Ah oui, j'ai survolé le débat sur la création. Si j'avais été là, je serais bien intervenu. Comme Gene ne semble pas apprécier les métaphores culinaires, j'avais l'intention de lui proposer, en contre-exemple de création réflechie, un artiste qui a récemment exposé un mur enduit de purée de brocolis. Il n'y a là rien de spontané dans la création, seulement un assemblage nouveau et ingénieux, auquel personne n'avait pensé auparavant : l'assemblage entre un mur et des brocolis. Et généralement la création fonctionne comme ça (quoi que de façon souvent plus compliquée), on n'invente rien de fondamentalement nouveau, on se contente d'assembler différemment des données déjà existantes, ou de mélanger des données issues de domaines différents.
Par exemple :
- Malgré l'illusion de totale nouveauté qu'elle donne par rapport à l'art de son époque, la peinture impressionniste n'a rien d'une création originale et spontanée, elle est largement issue de l'introduction dans l'art pictural de théories scientifiques (sur la nature de la lumière), de théories littéraires (le naturalisme), et de l'influence de l'estampe japonaise, découverte par les artistes depuis la réouverture du japon en 1963 (ou pas loin, je ne suis plus très sûr de la date).
- Picasso a exposé en 1905 des "demoiselles d'avignon", une oeuvre qui eut une grande influence et qui semblait n'avoir rien en commun avec ce qui se faisait à l'époque. Et pourtant là non plus il n'y a en fait rien de nouveau, seulement un mélange d'influences entre les travaux de Cezanne sur le volume, et l'esthétique de l'art primitif - les sculptures africaines en particulier.
On pourrait trouver des tonnes d'autres exemples de ce style. Bref, rien de nouveau sous le soleil, comme disait l'ecclesiaste (quasiment le seul truc lisible dans la bible).
G.