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Re:Re:Re:Re:Re:Re:Re6:Croyances religieuses et évolution


Re: Re:Re:Re:Re:Re:Re6:Croyances religieuses et évolution -- Gene
Postée par Stéphane , Aug 03,2000,10:32 Index  Forum

Ce dont vous parlez c'est de l'apparition d'une idée de «toune» dans la tête d'un compositeur. L'un se lève le matin avec ce qui *apparaît* comme une nouveauté en tête, l'autre trouve le prochain tube de Céline en nettoyant son piano ou en programmant son sequencer. Pour vous, ceci est inexplicable, et donc surnaturel car vous ne pouvez l'expliquer par vos connaissances personnelles de l'intelligence humaine. Je m'objecte.

Vous n'avez pas saisi mon analogie à la conversation. Ce que je veux dire c'est que la musique est un système comparable au language, qu'on peut apprendre par mimétisme, par «oreille», ou par ses moindres détails techniques. Un compositeur peut manipuler des notes, des tons, des émotions, des concepts, des formules mathématiques, des phrases musicales connues, etc., etc., etc., il y a plusieurs façons personnelles de «comprendre» le language musical. Et pas besoin non plus d'être grammairien pour faire la conversation. Les phrases sortent «toutes seules». Certaines sont bonnes, d'autres beaucoup moins, certaines nous étonnent par un sens de la répartie extraordinaire. Mais dans tous les cas, ce n'est jamais le «language qui parle» comme disait Barthes et les structuralistes radicaux, mais bien nous-mêmes.

À l'analyse, une conversation simple se révèle formidablement complexe, sans demander de longue réflexion. Indexicalité, réflexivité, etc. les interlocuteurs utilisent le language d'une manière «spontanée», sans réfléchir aux règles, à l'orthographe, etc, et tout en réussissant à tenir compte de ce qui est connu des autres, de ce qu'un mot voudra probablement dire dans le contexte spécifique, de l'effet de certaines informations servies d'une manière particulière (mots, ton de voix, expression corporelle, etc.), etc. Je vous assure que par comparaison, la complexité de la musique est beaucoup moins profonde. La différence c'est qu'elle est immédiatement apparente parce qu'on en a moins l'habitude. Mais commencez à apprendre le japonais demain, vous m'en direz des nouvelles. Et ce n'est qu'une *langue* (code) et pas *le language* (communication+code).

Encore une fois, il y a un problème de vocabulaire. Vous avez choisi de concevoir la «réflexion» dans la création musicale comme la manipulation de notes sur des portées, et donc vous excluez l'activité cérébrale qui consiste à manipuler des tons et à les agencer. C'est beaucoup plus abstrait, mais ça ne permet pas la conclusion que votre cerveau n'y est pour rien.

Au sujet de la 5eme, voici comment commence ce qu'en dit le Guide de la musique symphonique: «Bien que Beethoven en ait conçu certaines idées thématiques dès 1795, bien qu'une esquisse pour son début puisse être datée de 1803, cette fort illustre symphonie ne fut écrite qu'à partir de 1805 [...] pour n'être achevée qu'en 1808.» Je ne vois pas en quoi ça peut vous servir d'exemple de création spontanée. Il y a du travail là-dedans, mon vieux. Barry Manilow: 11 minutes. Beethoven: 13 ans. DONC Manilow=génie, Beethoven=tâcheron? Selon ce système les musiciens de free jazz sont des dieux qui composent quelques secondes à l'avance et *en jouant*! Ou nous direz-vous que Beethoven eut durant ces 13 années 3 ou 4 périodes de 11 minutes de génie, et le reste c'était de l'arrangement pour orchestre? Pas trop convainquant.

Vous vous contentez de nous dire que ce qui est spontané est bon, ce qui ne l'est pas est pourri. Excusez si je ne me fie pas à votre jugement musical. Mais de toute façon, vous mesurez la spontanéité et donc la *créativité* (puisque vous ne faites pas de différence) au chronomètre, ce qui est évidemment simpliste.

Vous ajoutez la «volonté» et l'«amour» sans les définir. C'est bien comme je le disais: si vous ne comprenez pas quelque chose, vous l'attribuez à l'«esprit». Votre système en entier repose donc sur un argument par l'ignorance. Et vous nous ajoutez encore une définition tautologique: un amour non-réfléchi (quoi?) vient de l'esprit, donc l'exprit existe donc l'amour vient de l'esprit puisqu'on ne le réfléchit pas. Bin voyons. Vous appellez ça une «argumentation incisive»?

«On peut affirmer sans crainte de se tromper que de part le style de leurs créations non agressives des compositeurs-auteurs de la trempe de « Riccardo Cocciante », Pascal Obispo, J.J. Goldman et Francis Cabrel, ils sont forcément croyants.»

Ils sont aussi plutôt plates. Et pi quoi encore. J'imagine qu'ils croient en un esprit «non aggressif»? Comment savez-vous que d'autres ne croient pas à un esprit agressif et violent? Et Beethoven, lui? La 5eme a des portions agressives, et des portions douces. Beethoven est donc une girouette. Beau syllogisme. Vous dites vraiment n'importe quoi. Encore une définition vide de sens: «les croyants font de la bonne musique, la bonne musique est faite par des croyants, et je décide de ce qui est bon et de qui est croyant». Je ne peux qu'en déduire que vous «croyez» que tous vos lecteurs sont des sombres idiots.


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