Je crois que l'acte de naissance de l'Homme ne repose pas sur l'apparition de la raison. Ce serait considérer la raison comme seul critère d'humanité. Or, je suggère plutôt l'apparation de l'esprit métaphysique, celui par lequel l'Homme peut s'élancer sur le tremplin de la raison (sortez les violons!) par sa capacité à anticiper, à se re-présenter la réalité, à symboliser.
À ma connaissance nous sommes les seuls (excluant d'hypothétiques E.T.'s dont la preuve reste à faire), nous sommes les seuls ayant cette capacité et de raisonner, et de symboliser, et de re-construire la réalité non seulement en fonction de ce qu'on a vécu mais surtout, en fonction de ce qu'on désire ou de ce qu'on cherche à percevoir, comprendre.
Cet esprit métaphysique, celui de l'Homme, englobe notamment la raison, mais il la trancende aussi, comme il transcende ses autres attributs exclusivement humains.
De la mon affirmation initiale à l'effet que l'être humain n'est pas que raison ou empirisme, n'est pas que rationnalité. Il en est doué, mais pas que ce ça.
Citons par exemple des peintres. Ceux-ci peignent leurs toiles parfois en vue d'obtenir un résultat particulier, parfois au gré de l'émotion. Ils n'en sont pas moins capables de rationnalité (induction, déduction, construction d'une réalité complexe à travers des éléments parcellaires).
Mais d'où part l'impulsion d'agir? De la seule raison? Non, certainement pas. La raison explique, organise, classe, mesure, joint ou disjoint, permet l'association ou la dissociation. Mais en toutes choses, elle est "allumée" par l'émotion, comme le désir, la répulsion, l'attirance, etc.
Il y a autre chose que la seule raison. Certes, lorsque vient le temps de savoir qu'elle sera la résistance des matériaux, on ne peut se fier à l'émotion ou aux souvenirs.
Mais d'où vient ce besoin, cette nécessité de calculer cette résistance? Du désir, celui de bien faire son travail (valeur), qui repose sur une conscience professionnelle (valeur) ou qui repose sur le plaisir du travail (émotion) ou sur le chèque de paye (raison/émotion)...
L'Homme n'est pas seulement raison, et à partir du moment où, pour des raisons pratiques et d'efficacité, on le traite avec seulement de la raison, alors il est réduit à peu de choses: une marchandise, une composante de la société, de la chair à canon pour tous les fuhrer du monde, etc.
Il est vrai que la raison permet d'organiser tout ce qui 'fonctionne', mécanique, électronique comme économie, comme structures sociales et politiques.
Et ça roule, tant bien que mal, mais ça roule.
Mais la fonctionnalité de la raison ne doit pas occulter la présence d'autres attributs humains. Car du moment qu'on les nie, qu'on les élimine, on nie une partie essentielle de l'humanité.
On voit ce que ça donne, partout. Ça pourrait être pire, mais ça pourrait être mieux.
L'ennui c'est que parce que la raison marche, on en vienne à dire que seule la raison est valable, ce que plusieurs sceptiques sur ce forum affirment. En ce disant, on oublie la motivation, le moteur qui actionne cette raison. Une telle affirmation renferme en elle-même le ferment de son incohérence et des problèmes qui s'ensuivent.
Voilà.
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