Bonsoir, René! Disons que je préciserais la notion d'habitude, quant à moi, en repensant à certaine remarque de Bruno Bettelheim (je ne cite que de mémoire): lorsque quelqu'un adopte un certain comportement, c'est que ce comportement est celui qui lui assure les meilleures chances de survie (il en parlait, je crois, dans "Le coeur conscient", en contexte de stress extrême, il faut le préciser, mais cette remarque se retrouve partout dans ses ouvrages). Pour un herbivore, ou même pour un prédateur susceptible de devenir proie à son tour, l'habitude c'est quoi? Un comportement qui s'est avéré "payant" en termes de survie dans un contexte donné. La cerise sur le gâteau est qu'en plus, il peut être payant en termes de confort, d'agrément, de plaisir. Il est alors logique, si les conditions ne semblent pas avoir varié outre-mesure d'une situation à son occurrence suivante, de répondre de la même manière. Cela minimise la dépense d'énergie, et je pense tout à coup que, finalement, recourir à l'habitude est aussi une habitude. Cette stratégie peut la plupart du temps être rentable. Il est cependant des cas (prédateur camouflé par exemple) où elle devient mortelle. D'où la notion de vigilance développée par tous les groupes humains "combattants", où on élimine autant que faire se peut la routine, pour passer à un état d'analyse à la fois conscient et inconscient de toute situation qui se présente, afin d'identifier vite et bien la structure interne de la situation présente, et de réagir de la manière la plus appropriée. Autrement dit, aucune situation n'est identique à une autre, (cela ce n'est pas un scoop), mais alors que dans le comportement usuel, on homologue parfois deux situations, comme susceptibles de recevoir la même réponse, le samouraï par exemple n'homologuera jamais, et inventera dans l'instant une stratégie adaptée. D'où l'importance de la notion de "zanshin" (Florence pourrait, je crois, en parler avec plus d'expérience et de profondeur que moi). Pour résumer, je préfère partir sur la notion de base, qui est la survie, sous-programme fondamental sauf en cas de pathologie grave, puis passer de là à la notion de confort, puis d'agrément, cette "escalade" privilégiant progressivement l'utilisation du symbole en lieu et place de l'action réelle (quand on n'en est plus à la simple survie, mais au confort, puis au plaisir, l'analyse précise en temps réel de la situation est infiniment moins urgente. On peut donc substituer le symbole à l'acte, le "raccourci" au programme. Voilà, jetés en vitesse, quelque mots que m'inspirait ton message. Avec mes amitiés, Mondreiter