Dans le contexte du renforcement identitaire, la limite entre le culturel et le "racial" est toujours mince: même le christianisme, qui a dès le départ en partie dépassé la notion de peuple élu en termes de population ethniquement homogène, n'a jamais pu effacer cette barrière identitaire (jamais les populations de couleur christianisées n'ont été considérée ni traitées à l'égal des chrétiens "blancs", et certains passages bibliques/évangéliques ont été interprétés comme justification de la discrimination).
Dans le cas du judaïsme, nous parlons d'une société qui s'est trouvée dès le départ dans une situation l'obligeant à se positionner en "eux vs nous" (très petite population tentant de maintenir sa cohérence et son indépendance face à des civilisations bien établies, dans un territoire ingrat), et de surcroît une société dont l'héritage comprenait une subdivision en clans et castes (voyez l'insistance des Cohen - le clan des grands prêtres - à assurer la pureté de leur lignée). Cela renforce, dans n'importe quelle société, le phénomène exclusif. Lorsque se greffe une grave crise identitaire/sociale/politique/de survie, certaines communautés parmi les plus "fondamentalistes" se replient à tel point sur les composantes identitaires de leur religion qu'aparaissent des discours et des pratiques clairement racistes.
Le problème qu'il y a de nos jours à discuter de cela est lié à l'histoire récente, qui fait que le discours est trop aisément "chargé" et interprété comme une critique haineuse. Pourtant, le même discours peut être appliqué à bien des communautés religieuses, non chrétiennes, dont la structure sociale est similaire: l'hindouisme par exemple, en regorge. Le discours "telle ou telle communauté hindouiste est fondamentalement discriminatoire et haineuse envers les communautés extérieures", qui est en partie véridique, ne serait jamais perçu comme un appel au génocide ...
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