Et vous-même écrivez: " Je crois que l'acte de naissance de l'Homme ne repose pas sur l'apparition de la raison. Ce serait considérer la raison comme seul critère d'humanité. Or, je suggère plutôt l'apparation de l'esprit métaphysique, celui par lequel l'Homme peut s'élancer sur le tremplin de la raison (sortez les violons!) par sa capacité à anticiper, à se re-présenter la réalité, à symboliser."
Je propose d'abord de ne pas prendre métaphysqiue au sens habituel, car pour parler d'un après la physique il faut déjà avoir parlé physique. Cette précaution posée,comment dirons-nous avoir vu à l'oeuvre un esprit métaphysqiue sinon en constant l'une de ses productions ?, et que sera cette production sinon un système? Donc , la raison est bel et bien déjà là, il faut même la considérer comme un présupposé à l'existence de cet esprit métaphysique.
Alors quand vous proposez " Cet esprit métaphysique, celui de l'Homme, englobe notamment la raison", je proposerai l'inverse : la raison englobe l'esprit métaphysique.
Ce que je propose finalement c'est d'attirer l'attention sur le fait que nous risquons de décoller du réel si nous passons du terme de science à celui de raison sans bien réaliser qu'ils ne se recouvrent pas;la science , et nous parlons toujours de la science occidentale, est une production de la raison survenue lors d'un fonctionnement particulier de la raison. En proposant d'en situer l'apparition avec le doute,-- et il est clair qu'il faut alors distinguer raison et intelligence -- je la dégageais de la particularit des réponses succédant aux questions engendrées par le doute. Je vais résister à la tentation d'imposer mon propre truc actuel, et je n'ajouterai que ceci : alors le rationnel devient ce qui, à égalité de connaissance des faits concernés, s'impose à tout esprit au terme d'un exposé construit selon une logique reconnue universellement.Il faut bien voir que je n'en suis pas encore à attacher une valeur de vérité "en soi"; cette notion de vérité n'intervient que dans une phase ultérieure.
Mais dans ce texte, vous m'imposez une conséquence de mon hypothèse :"Je crois que l'acte de naissance de l'Homme ne repose pas sur l'apparition de la raison. Ce serait considérer la raison comme seul critère d'humanité."
Vous avez raison, et cela certainement pose question.
Mais d'abord vous-même écrivez:
" nous sommes les seuls ayant cette capacité et de raisonner, et de symboliser, et de re-construire la réalité non seulement en fonction de ce qu'on a vécu mais surtout, en fonction de ce qu'on désire ou de ce qu'on cherche à percevoir, comprendre."
Alors dans "nous sommes les seuls ayant cette capacité et de raisonner" vous posez la raison comme critère d'humanité, si bien que la question qui reste, c'est que je l'aurais posé comme seul critère (mais de votre côté, il faudrait montrer que symboliser ne peut pas se réduire à raisonner ( pour rire: en français, oralement, résonner et raisonner sont indiscernables...)). Il faudrait que j'y réfléchisse, c'est assez délicat.Mais dès à présent, une précision:je ne crois pas du tout pouvoir donner une définition de l'homme au sens plein de définition,et même si je conserve mon critère au devant d'autres objections qui j'espère ne manqueront pas,il ne prétendera pas définir qui est là mais seulement attester de la présence.
Vous évoquez l'art : il n'y a rien à objecter me semble-t-il à votre remarque, mais à signaler que le problème n'est pas là : il y a problème seulement lorsque l'art se met en compétition avec la raison, et a fortiori lorsqu'il s'y oppose. Cela dit, l'univers que j'étudie personnellement me conduit à être très méfiant vis à vis de l'esthétique: c'est une arme terrible, avec cet immense avantage qu'il suffit de s'y laisser prendre, alors que la rationalité a cet immense handicap, qu'elle demande de se reprendre.
En contraste avec la dimension artistique pourrait-on dire vous décrivez : " L'Homme n'est pas seulement raison, et à partir du moment où, pour des raisons pratiques et d'efficacité, on le traite avec seulement de la raison, alors il est réduit à peu de choses: une marchandise, une composante de la société, de la chair à canon pour tous les fuhrer du monde, etc."
Mais la chair à canon s'est rendue essentiellement disponible grâce à une esthétique, un romantisme, de la patrie, de la communauté, de la terre et du sang, etc.
En fait ici encore -- et certes c'est une manie-- je propose d'inscrire en débat en deux termes dans un débat à trois termes : l'avénement du Fuher, c'est une utilisation rationnelle de l'irrationnel;et c'est bien une preuve que les phénomènes irrationnels sont saisissables rationnellement, au moins ici pour s'en servir, mais pour s'en servir, il faut bien déjà les avoir quelque peu compris, ne serait-ce que sur le mode opératoire (empirique donc),et cela irait contre votre idée d'une absence de lois connaissables quant aux comportements humains, en fait Hitler était un fin psychologue, alors il n'y a pas de raison qu'ils ne soient pas compréhensibles en termes de théorie scientifique. Dans ces considérations, nous ne sommes pas devant un affrontement rationnel/irrationnel, nous sommes devant une raison instrumentale à l'oeuvre efficacement sur l'irrationnel, et il nous faut observer le phénomène avec ce troisième terme, la raison, qui saisit le mécanisme raison instrumentale/irrationnel.
Alors c'est dans le même esprit que je propose de vous lire dans: " Mais la fonctionnalité de la raison ne doit pas occulter la présence d'autres attributs humains. Car du moment qu'on les nie, qu'on les élimine, on nie une partie essentielle de l'humanité."
avec leprolongement suivant : je crois avoir souvent rencontrer une réaction qui en somme semble dire (je force le trait pour aller vite): si je suis compris je n'existe plus (non pas la compréhension par empathie, qui est recherchée, mais la compréhension analytique, qui est repoussée). Par rapport à votre texte, il s'agit de ne pas confondre expliquer et nier ou éliminer.
Suggestion :chacun pourrait sans doute vérifier que de comprendre une émotion qui l'envahit ne le dispense pas de la ressentir. La raison est souvent considérée comme une tueuse de l'émotion, contre cela du reste je vous avais donné raison lorsque vous refusiez d'exclure l'une par l'autre : mais justement ...
Mais pour revenir au sein du débat du forum ces derniers temps : le relgieux a l'impression que si on explique rationellement son comportement religieux on le tue : personnellement je ne le crois pas, je crois qu'il se trompe.
Votre conclusion introduit la motivation : c'est tout un débat, et il est essentiel. Mais il ne serait pas raisonnable que je ne retourne pas illico à mon travail ... Alors je vais seulement relever:
"L'ennui c'est que parce que la raison marche, on en vienne à dire que seule la raison est valable, ce que plusieurs sceptiques sur ce forum affirment. "
Vous ne pouvez pas laisser le constat en l'état, car les sceptiques me semble-t-il (je n'ai peut-être pas tout lu ou pas assez bien lu mais ...) ne disent pas tout court : la raison seule est valable; à chaque fois ils précisent: valable pour ceci, pour cela ... Et je termine avec un exemple en sourire : pensez-vous que nos ami(e)s sceptiques ne sont jamais amoureu(ses)x ?