Je ne viens pas souvent ici par manque de temps. Vous avez trouvé mes messages. Je n'ai utilisé que mon prénom sur ce site. Contrairement à ce que pense Ghost, je suis bien rangé de votre côté. Mais il est vrai également qu'il y a quelque chose de symétrique entre les deux parties : Leur impossibilité à penser avec l'épistémologie de l'autre. Là où je casse la symétrie c'est tout simplement en affirmant que l'épistémologie scientifique a une validité que ne possède pas l'expérience individuelle. Le problème escherien de cette histoire, c'est que l'épistémologie scientifique est soutenue par des arguments scientifiques, et l'épistémologie de l'expérience individuelle, par des arguments d'expérience individuelle. Bref, on n'est pas avancés d'un iota. Montrez à un zozo qu'il se contredit ou qu'il est contredit par les faits. Ce n'est pas grave, il supporte la contradiction.
Je suis plus pessimiste que vous quand à la possibilité de trouver une langue commune, pas seulement avec Ghost, mais avec la plupart des défenseurs de l'indéfendable. Tout d'abord parce que je me suis cassé les dents un grand nombre de fois dans cette entreprise, et ensuite parce que je vous ai vu, amis zététiciens, affronter des murs inébranlables malgré toute la pertinence de vos propos. C'est toujours très contre-intuitif de donner de très bons arguments, simples de surcroit, et de s'apercevoir que l'on n'est pas compris.
Si je passe ici de temps en temps, ce n'est pas comme la plupart d'entre vous pour essayer de ramener à la raison les zozos avec des arguments normalement destinés à un individu rationnel, mais pour essayer de comprendre leur épistémologie afin de peut-être un jour, pourquoi pas, parvenir à établir une passerelle au-dessus du grand fossé.
Je pense que nous avons tous commencé, enfants, avec une épistémologie de l'expérience individuelle. Une étape à visiblement permis à certains une décentration pour passer à une épistémologie moins autiste (le stade des opérations formelles?). Si au niveau développemental tout zézé est un ancien zozo, alors pourquoi ne pas imaginer de faire faire le même parcours après coup aux zozos attardés? Bien entendu, on peut légétimement craindre l'existence d'une période critique où cette évolution est possible. Je pense que c'est malheureusement le cas, mais tant que je n'en ai pas la preuve, je garde espoir.
On pourrait me dire que la plupart des zozos sont capables d'une épistémologie externe (l'épistémologie scientifique) lorsque le sujet du discours n'est pas en porte-à-faux avec leurs croyances ou intérêts. Cependant, dire cela revient à accepter qu'en premier est lieu posé l'accord entre le discours et ces coryances ou intérêts, ce qui revient à poser comme acte cognitif originel un raisonnement fondé sur une épistémologie interne (l'expérience intérieure). Du coup, le zozo se retrouve à mettre en oeuvre un comportement totalement fondé sur l'épistémologie interne et non partiellement, même s'il peut être sur certains sujets d'accord avec les zézés.
J'aimerais me tromper dans mon pessimisme. Si vous avez l'exemple sur ce forum d'un zozo (un vrai, pas une personne qui croit à tel ou tel truc, qui veut des explications pour en savoir plus et s'aperçoit qu'elle s'est trompéee, mais un zozo authentique avec le tableau clinique classique manifesté par l'expression des arguments fallacieux courants) qui aurait traversé le grand fossé sur ce forum grace aux arguments de qualité qui ont pu leur être tendus, je suis vivement interessé pour lire les échanges.
Cyril
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