l'ENSA).
- Ni le CNRS, ni la DRET (devenue DGA), ni le Cnes n'ont pendant douze ans prêté une attention suffisante à ces recherches, menées dans un contexte défiant l'imagination (la découverte de la technioque d'annihilation de l'instabilité de Vélikhov, un travail brillant, présenté au colloque international de MHD de Moscou, où j'ai du me rendre à mes frais, a été faite... dans une chambre de bonne d'Aix en Provence). En dépit de la soutenance d'une thèse de doctorat sur le sujet (Thèse de Bertrand Lebrun) il s'est avéré impossible de développer la moindre recherche en matière de propulsion MHD en France et j'ai du abandonner en 1987 en m'orientant vers l'astrophysique théorique tandis que mon unique thésard, ne parvenant pas à intégrer un laboratoire de recherche, alla de son côté fonder sa propre entreprise d'informatique. Vérifiez-le : la MHD militaire française est simplement ... non-existante depuis vingt cinq ans.
On a donc à cette époque "laissé pourrir le blé sur pied".
- La MHD est en train "d'exploser" actuellement, ce qui se dégage des nouvelles qui nous parviennent progressivement des Etats-Unis. Le public français (et peu de temps avant lui les militaires) découvrent l'existence d'armes électromagnétiques, fondées sur des générateur électriques MHD dits "à compression de flux" conçus par les soviétiques dès ... 1952 (que j'ai décrit page 303 dans un ouvrage "Les Enfants du Diable", par aux Editions Albin Michel il y a sept ans, en 1995).
- Dans un article récemment paru dans la Pravda les Russes évoquent le fait que les Américains auraient mis sur pied une "force spatiale", dans le cadre de leur programme "guerre des étoiles", prolongement de l'Air Force et constitués d'avions hypersonique capables de décoller par leurs propres moyens, d'être satellisés puis d'effectuer leur rentrée à l'aide d'un "bouclier MHD", qui n'a rien à voir avec un bouclier thermique classique (que je décris dans mon livre). Tout cela m'a été confirmé par les spécialistes américains en Angleterre en 2001. Ces appareils sont à la fois des plate-formes de tir pour armes à énergie dirigée et des "satellites en orbite ultra-basse, pilotables en s'appuyant sur les hautes couches de l'atmosphère". Un des ces appareils porte un nom : Aurora, et vole depuis 1990. Plus récemment les Américains ont mis en ligne des bombardiers hypersoniques volant à 60 kilomètres d'altitude et à 10.000 km/h, furtifs et volant sans créer d'ondes de choc (thèse de lebrun 1986), doté d'un très grand rayon d'action.
- Lors de ce colloque en Angleterre j'ai pu rencontrer le concepteur d'une torpille MHD qui atteignait 2000 km/ en .. 1980. Ce type d'engin est de nature à bouleverser totalement la donne de la stratégie nucléaire mondiale, mettant les plate-forme de tir nucléaire à quelques secondes de sous-marins de chasse MHD, ultra-rapides équipés de tels engins. Je me souviens au passage de démarches totalement infructueuses que j'avais pu effectuer envers la Marine Nationale française (centre de Toulon) dans les années quatre vingt. Récemment questionnés (manifestation "Euronaval", octobre 2002) des spécialistes français des torpilles ont simplement répondu "que des engins aussi rapides seraient inutilisables". Dans la mesure où on aurait décidé d'en rester à la marine à voile, les bombardes seraient effectivement plus adaptées à ces choix.
Pourquoi une telle situation, qui donne aux Etats-Unis vingt cinq ans d'avance (totalement irrattrappables) sur le reste du monde ? Parce que, comme subodoré dans la plaquette COMETA par l'IHEDN ceux-ci ont été très tôt confrontés à des éléments leur permettant d'acquérir la conviction que le phénomène ovni traduisant des incursions d'ethnies extraterrestres. Cette conviction a en soi suffi à impulser des recherches en avance sur l'époque (vol hypersonique sans ondes de choc, sans "Bang", furtivité, nano-technologie, etc ). Il n'est pas à exclure (ce qui m'avait été confirmé en Angleterre) que les Américains aient en 1947 récupéré des épaves.
A partir du début des années soixante-dix les américains, comprenant (en particulier grâce à mes propres travaux et idées qu'ils connaissaient parfaitement à l'époque, ce qu'ils m'ont confirmé en 2001 à l'occasion de ce colloque en Angleterre) on lancé dans le plus grand secret un vaste programme de recherche en MHD, axé sur la propulsion avancée, la propulsion spatiale et la guerre dans l'espace. En parallèle, soucieux de démotiver la concurrence ils ont réussi à faire croire aux Européens (pendant trente ans, une opération de désinformation tout à fait unique dans l'histoire) à la fois que la MHD était dénuée d'intérêt (en laissant ostensiblement péricliter leur propre MHD civile) et que le phénomène ovni n'existait que dans l'imagination des témoins. Seuls les Russes se sont montrés insensibles à ces manipulations (projet Ajax) mais leur écroulement économique les a empêchés de suivre la voie empruntée par les yankees.
Lorsque les membres de l'association COMETA vous ont remis leur rapport il est hors de doute que ces "conclusions" étaient assorties de "pièces", pour employer un langage de juriste, celles-ci émanant entre autre des analyses menées par l'ETCA (Etablissement Technique Central de l'Armement). Sans ces éléments jamais l'IHEDN et les autres rédacteurs n'auraient pu tenir des positions aussi avancées dans leur rapport. Mais, en dehors de cette "intime conviction" aucun d'entre eux n'avait quoi que ce soit de concret à proposer, sinon la poursuite de ce "recueil d'information", une proposition que l'on peut qualifier d'indigente.
Que faudrait-il faire ?
Prendre d'abord, en urgence, la réelle mesure du problème. Seuls des scientifiques de haut niveau (les polytechniciens, même maniant bien le langage, n'appartiennent pas automatiquement à cette catégorie ) sont à même de mener une réflexion d'ensemble sur ce sujet (ainsi que sur les applications technico-scientifiques qui en découlent). Ni les membres du groupe COMETA, ni la structure mise en place au Cnes (SEPRA) n'ont les compétences suffisantes pour aborder ces questions. Cette démarche a un caractère d'urgence si les militaires français ne veulent pas rapidement sombrer dans le ridicule le plus complet en étalant au grand jour leur ignorance et leur impréparation.
A votre disposition pour créer un groupe de réflexion sur les thèmes ovni et application à la propulsion avancée, constitué de scientifiques ayant le niveau requis et, dans l'immédiat pour présenter devant l'assistance de votre choix un état de la situation, argments techniques à l'appui.
Jean-Pierre Petit
Directeur de Recherche au CNRS
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