Inso a écrit : 21 mars 2023, 22:06
Akine a écrit : 21 mars 2023, 12:28
L'indépendance fonctionnelle
de cet Etat et ses immenses ressources primaires me parait à même
de limiter la nécessité
de contacts avec l'extérieur
Non, car depuis la chute
de l'URSS, la Russie a perdu une grande part
de ses compétences industrielles et technologiques.
Les matières premières représentent 70%
de leurs exportations, et l'essentiel
de leurs outils technologiques sont importés (machine-outils, usines, forages pétroliers, raffineries, électronique, motorisations ...). Sans ces échanges, ils se retrouvent avec une technologie des années 70 au mieux, et avec du mal car ils n'ont plus le personnel compétent pour utiliser des machines outils non numériques.
Il faut aussi se rappeler que l'essentiel
de leurs exportations ne sert pas aux développements (infrastructures, santé, industrialisation, technologies...) mais à enrichir
les élites.
Ah, en effet.
Mais je parlais surtout
de son état historique (avant 1991). J'imagine que
les conséquences
de celui-ci sur la mentalité russe actuelle ne sont pas négligeables. Sans compter que la rhétorique gouvernementale présente appelle, plus ou moins explicitement
(tout en s'en détachant d'une façon un peu hypocrite : je me souviens qu'à l'occasion d'une célébration récente de la bataille de Stalingrad, le gouvernement se justifia en prétextant que la commémoration n'avait pas pour objet la bataille elle-même, égérie soviétique du sacrifice, mais sur la cérémonie militaire ayant, historiquement, précédé la bataille et à laquelle maints soldats participèrent) à la gloire passée
de l'URSS et
de la Russie des Tsars.
Si je la compare, par exemple, aux cités-Etats dans l'Italie du XVIe, dont la faible superficie
les rendait tributaires d'importants flux
de marchandises aux provenances diverses, ce qui forçait un certain mélange des cultures dont émergea finalement celle
de la Renaissance, je m'aperçois qu'elle a eu des occasions nettement moins nombreuses
de se confronter au pluralisme.
De façon générale,
les côtes très découpées
de l'Europe occidentale et du bassin méditérannéen, sa géographie irrégulière (Manche, Pyrénées, Alpes, Italie, Grèce) favorable à la constitution
de petites entités politico-sociales indépendantes, sont des atouts pour la diversité socio-culturelle, le commerce, et le développement
de techniques élaborées
de navigation. Selon certaines personnes (hypothèse mentionnée dans un livre du physicien Carlo Rovelli "Anaximandre
de Milet ou la naissance
de la pensée scientifique" ; je ne sais quel crédit lui accorder, mais elle paraît plausible à mes yeux profanes), c'est pour cette raison que certaines révolutions culturelles/scientifiques (Renaissance italienne, philosophie et mathématiques grecques, etc.) eurent lieu en Europe, dans des contextes où
les Etats, nombreux et
de faible taille, ne dépendaient pas d'une unique autorité centrale. Au contraire,
les grands empires (Egypte, Chine) tendraient à promouvoir faiblement l'innovation (religieuse, scientifique, etc.), voire, après une période fructueuse, à se scléroser dans des pratiques obsolètes. Selon lui et à titre d'exemple,
les théories astronomiques chinoise n'ont que peu progressé en plusieurs millénaires, se bornant à la perfectionnement
de l'observation et ne se départissant jamais
de leur dimension astrologique originelle, ce qui l'immunisait d'office contre une révolution
de type copernicienne ou newtonienne.
Mais, toutes ces considérations mises à part, je suis bien d'accord avec le fait que la Russie
de demain ne ressemblera pas à la grande puissance qu'elle était dans
les années 60, et que son statut commercial, technologique et diplomatique rendra probablement sa position très difficile à gérer aux niveaux national et international.