Je voudrais continuer un peu cette fiction, en l’utilisant comme prétexte disons ludique.
Je ne suis pas capable de saisir toute la portée de l’addition des trois groupes à problèmes que tu poses devant notre fiction ( j’espère que Stephane passera par ici, c’est lui l’initiateur …). Mais je vais te demander quelque chose de plus simple, et si l’occasion s’en présente, je te poserai d’autres questions plus tard.
D’abord je vais descendre de ton niveau d’informations (en espérant y remonter un peu par la suite) jusqu’à la notion commune de « schéma corporel », et de kinesthésie.
Pour simplifier encore, je vais profiter de la fiction envisagée : on conserve le cerveau avec sa tête, et allons même jusqu’au cou. De la sorte, dis-moi si je me trompe, les informations spatiales externes ne requérant pas le toucher sont conservées : position des yeux, position de la tête, état des muscles du cou. Jusque là, le corps, quel qu’il soit (celui d’origine ou le greffé), joue son rôle d’origine pour la distribution des coordonnées spatiales d’objets extérieurs. Corrige la description que je vais donner : l’intégration sensorielle s’opère ainsi : la tension des muscles du cou informe de la position de la tête par rapport à une position toute verticale, tête droit devant (nous dirons position 0) ; les muscles moteurs des globes oculaires informent de la position des yeux par rapport à la tête ; le tout, ajouté aux informations visuelles elles-mêmes (perspective, distance, volume occupé …), est intégré pour donner les coordonnées de l’objet par rapport à la position 0.( L’égo-centre règle le problème des positions différentes par rapport à chaque œil pris indépendamment : au centre du cerveau, sur une ligne passant sur l’arête du nez, suis-je tout fier d’avoir appris après avoir lu ton message hier soir et de l’écrire ici comme si je l’avais toujours su … et je sais même que pour les oreilles, alors là c’est fabuleux, avec l’intégration de deux différentielles pourrait-on dire, celle des deux intensités et celle du décalage temporel de la perception … c’est quand même dingue : j’ai aussi l’expression savante : audition binaurale).
Ici, c’est le cas le plus facile, puisque je n’ai appelé que la vision. Mais on peut joindre des cas de « coordination inter-sensorielle », puisque avec la tête on a conservé les oreilles et le nez …
La fiction deviendrait donc problématique pour deux cas : perception et localisation par le toucher ( lieu inaccessible à l’œil), et déplacement vers l’objet (le saisir …) ; problème sensori-moteur. C’est ici qu’intervient le schéma corporel.
J’ai retenu de mes lectures deux paramètres en prendre en compte : les positions relatives des membres et parties de membres, informations données par l’état des articulations, et la longueur de ces mêmes éléments.
Là encore, je fais une réduction pour laquelle tu me diras si elle est permise : l’état des articulations devraient passer quelque soit le corps . A ce propos, on a réalisé il n’y a pas longtemps (quelques mois) une greffe de mains : il serait intéressant de trouver quelque part un bilan actuel de cette intervention.
Je me suis dit aussi, mais sans savoir encore ce que l’on pourrait en tirer, qu’il faut bien que tout au long de la croissance le cerveau s’adapte aux modifications de longueur des membres: la question est donc évidemment : ne peut-on voir , éventuellement en la provoquant (mais je ne sais évidemment pas comment) se réactiver cette capacité d’adaptation – ou équivalent -- en cas de greffe d’un membre ?
Ce que j’ai encore appris c’est que le schéma corporel est localisé dans les lobes parientaux, mais je ne sais pas dans quelle mesure on peut considérer cette localisation comme réellement ponctuelle, autonome, contenant le tout du schéma , bref : sur le mode d’une pièce interchangeable, reconnectable au reste sans problème (théorique).
Avec cette question, je me suis interrogé sur les greffes possibles à l’intérieur du cerveau, pratiques envisagées, étudiées et expérimentées, depuis une trentaine d’années je crois ( on a d’abord utilisé des cellules qui « ressemblaient » aux neurones, prélevées sur le patient lui-même, puis des neurones prélevés à l’occasion d’IVG …), sous motif essentiel de la maladie de Parkinson, et face à une résistance essentielle de comités d’éthique : greffes de neurones = changement de personnalité.
Voilà, je vais arrêter là pour aujourd’hui. Ce que je te demande, c’est si la situation ainsi posée est correcte pour continuer. Toi, tu sais très certainement que plus loin viendront d’énormes difficultés, mais je te demanderai de ne pas m’en donner toute une liste d’un coup, parce que je n’arriverai probablement pas à digérer. Si c’est possible, je voudrais d’abord que tu me dises s’il y a de l’erroné dans ce premier palier, et quelle est la difficulté suivante la plus proche de cet état.
J’ai fait mention d’une intervention de l’éthique, mais c’est pour l’historique, et pour ma part je propose que nous n’en parlions pas pour l’instant. De toute façon nous sommes dans une fiction … quoique, pour être tout à fait honnête.
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