1) la tête v. le coeur: opposition simpliste et entièrement dénuée de sens. Même au niveau métaphorique (je suis certain que personne ici ne dit «coeur» en pensant réellement à l'organe qui pompe) la séparation claire et précise entre la réflexion et l'émotion ne correspond tout simplement pas à la réalité.
2) supposer que l'émotion amène la compréhension et la paix est parfaitement ridicule. Par exemple, l'immense majorité des meurtres au Canada sont commis contre des amis, des amants, des époux et des membres de la famille immédiate. Ce sont les émotions, justement, qui rendent certaines situations explosives.
3) la «volonté du coeur» ne rime à rien non plus. Vouloir quelque chose, même quelque chose de parfaitement logique, implique nécessairement un investissement émotionnel. À la fois, laisser tomber toute logique et toute réflexion est entièrement impossible. Ce serait une volonté aveugle, abstraite, hors contexte, ce qui est contradictoire. Ainsi, faire une coupure entre la volonté du «coeur» et la volonté du «cerveau» est inutile et ne mènera à aucune conclusion intéressante.
4) supposer qu'il est facile de différencier entre les objets «positifs» et «négatifs» de notre volonté est également simpliste. Kant disait qu'on a la volonté de bien faire, mais une difficulté extrême de découvrir réellement ce qui est «bien» dans une situation donnée. Vouloir bien faire est louable, mais le problème c'est pas ça du tout.
5) L'ouverture: comme pour le reste, concept ultra-simpliste dans cette enfilade. En fait on peut être «ouvert» à toutes sortes de choses. On peut être ouvert à des preuves, ou les rejeter par préférence à nos croyances déjà existantes. On peut être ouvert à des théories, ou les rejeter parce qu'elle ne sont que des élucubrations sans preuves. Un sceptique est ouvert aux démonstrations mais rejette d'emblée les spéculations sans base. Pourquoi? Parce qu'il en pleut, à chaque jour, des spéculations. S'il fallait toutes les accepter la réalité n'aurait plus aucun sens et l'action humaine serait impossible. Il est pas mal plus productif d'accepter ce qui est plus raisonnable et mieux fondé.
6) vous êtes dangereusement près de nous expliquer que ce qui est positif est irréfléchi et vice-versa. Ça dénote un manque profond de réflexion, justement.