Postée par Yves Lever , Mar 23,1999,10:32 | Index | Forum |
Je me retrouve beaucoup dans ce que Gael, puis Gilles, puis Claude ont écrit dans ce filon.
Claude a bien expliqué le réflexe de beaucoup de Québécois devant les expressions publiques des religions au Québec. Je ne veux pas le répéter. Mais il faut ajouter que les débats qui ont déjà eu lieu ailleurs commencent à peine à se faire ici. La sérénité et la rigueur sont rarement possibles. Encore il y a deux ans, dans Le Devoir (quotidien montréalais), on posait la question suivante : doit-on enseigner la religion ou la science à l’école? Presque incroyable! J’ai riposté qu’il faut enseigner les deux, mais avec la même rigueur et le même esprit, dénué de toute volonté confessionnelle.
Car là est le problème : la religion n’est enseigné que dans un esprit confessionnel et avec beaucoup de dogmatisme. Il n’est pas question de symbolisme ou de poésie, de cheminement de l’humanité en quête de sens, mais de vérités absolues et de ritualisation obligatoire. C’est ce qui explique la violence des réactions par la suite. Les uns attaquent, les autres tombent facilement dans les nouvelles sectes parce qu’ils y retrouvent exactement la même sécurité que donne l’obéissance à un maître. Dostoievski, puis Freud, ont fort bien décrit cela. Le Devoir a chaque semaine une chronique religieuse; dans sa première chronique, la chroniqueure, professeure de théologie à l’Université de Montréal et anthropologue, annonçait un " dialogue avec l’intelligence moderne "; au lieu de cela, on ne peut lire que l’expression la plus traditionnelle de la théologie catholique, sans aucune connexion avec la réflexion apportée non seulement par les sciences pures et les sciences humaines, mais par les arts, la poésie…
C’est dans ce forum, ou dans quelques autres d’internet, que ce dialogue se fait un peu plus.
Je m’étonne toutefois que Gael voit tant d’intolérance dans ceux qui évoquent la méthode scientifique d’approche du réel. Je suis en contact avec quelques scientifiques et j’en ai lu pas mal d’autres. Je ne vois aucune intolérance, seulement l’affirmation que dans telle circonstance, c’est telle méthode d’approche qui donne les meilleurs résultats.
Je voudrais signaler que ce genre de débat n’est pas terminé en France non plus. Il y a un an seulement, la compagnie Volkswagen a dû retirer une de ses annonces utilisant la Cène de de Vinci sous la pression des évêques et des associations catholiques. Pourtant, bien des films l’avaient utilisée auparavant.
Enfin, sans être trop prétentieux, je veux dire que j’ai publié il y a quelques mois un petit bouquin qui recense précisément ces questions. On peut en voir une présentation (qui ne dépend pas du tout de moi) à l’adresse suivante :
http://pages.infinit.net/rand/infidele/livres_fr.html
Yves Lever