qms2 a écrit :
1. existence d'un flou absolu au niveau de ce que l'on considère comme secte.
2. existence d'une corrélation injustifié entre secte et dérive.
Au niveau du point numéro un, c'est un fait connu, il n'y a pas vraiment à débattre, sinon on tombe sur un troll sans fin et stérile.
Non, le flou n'est pas si absolu que ça, dès lors qu'on (fait de son mieux pour) se place(r) d'un point de vue politiquement et religieusement neutre*. Il existe en fait des critères extrêmement utiles et pertinents pour différencier une religion/croyance "mainstream" et une secte, qu'il s'agisse du dogme ou des pratiques. Je vous suggère de lire l'entrée "cults" dans
http://www.skepdic.com, qui considère que bien que la majorité des croyances religieuses soient parfaitement irrationnelles, certaines le sont plus que d'autres et sont surtout beaucoup plus nuisibles en elles-mêmes, et que la différence est tout-à-fait faisable). Par exemple, la différence est patente entre ce que prêchent, et comment ils le font, un monastère zen classique et Aum Shin Rykyu, ou entre le catéchisme enseigné dans une paroisse catholique traditionnelle française et au Mandarom, pour ne pas parler de la $ciento …
* il est évident qu'un politicien faisant état de fortes convictions religieuses, de même qu'un représentant de l'évêché/du consistoire vont user de critères fortement biaisés par leurs convictions préalables, passer comme chats sur braises sur les manquements éventuels de leur chapelle, tout en qualifiant de secte tout mouvement qui leur fait concurrence, et que cette attitude pose problème lorsqu'il s'agit de préserver la société des agissements de quelques malfaisants. Il est tout aussi évident que les sectes nuisibles se servent de ce triste état de fait pour se poser en victimes de persécutions.
Au niveau du point 2, je trouve interessant de détacher le coté spirituel de la secte, dans le délit de celle ci contre la société, quand il y a délit.
Autrement dit, il y a délis non pas à cause de la croyance farfelue d'une secte mais à cause du facteur humain.
C'est en soit révolutionnaire car cela remet en question la legislation contre les sectes et ramène le problème à un abut de bien, ou abut de confiance, sans lien avec la croyance elle même.
Faux.
Tant que la croyance en question n'est que farfelue et n'implique pas en elle-même de nuire aux individus et à la société, certes: On attend toujours d'apprendre que les Adorateurs de l'Oignon (si, si, ça existe) commettent un attentat meurtrier ou abusent de petits enfants à cause de leurs croyances, mais il est très aisé de démontrer que certaines croyances mènent directement à des conséquenses nuisibles, voire même criminelles, qu'il s'agisse d'atteintes à la santé des adeptes et de leur progéniture (refus d'éducation scolaire aux filles ou passé un certain âge, mouvements new-age qui conseillent à leurs adeptes de regarder le soleil en face à midi, ou qui interdisent aux adeptes de recourir à des soins vitaux comme les TJ avec la transfusion), de l'appropriation des ressources (mouvements de toutes sortes qui exigent la donation des biens et des revenus), de la doctrine du "fair game" de la $ciento, de certains concepts millénaristes poussant les adeptes au suicide (par ex. Jim Jones, ordre du temple solaire, Heaven's Gate, etc.), de la justification des abus sexuel sur adeptes adultes ou mineurs (certaines sectes mormones polygames, raël à une certaine période), et bien entendu du meurtre des apostats, des concepts de guerre sainte, croisades et autres joyeusetés, toutes justifiées, si rarement uniquement causées, par la croyance.
Ce qui nous ramène à la distinction entre religion et secte: une religion établie a généralement expurgé son dogme courant des croyances susceptibles de mener trop aisément à ces excès, en assignant aux textes fondateurs soit une signification allégorique, soit une pertinence limitée à un contexte historique dépassé, ayant compris que l'absolutisme (ou, si l'on préfère, le fondamentalisme littéraliste) était incompatible avec la pérennité des institutions et le fonctionnement raisonnable d'une société.
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken