En posant la question, je donnais ma réponse: ni la morale, ni les idéaux, ni l'éthique, ne sont universels, modelés qu'ils sont par le temps, le lieu, les connaissances et les moyens disponibles. Toute notre discussion sur la spiritualité, la morale, les idéaux serait incompréhensible à une bonne part de l'humanité, qui ne dispose pas de la liberté de s'interroger à leur sujet. Et je ne parle pas de que de liberté politique, mais de la possibilité de s'affranchir suffisamment longtemps de la préoccupation permanente de survivre pour imaginer un idéal dépassant "les réserves suffisantes pour passer la saison sèche".
La "sagesse populaire" et le "bon sens" font en français les mêmes ravages que la "folk psychology" et nous font trop facilement imaginer que tout un chacun souhaite la paix, la justice, l'équité, l'abondance, etc., d'où les propos irréalistes mais pleins de bonne volonté d'André, prêt à combattre sans répit les atteintes à une morale qu'il souhaiterait "universelle". Certes, il est très vraisemblable que l'humanité dans son écrasante majorité déteste recevoir des coups de bâton et voir ses dirigeants rouler carosse en justifiant les disparités de traitement par une loi "céleste" qui rendrait la dictature acceptable en certains lieux et temps. Gardons-nous toutefois de substituer à cette indécente démonstration de mépris de ses semblables (ou qui nous paraît telle) notre perception tout aussi biaisée du bien ou du mal, basée sur des idéaux ne reposant sur rien de bien solide, au fond.
Une possible solution à tout cela: la démocratie lorsqu'elle correspond à donner cet espace de liberté dont je parle plus haut, assortie de celle de confronter des idées sans crainte … mais n'idéaliserais-je pas, là, un peu ?