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Re:Galileo Galilei


Re: Galileo Galilei -- Iosu
Postée par Gaël , Mar 30,1999,20:03 Index  Forum

Salut.

Ta syntaxe un peu étrange rend ton message assez dur à lire (tu es espagnol ? ou brésilien ?) ce qui est dommage vu que tu dis là des choses aussi intéressantes que complexes. Mais d'après ce que j'ai compris, je ne pense pas que nous soyons si éloigné que tu paraît le penser, tu dis pas mal de choses avec lesquelles je suis en accord.

Je ne cherche pas à prétendre que les affirmations ésotériques ont le même degré d'objectivité que celles qui sont obtenues par le biais de la méthode scientifique. Je dis seulement qu'elles sont aussi subjectives.
Quand tu dis que l'objectivté est un mythe mais pas la convergence à l'objectivité, je suis aussi d'accord. Il y a un monde extérieur indépendant, composé de faits complexes fondamentalement inconnaissables, mais dont le fonctionnement est reflété par les théories scientifiques qui, même lorsque elles sont basées sur des visions du monde différentes, convergent vers cette réalité observée.

Concernant Galilée, je sais bien que l'innovation fondamentale est la loi d'inertie. Cependant il a appuyé cette loi sur des expériences falsifiées - si je me souviens bien c'étaient des expériences avec des boules de metal dans des tubes en verre où le vide avait été fait ? Il a été démontré que ces expériences ne pouvaient pas avoir donné de résultats concluants, et que Galilée devait avoir modifié ses résultats.

Que cette loi permette d'expliquer un plus grand nombre de phénomènes est une autre question. Remarque que Dieu par exemple est une sorte de principe explicatif très global, un terme final dans le réductionnisme conceptuel. Certes Dieu n'est pas prouvable, et ce n'est pas une hypothèse heuristique, comme on dit. Mais il en va de même du principe d'inertie s'il n'est pas appuyé sur quelque chose de solide, même s'il a la capacité d'expliquer des phénomènes hors de son domaine d'application initial. Et les preuves expérimentales que possédait Galilée n'étaient pas solides.
Toutefois il lui reste une chose, qui est importante et qui a souvent joué dans la science, c'est que ce principe d'inertie est harmonieux, il est beau, simple, et il a l'air juste. Mais ça, c'est de l'intuition et ce n'est pas très rationnel : les Anciens pensaient la même chose de leur joli système céleste bien géométrique avec toutes ses sphères parfaites emboitées les unes dans les autres. Et pour beaucoup de gens Dieu est aussi un principe intuitivement juste.

Je suis d'accord sur le fait que des théories peuvent êtres équivalentes formellement, sur le plan mathématique, dans la manière dont elles rendent compte des observations, comme avec Heisenberg et Schrödinger, ou comme avec Newton et Einstein; bien que dans le dernier cas Einstein a un léger avantage (le périhélie de mercure) et propose un explication plus large qui englobe une plus grande classe de phénomènes; tandis que dans l'autre cas, entre la mécanique ondulatoire et la mécanique matricielle, le problème se situe à un autre niveau : la première parait jolie intuitivement, alors que la deuxième est contre-intuitive à cause de l'algèbre non-commutative tordue qu'elle utilise.
Pour ma part j'ai un faible pour les idées d'Heisenberg. Le fait de refuser une description de la réalité autre que purement mathématique me convient, parce que toute théorie qui va au-delà des mathématiques affirme forcément quelque chose sur la réalité, et quelque chose de trop.
Ce qui me dérange c'est quand les scientifiques veulent poser sur leur théorie une vision du monde particulière. C'est pourquoi je suis d'accord avec toi pour dire que l'opposition entre héliocentrisme et géocentrisme est un faux débat - mais je ne crois pas que je dise cela dans le même sens que toi.
C'est juste que pour moi, que la terre tourne autour du soleil ou que ce soit l'inverse n'a pas la moindre importance, et cela ne me dérange pas si des gens croient que la terre est fixe au centre de l'univers. Je ne comprend pas qu'il y ait des personnes que ce genre de croyances puisse déranger.

Je ne suis plus d'accord avec toi quand tu veux faire une distinction entre des théories qui rivalisent de façon formelles et des théories qui rivalisent de façon essentielle. Toute rivalité formelle a pour base des oppositions essentielles, et inversement toute rivalité essentielle donne lieu à des différences formelles.
Bien que très formelle en apparence, l'opposition entre Heisenberg et Schrödinger avait des fondements philosophiques très profonds car leurs deux théories correspondaient à deux visions du monde totalement incompatibles : Schrödinger, qui avait des tendances idéalistes hegeliennes très marquées, tenait à conserver le lien avec une réalité compréhensible, accessible à l'esprit humain; tandis que Heisenberg ne croyait pas à l'intelligibilité de la réalité. On retrouvait là cristallisées de très vieilles positions philosophiques sur la connaissance et le rapport objectivité / subjectivité, et ce sont ces positions qui ont générées deux formalismes opposés.

Oufff... il se fait tard, ici il est trois heures du matin et ton message m'a fait mal a la tête. J'espère avoir à peu près compris ce que tu voulais dire, et ne pas avoir répondu à côté du sujet. Par contre je ne suis pas sur d'être moi-même très lisible, mais je suis trop fatigué pour remanier tout ça.

Gaël.