nikola a écrit : 05 mai 2020, 09:31Les gens ont tendance à se conformer aux manières d’être des groupes sociaux qu’ils fréquentent.
Tout à fait d'accord sur ce point (un aspect groupe que je le développe d'ailleurs un peu ci-dessous car je le crois très important).
nikola a écrit : 05 mai 2020, 09:31Cela ne signifie pas que les gens ont ce système
de valeurs préexistant
Je suis d'un avis différent sur ce point là. A mon avis (je mesure la part
de subjectivité que contient
nécessairement tout avis ou sur un tel sujet), quand une personne (possiblement nous d'ailleurs) se comporte selon un système
de valeurs ou qu'elle le fait dès que l'occasion se présente, il me semble défendable
de pouvoir dire
de cette personne qu'elle a (au moins
de façon latente) ce système
de valeurs plutôt que
de dire d'elle qu'elle adopte ce système
de valeurs.
Par ailleurs, selon moi, une bonne partie :
- de nos jugements de valeur négatifs et de nos réactions de rejet relativement à tel ou tel groupe ou catégorie de personnes vis à vis duquel nous avons un fort sentiment de non appartenance,
- de nos attitudes au contraire compréhensives, empathiques, ainsi que le sentiment se développant souvent rapidement (parfois justifié, parfois peu ou pas d'un point de vue neutre) que telle ou telle affirmation est une attaque injustifiée vis à vis de tel ou tel groupe ou catégorie (religieuse, professionnelle...) auquel nous avons le sentiment d'appartenir,
reposent, pour une part que je crois dominante :
- sur nos sentiments d'appartenance/non appartenance à tel ou tel groupe ou catégorie,
- sur notre identification à ce groupe/catégorie (considéré, sans même que nous en soyons forcément pleinement conscients, comme une sorte d'extension de notre égo),
- au moins autant (et je pense en fait plus) que :
- sur le système de valeurs que nous attribuons à tel ou tel groupe ou catégorie,
- sur un système de valeurs différent que nous attribuons à tel ou tel autre groupe ou catégorie.
A cet égard, l'émission passée récemment sur public sénat (quelque chose comme "sommes nous altruistes") avec des enfants
de 2 ans, donc très loin
de considérations rationnelles (pensons nous parfois) que nous attribuons à bon nombre
de nos jugements
de valeur aussi bien positifs que négatifs, me semble révélatrice
de motivations
de fond, cachées à nos propres yeux, donc passant sous notre radar.
Les comportements
de ces bébés étaient testés face à des marionnettes auxquelles l'expérimentateur prêtait une préférence identique ou pas à leur
goût en matière
de petit déjeuner. Un biais très net se manifestait dans les attitudes, jugements, relations du bébé testé avec la marionnette, selon que cette marionnette était sensée aimer ou pas le même petit déjeuner que le bébé testé. Le sentiment d'appartenance ou
de non appartenance
de la marionnette à son groupe
de préférence pour tel ou tel petit déjeuner :
- s'avérait jouer un rôle déterminant dans son attitude à l'égard de la marionnette face à telle ou tel modèle de situation,
- statistiquement reproductible,
dans des expériences menées avec les précautions requises pour ne pas fausser involontairement les résultats.
Ces expériences, menées sur des enfants à un âge où l'inné se révèle moins difficilement accessible car moins caché sous l'acquis, me semblent révélatrices des raisons, bien plus profondes que nous le croyons :
- de nos sympathies/antipathies,
- de nos divisions,
- de notre forte difficulté à réaliser que nous faisons partie d'une même espèce animale, une espèce animale dotée de la chance incroyable (si nous l'utilisons bien) de pouvoir prédire les conséquences de ses actes à moyen et long terme et de pouvoir agir de façon très forte sur son environnement.
Les considérations
de système
de valeurs sont en cause ? Oui je le crois.
Il y a une catégorie évidente
de responsables détentrice du système
de valeurs à l'origine (pour une part très importante)
de nos difficultés actuelles ? Oui, nous, l'espèce humaine.
nikola a écrit : 05 mai 2020, 09:31parce que sinon, à ce titre, n’importe système
de valeurs existant est préexistant dans la tête des gens : ce qui n’a aucun sens, les systèmes
de valeurs sont aussi construits petit à petit.
Plutôt favorable, pour ma part, à l'hypothèse selon laquelle n'importe quel système
de valeurs existant est, au moins en partie, l'héritier d'un système
de valeurs préexistant. D'accord aussi avec le fait que les systèmes
de valeur se sont construits peu à peu, et les constructeurs en question, c'est nous tous, dans notre globalité, avec toutes les interactions complexes que cela implique.