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Auto-reconnaissance


Postée par Gaël , Jun 10,2000,04:48 Index  Forum

Il y a une semaine je faisais allusion, dans une discussion avec Ody, au fait que l'auto-reconnaissance était déficiante, que nous étions incapables de reconnaître notre propre profil psychologique. Mais cela me paraît étrange et je me pose quelques questions à ce sujet, j'espère donc que quelqu'un ici pourra me répondre.
Tout d'abord je vous fournis le principal document sur lequel je me base pour supposer cette faillite de la capacité d'auto-reconnaissance. Il s'agit de l'une des réfutations expérimentales les plus solides de l'astrologie (une étude de S. Carlson publiée dans Nature en 85). Je fais un coupé-collé directement à partir du site "Sur l'astrologie - réflexions de deux astronomes" de Zarka et Biraud :

«L’objet [de cette étude] était de tester la thèse fondamentale de l’astrologie de naissance (reconnue par toutes les écoles d’astrologues comme l’astrologie “pratique, appliquée, respectable” par excellence),
c’est-à-dire “la capacité de l’astrologie a interpréter les horoscopes de naissance en termes de personnalité, comportement, et événements majeurs probables de la vie”. Le traitement exemplaire de cette étude justifie une description détaillée :

- les participants consistaient en un groupe de test de ~100 volontaires
(avec pour chacun le lieu, la date, l’heure de naissance à 15 minutes près, l’horoscope correspondant tracé par ordinateur, et un profil psychologique objectif - le California Personality Inventory ou CPI), un groupe de contrôle avec une distribution identique de signes de naissance, et 28 astrologues. Ces derniers ont d’abord construit les interprétations des horoscopes des 100 volontaires.

- 3 tests complémentaires ont ensuite été effectués :

* (a) reconnaissance par chaque volontaire de son horoscope interprété parmi 3;
* (b) idem pour son CPI (parmi 3, d’individus de même sexe);
* (c) reconnaissance par chaque astrologue d’un CPI parmi 3 à partir d’un horoscope interprété.

Dans chaque cas, un classement était demandé avec une pondération de 1 à 10.

De nombreuses précautions ont été prises pour éliminer biais et contestations possibles:

* l’auteur s’est entouré d’un groupe de scientifiques et d’astrologues, à titre de conseil et de contrôle; il a établi le protocole de test avec leur accord; cette précaution élimine toute contestation ultérieure des résultats au titre du point (1) de la section 4.1.
* tous les tests ont été effectués en “double-aveugle”, c’est-à-dire en conservant l’anonymat de tous les participants, seulement identifiés par des codes chiffrés.
* les horoscopes ont été réalisés uniformément (par logiciel)
indépendamment des astrologues participants; la mention du lieu, de la date de naissance et du sexe n’a pas été fournie avec l’horoscope.
* toute mention du signe de naissance et de l’âge a été éliminée de l’interprétation, ainsi que toute prédiction ou avis subjectif.
* le test (a) subi par chaque volontaire du groupe test a été également soumis à un membre du groupe de contrôle, de même signe de naissance, pour éliminer le biais dû à ce dernier (pour être significatif, le taux de reconnaissance devait être plus élevé dans le groupe test).
* enfin, les volontaires déclarés sceptiques envers l’astrologie, ou ceux ayant précédemment fait établir leur horoscope de naissance, n’ont pas été sélectionnés.

Les résultats sont sans appel : 1/3 de bon choix aux tests (a) et (c), avec ou sans prise en compte de la pondération. Ce chiffre correspond au pur hasard, alors que le pourcentage minimum de succès prudemment prédit par les astrologues était 50%. Comme les résultats au test (b) sont aussi 1/3 de bon choix, l’auteur a honnêtement conclu à l’incapacité des individus à reconnaître leur propre profil psychologique, et donc à l’inutilité du test (a) pour vérifier ou infirmer l’astrologie. Le test (c), en revanche, indépendant de cette capacité d’auto-reconnaissance, prouve irréfutablement l’échec de l’astrologie de naissance.

Notons au passage que le résultat inattendu du test (b) disqualifie les
expériences positives ou négatives passées fondées sur cette auto-reconnaissance (et par ailleurs ne satisfaisant pas à la condition (1), ni en général (3)). Il montre aussi qu’un grand nombre de sujets est insuffisant pour assurer le caractère significatif d’un résultat, mais qu’au contraire un nombre modeste (ici 2¥100) suffit si les biais sont maîtrisés et contrôlés.»


Voilà donc ce que je trouve étrange : si la capacité d'auto-reconnaissance n'existe pas, comment sont validés les tests psychologiques comme le CPI ? Par qui, sur quels critères, sur quels types de sujets (pathologiques ou non ?), etc... ? Comment peut-on considérer ces tests comme objectifs ? Comment peut-on être sûr que c'est bien l'auto-reconnaissance qui ne fonctionne pas, et non le CPI qui est un mauvais outil ?


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