Ah non, c'est vous qui vous vous trompez. Être scientifique en labo c'est déjà difficile. Identifier un problème, rechercher le sujet, créer un protocole expérimental, le suivre rigoureusement, analyser les résutlats, re-tester, etc. c'est certainement pas la manière dont le scientifique approchera l'autre 99,999% des autres questions de sa vie quotidienne. Cette autre portion, il l'approchera peut-être rationellement, avec scepticisme, mais ceci est un choix personnel probable mais nullement automatique ou obligatoire.
Il y a toutes sortes de raisons de ne pas approcher «scientifiquement» une question:
1) c'est trop long, et il faut agir dans le monde tout de suite
2) on ne s'aperçoit pas qu'il y a un problème sous une construction à laquelle on est trop habitué
3) il n'y a pas moyen (ou on est incapable d'imaginer un moyen) de tester empiriquement
4) ce n'est pas une question empirique (mais éthique ou esthétique, par exemple)
5) on choisit de croire à quelque chose
6) on est séduit par un concept
7) on veut aller plus vite que le procédé scientifique
8) on a un agenda politique non-supporté par nos recherches
9) on doit/désire/ne peut éviter de se prononcer sur un sujet qu'on a pas étudié
10) parce qu'on a découvert quelque chose un jour on a commencé à croire qu'on était un génie qui comprend tout et donc qu'on peut se prononcer sur n'importe quoi avec autorité
--et une série d'autres raisons personnelles et individuelles.
Un scientifique ce n'est pas premièrement quelqu'un qui a un certain état d'esprit et/ou un bagage de connaissances. C'est quelqu'un qui s'engage dans un certain type d'activité. Ainsi, prenons les quatre types de questions suivants:
1) question scientifique spécifique au domaine d'étude
2) question scientifique méthodologique (par exemple, qu'est-ce qu'une «preuve»)
3) question scientifique générale
4) question non-scientifique (éthique, esthétique, politique, etc)
Le scientifique a une autorité toute particulière dans le type 1, où il oeuvre lui-même et peut donc présenter une argumentation supportée. Dans le type 2, son autorité vient de la pratique: il sait ce qui marche et ce qui ne marche pas. Pour le type 3, eh bien, rien ne permet de supposer qu'un scientifique ne connaît quoi que ce soit hors sa spécialité. C'est peut-être le cas, mais à lui de le prouver. Enfin, dans le type 4 son avis vaut celui du citoyen moyen.
Cela dit, les scientifiques s'inspirent souvent de toutes sortes de choses pour lancer leur réflexion ou concocter des protocoles expérimentaux. Einstein s'imaginait des ascenseurs: il ne faut pas en déduire qu'il y a un lien entre Westinghouse et la relativé. Si quelqu'un a une idée scientifique en lisant sur les chakras, eh bien tant mieux! Mais ça ne validera en rien ces derniers, même si le scientifique se risquait à l'affirmer.
En gros, la «philosophie quantique» c'est de la spéculation gratuite à partir de concepts théoriques.
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