Crise de la finance

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Florence
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Re: Crise de la finance

#26

Message par Florence » 09 oct. 2008, 16:56

Jean-Francois a écrit :Je suis le dernier à blâmer les emprunteurs mais, par honnêteté, il faut qu'ils reconnaissent une part minimale de responsabilité (tout comme les prêteurs naïfs qui ne connaissent rien de leurs fonds) sinon il n'auront tirer aucune leçon réelle de leur mésaventure. Cette part peut-être variable car ces emprunteurs ne forment pas une poulation homogène. Il existe des différences entre les pauvres et peu éduqués qui ont cru voir là une très bonne offre, et les éduqués-qui-devraient-mieux-savoir* qui n'y on vu qu'une occasion supplémentaire de céder à leur envie de consommer.
Le plus important, mais hélas improbable, serait que tout ce petit monde reconnaisse qu'on ne peut bâtir toute une économie sur une montagne de dettes, que tout le monde ne peut pas devenir propriétaire, et que la "pursuit of happiness"* ne signifie pas nécessairement "tout, tout de suite et après moi le déluge".
Les premiers responsables demeurent ceux qui ont organisé ces montages financiers sans trop réfléchir aux conséquences.
Je ne parierais pas ma culotte sur le fait que les petits malins en question ne se sont pas imaginés une bonne partie des conséquences.


* il s'agit du passage de la constitution américaine qui me fait toujours penser que soit les pères fondateurs étaient de grands humoristes, soit ils étaient de grands enfants ...
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Sylvain
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Re: Crise de la finance

#27

Message par Sylvain » 09 oct. 2008, 17:04

Je suis sûr que les acheteurs avaient aussi envie d'argent pas trop dur à gagner, peut-on les blâmer avec la publicité à longueur de journée. Quand la vie est difficile et que l'on vous promet que vous ne serez pas obligé de rester devant les vitrines sans pouvoir entrer, ça déconnecte les arguments rationnels (voir le loto).

J'avais vu le truc sur les subprimes il y a longtemps et j'avoue que j'avais oublié la partie sur les paradis fiscaux. C'est toujours un truc qui m'énerve, d’autant plus que quand il y a des pertes on fait appel à la fiscalité pour combler les trous. Ou ça se traduit par des licenciements comme pour la caisse d’épargne/banques populaires.

Juste pour info, en France on a mis le bouclier fiscal qui fait que l’on ne peut payer plus de 50% de ses revenus. Les gens qui ont les moyens créent des sociétés faisant des pertes ou des bénéfices minimes. Ce qui fait que 50% de zéro ça fait la tête à toto. Et donc ils ne payent plus d’impôts du tout (y compris les taxes locales qu’ils payaient avant).

Les bulles sont de toute façon la manière dont le système marche car il faut toujours de nouveaux arrivants pour pouvoir acheter ce qui doit monter, sinon c’est un marché de renouvellement. Or comme on l’a vu, il faut de nouveaux emprunts pour créer l’argent qui sera nécessaire pour payer les intérêts des emprunts précédents. C’est donc structurel : ce système financier fonctionne sur des bulles et ne peut faire autrement.
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Re: Crise de la finance

#28

Message par Christian » 09 oct. 2008, 20:33

Florence a écrit :
Jonathan l a écrit :Oui car les républicains eux déréglemente tout. Ce sont les démocrates sous Clinton qui ont forcé les banques à prèté à des gens moins solvable, en reglementant. Les banque n'en voulait pas de ça.
Les démocrates n'ont pas déréglementé le secteur bancaire, ils ont tenté d'éliminer les biais racistes qui faisaient que les banques refusaient trop souvent de prêter aux minorités raciales. Ca a certes amené certaines banques à offrir des prêts à des gens incapables de rembourser, juste pour se montrer "non racistes", sachant que le petit nombre de défauts de paiement serait compensé par les bonnes affaires avec les instances gouvernementales.

Le problème des crédits pourris à grande échelle (subprimes) est d'une autre nature: une fois que des petits génies financiers ont trouvé le moyen de se débarrasser des créances pourries ("sécuritisation"), il était rentable de prêter à tout un chacun quel que soit le risque, jusqu'au moment évidemment où le nombre de défauts de paiement et la baisse des valeurs immobilières devenaient tels que la bulle a éclaté. Durant ce laps de temps, et profitant de ce que le gouvernement n'allait certainement pas exercer de contrôle, les instituts de crédit ont fait littéralement de la vente forcée en passant outre les règles et lois et en faisant miroiter à des gens mal informés l'image de valeurs immobilières allant toujours en s'appréciant et permettant de considérer sa maison comme un "portefeuille sans fond" (je n'exagère pas, j'ai vu les pubs à la TV aux USA ces dernières années: on disait ni plus ni moins aux gens qu'ils pourraient indéfiniment financer voiture, TV, vacances, etc. sur l'augmentation de valeur de leur maison et que les taux de crédit allaient rester bas).

Bref, la dérégulation commencée sous Reagan, puis surtout la réalisation qu'il existait un moyen (temporaire, comme ça s'est révélé) pour éliminer les risques liés aux mauvaises créances, couplée à la certitude que le présent gouvernement n'allait surtout pas contrôler la régularité, voire la légalité, des opérations d'instituts financiers largement rentables, sont les principaux moteurs de la crise actuelle.

Bonjour Florence,

Sophie Cousineau, journaliste économiste de La Presse, mentionne que seulement un prêt sur cinq était assujetti au Community Reinvestment Act (CRA, loi adoptée sous Carter et amendée sous Clinton). Ça rejoint ce que tu as écrit.

Le bouc émissaire de Wall Street
Michael Barr, un professeur de droit de l’Université du Michigan, calcule que plus de la moitié des hypothèques à haut risque ont été consenties par des prêteurs indépendants qui échappaient aux contrôles mis en place par cette loi. Un autre 30% du «subprime» a été consenti par des filiales d’institutions financières dont le gouvernement n’évaluait pas, sur une base régulière, la conformité au Community Reinvestment Act.
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Re: Crise de la finance

#29

Message par Jonathan l » 09 oct. 2008, 21:06

Cette loi adoptée par Jimmy Carter en 1977 et amendée par Bill Clinton en 1995 vise à prévenir la discrimination contre les quartiers pauvres en empêchant les banques de prêter uniquement aux communautés riches.
Carter et Clinton.. Deux démocrate. C'est en plein ce que je disais.
Cartaphilus a écrit : A propos de la "très grande majorité des gens qui croient en dieu" : 100 milliards de mouches ne peuvent se tromper ; la m...., c'est forcément bon.

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Re: Crise de la finance

#30

Message par Christian » 09 oct. 2008, 22:32

Jonathan l a écrit :
Cette loi adoptée par Jimmy Carter en 1977 et amendée par Bill Clinton en 1995 vise à prévenir la discrimination contre les quartiers pauvres en empêchant les banques de prêter uniquement aux communautés riches.
Carter et Clinton.. Deux démocrate. C'est en plein ce que je disais.
Oui, mais si tu lis bien le reste du texte, seulement 1/5 des prêts à hauts risques étaient assujettis à cette loi...

Tient, un texte de Francis Fukuyama dans Le Monde: "La chute d'America, Inc". Après avoir chanté la dérèglementation, il change son fusil d'épaule... :roll:

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Re: Crise de la finance

#31

Message par Jonathan l » 09 oct. 2008, 23:17

D'après toi les banques sont-t'elle crédible lorsqu'elle disent que c'est pas eux le problème?
Les agences hors reglementation n'ont pas intérêts à prêté a des pauvres... les banques y sont obligées.

Donc si des prêts non-remboursé sont devenu courant est-ce la faute des banques ou des agences privées?
Cartaphilus a écrit : A propos de la "très grande majorité des gens qui croient en dieu" : 100 milliards de mouches ne peuvent se tromper ; la m...., c'est forcément bon.

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Re: Crise de la finance

#32

Message par Florence » 10 oct. 2008, 08:50

Jonathan l a écrit :D'après toi les banques sont-t'elle crédible lorsqu'elle disent que c'est pas eux le problème?
Les agences hors reglementation n'ont pas intérêts à prêté a des pauvres... les banques y sont obligées.
Les banques ont été obligées de cesser des pratiques discriminatoires (= ne prêter qu'aux riches/blancs) mais pas de prêter à tous les pauvres sans prendre de garanties. Les présidences démocrates n'ont pas particulièrement de responsabilité dans le fait que les banques et les agences spécialisées dans le crédit n'ont pas appliqué les règles relatives aux précautions usuelles en matière d'attribution de crédit (= s'assurer de la solvabilité du débiteur et calculer le taux général d'endettement). Les agences privées (pas hors réglementation) ont elles par contre tout intérêt à cibler le crédit hautement rentable destiné spécifiquement aux pauvres (avance sur salaire, prêts sur gages, subprime mortgages, etc.). Elles sont par ailleurs souvent des filiales de banques qui profitent d'être moins surveillées, surtout tant que ça rapporte, et là, il y a clairement responsabilité des divers gouvernements dans ce manque de supervision. Note que de plus en plus d'états (l'Arizona récemment) prévoient d'interdire ces pratiques prédatrices qui mettent totalement sur la paille les populations les plus vulnérables.
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Re: Crise de la finance

#33

Message par DanB » 10 oct. 2008, 13:44

Je crois qu'une grosse partie du problème n'est pas d'avoir consenti des prêts mais bien d'avoir caché le risque de ces créances.

Si le risque avait été bien clair, probablement que la demande pour les placements composés de ces créances aurait été moindre et du même coup les banques auraient été obligées de restreindre le crédit.
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Re: Crise de la finance

#34

Message par Florence » 10 oct. 2008, 15:40

DanB a écrit :Je crois qu'une grosse partie du problème n'est pas d'avoir consenti des prêts mais bien d'avoir caché le risque de ces créances.
Les deux. Avoir consenti trop facilement des prêts a alimenté la bulle immobilière, avoir caché le risque des taux variables aux emprunteurs et avoir dissimulé le risque des créances elles-mêmes a accéléré l'éclatement de la bulle.
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Re: Crise de la finance

#35

Message par Jonathan l » 10 oct. 2008, 17:29

Mais c'est quand même les banques qui rachetaient les prêts tout en sachant que ces prêts étaient risqués et on revendu ces mêmes prêts au investisseurs.
Cartaphilus a écrit : A propos de la "très grande majorité des gens qui croient en dieu" : 100 milliards de mouches ne peuvent se tromper ; la m...., c'est forcément bon.

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Re: Crise de la finance

#36

Message par NEMROD34 » 15 oct. 2008, 08:55

« L'argent dette », vidéo-star du Net, a une sale petite odeur

ici : http://www.rue89.com/mon-oeil/2008/10/1 ... tite-odeur
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Re: Crise de la finance

#37

Message par Sylvain » 15 oct. 2008, 09:52

Bonjour,

J’avais dit dès le début qu’il me semblait voir un coté conspiro. Néanmoins, rien n’empêchait les personnes du système de faire une vidéo aussi didactique sur le sujet. Surtout au vu du temps d’antenne dont elles disposent.

Je reste convaincu qu’un important vice du système est la création de l’argent emprunté sans la création en face des intérêts à rembourser. Et que c’est cela qui fait que pour avancer, il faut un endettement croissant que ce soit de l’état ou des individus. Ce qui débouche obligatoirement sur une ou plusieurs bulles.

Sans cette explication, je n’aurais pas eu cette conclusion. Du coup j’aurais été moins énervé de voir l’argent mis dans un système qui ne tiendra pas.

Une autre vidéo :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/c ... p?id=72296

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Re: Crise de la finance

#38

Message par vivazavata » 15 oct. 2008, 11:06

Salut,
Je reste convaincu qu’un important vice du système est la création de l’argent emprunté sans la création en face des intérêts à rembourser. Et que c’est cela qui fait que pour avancer, il faut un endettement croissant que ce soit de l’état ou des individus. Ce qui débouche obligatoirement sur une ou plusieurs bulles.
Et donc selon toi est ce qu'il faudrait supprimer les intérêts? carrément interdire tous les prêts? interdire seulement certains prêts tels que les crédits conso? autre?

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Re: Crise de la finance

#39

Message par Sylvain » 15 oct. 2008, 12:20

Et donc selon toi est ce qu'il faudrait supprimer les intérêts? carrément interdire tous les prêts? interdire seulement certains prêts tels que les crédits conso? autre?
Je pense que toute création d'argent par emprunt devrait se compléter par une création d'argent représentant les intérêts de l'année. Cet argent étant utilisé par des pouvoirs publics et revenant donc dans le système soit par le biais de commandes publiques soit par les salaires des employés. C'est seulement dans ce cas qu'il y a assez d'argent dans le système pour que tout le monde ait une chance de pouvoir rembourser son prêt.

Pour le reste, je pense que le crédit doit être un droit mais encadré avec des taux qui ne doivent représenter que le coût de fonctionnement de l'organisme de crédit + 1% de marge + 1% d'assurance contre le risque de non-remboursement.
Et pour l'empruntant un taux maximum de remboursement = à 50% du revenu.
Et concernant l'achat d'un logement, maximum 20 ans d'endettement et maximum 30% du revenu mensuel. La limitation de ces deux facteurs donne une limite haute aux prix des logements et donc stoppe le risque de bulle.

En ce qui concerne les entreprises, le rôle de prêt des banques devrait se limiter à l'affacturage. Le financement à long terme devant lui se faire par augmentations de capital. Car pour moi l'achat d'une action en bourse en dehors d'une augmentation de capital n'est que spéculation. C'est un peu comme un commerçant louant sa boutique dans un immeuble, si le propriétaire de l'immeuble change, ça n'améliore pas sa condition, ça change juste l'ordre du chèque de son loyer.

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Re: Crise de la finance

#40

Message par exuvie » 15 oct. 2008, 13:56

Sylvain a écrit : Je pense que toute création d'argent par emprunt devrait se compléter par une création d'argent représentant les intérêts de l'année.
Ne penses-tu pas que cela créerait de l'inflation ?

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Re: Crise de la finance

#41

Message par Sylvain » 15 oct. 2008, 15:02

exuvie a écrit :
Sylvain a écrit : Je pense que toute création d'argent par emprunt devrait se compléter par une création d'argent représentant les intérêts de l'année.
Ne penses-tu pas que cela créerait de l'inflation ?
Je ne suis pas sûr, dans ce que j'indique, la capacité d'emprunt et donc la masse monétaire intérêts compris est totalement liée aux salaires. On peut donc changer le taux d'endettement maximal si on veut diminuer les prix. En fait la situation actuelle est équivalente dans le sens où on augmente les taux d'intérêts quand on veut éviter l'inflation. D'autre part, actuellement, il y a aussi la pression à la baisse sur les salaires effectuée par le pilotage du taux de chômage (nairu).

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Re: Crise de la finance

#42

Message par vivazavata » 15 oct. 2008, 15:18

Sylvain a écrit :Je pense que toute création d'argent par emprunt devrait se compléter par une création d'argent représentant les intérêts de l'année. Cet argent étant utilisé par des pouvoirs publics et revenant donc dans le système soit par le biais de commandes publiques soit par les salaires des employés. C'est seulement dans ce cas qu'il y a assez d'argent dans le système pour que tout le monde ait une chance de pouvoir rembourser son prêt.

Comme te le fais remarquer implicitement Exuvie ça risque fortement de déplacer le problème plutôt que de le régler...

Sylvain a écrit :Pour le reste, je pense que le crédit doit être un droit mais encadré avec des taux qui ne doivent représenter que le coût de fonctionnement de l'organisme de crédit + 1% de marge + 1% d'assurance contre le risque de non-remboursement.
Et pour l'empruntant un taux maximum de remboursement = à 50% du revenu.
Et concernant l'achat d'un logement, maximum 20 ans d'endettement et maximum 30% du revenu mensuel. La limitation de ces deux facteurs donne une limite haute aux prix des logements et donc stoppe le risque de bulle.
En fait pareil que maintenant mais plus réglementé, c'est bien ça? si c'est ça je suis d'accord mais dans ce cas là le crédit est un droit seulement pour une minorité (ceux pour lesquels on est quasiment sur qu'ils rembourseront leur prêt).
Sylvain a écrit :En ce qui concerne les entreprises, le rôle de prêt des banques devrait se limiter à l'affacturage.
ça c'est un peu sévère il me semble, plus de prêt à la création, ni pour financer les investissements, ni pour pallier à des difficultés passagères, ni pour etc... d'autant plus que toutes les entreprises (loin de là) ne peuvent avoir recours à l'affacturage (qui n'est d'ailleurs pas un prêt).

Bref pas simple :| , en tous cas beaucoup moins simple que ne le laisse croire le documentaire dans la partie "yaka", tiens d'ailleurs à la minute 41 du documentaire il est question d'une solution simple qui aurait fait ses preuves par le passé (mais qui aurait été sabotée par les vilains banquiers) , est ce quelqu'un saurait à quel modèle économique ou à quelle partie de l'histoire il est fait allusion?

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Re: Crise de la finance

#43

Message par vivazavata » 15 oct. 2008, 15:45

la capacité d'emprunt et donc la masse monétaire intérêts compris est totalement liée aux salaires.
Et mécaniquement si à chaque emprunt tu réinjectes les intérêts dans les salaires sans créer de croissance* tu crées automatiquement de l'inflation non?


*le but principal pour toi est bien d'éviter la course à la croissance?

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Re: Crise de la finance

#44

Message par Sylvain » 15 oct. 2008, 16:13

Comme te le fais remarquer implicitement Exuvie ça risque fortement de déplacer le problème plutôt que de le régler...
Je crois au contraire qu'il est fondamental qu'il y ait assez d'argent dans le système pour que le besoin de crédit de l'année suivante corresponde à une vraie demande de l'utilisateur et pas à un besoin artificiel dû au manque d'argent dû au système. Voir l'exemple de l'île où le banquier a prêté 500 pièces et où il en faut 505 à la fin de l'année. Si les 5 ne sont pas dans le système, il n'y a aucune solution. Cela va demander d'emprunter pour rembourser des intérêts sur les 5 euros qui manquaient dans le système. En fait la masse monétaire va plus augmenter que dans le cas que je propose puisque là on a forcément des intérêts sur des intérêts. De plus en faisant passer les intérêts par des structures publiques avant de retourner dans l'économie, on permet des diminutions d'impôts.

Dans ce que j'ai mis comme restriction, j'ai simplement indiqué une limite ajustée aux revenus. D'autre part, ce qui bouffe le pouvoir d'achat des personnes ayant des dettes actuellement, ce sont les taux à 2 chiffres, dans ce que je propose, 5% me semble une limite haute.

En ce qui concerne les entreprises, les mesures fiscales comme les pea ou les assurances vies encouragent l'achat d'actions de sociétés déjà existantes. Si les déductions fiscales n'allaient que pour les participations au capital de sociétés en création ou aux augmentations de capital, cela changerait radicalement la quantité d'argent disponible pour les entreprises ayant un projet.

Au niveau de la croissance, il faudrait savoir la croissance de quoi.
Est-ce lié uniquement aux nombre de billets en circulation (fussent-ils numériques). Imaginons un artiste et un paysan.
Une année, l’artiste a 100 pièces et va voir le paysan en janvier qui lui vend pour 100 pièces de marchandise. Puis le paysan va voir l’artiste et lui demande un portrait et le lui paye 100 pièces, le portrait est livré fin décembre.
L’année suivante, l’artiste a ses 100 pièces, va voir le paysan en janvier et lui demande pour 100 pièces de marchandise. Puis le paysan va voir l’artiste et lui demande un portrait de sa femme et le lui paye 100 pièces. Et là l’artiste livre le portrait en juin. A la récolte il achète pour 100 pièces de marchandises. Et le paysan demande un portrait de son fils pour lui faire cadeau à noël et ce pour 100 pièces.
La première année, il y a eu une livraison de produits et un tableau. La seconde année, il y a eu 2 livraisons de produits et deux tableaux.
Ceci avec les mêmes 100 pièces en circulation.

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Re: Crise de la finance

#45

Message par Florence » 15 oct. 2008, 16:42

Sylvain a écrit : Je crois au contraire qu'il est fondamental qu'il y ait assez d'argent dans le système pour que le besoin de crédit de l'année suivante corresponde à une vraie demande de l'utilisateur et pas à un besoin artificiel dû au manque d'argent dû au système. Voir l'exemple de l'île où le banquier a prêté 500 pièces et où il en faut 505 à la fin de l'année. Si les 5 ne sont pas dans le système, il n'y a aucune solution. Cela va demander d'emprunter pour rembourser des intérêts sur les 5 euros qui manquaient dans le système.
Les 500 pièces n'ont aucune valeur par elles-mêmes, elles ne sont que la représentation, acceptée par toute la communauté, de la richesse disponible sur l'île (biens, nourritures, compétences, ...). Si la richesse disponible augmente (par exemple, l'emprunteur s'est servi de ces pièces pour faire construire un saloir à poissons permettant de faire des réserves, le constructeur du saloir a pu ainsi étendre ses activités de charpente, davantage d'indigènes ont du coup un meilleur logement et sont donc plus productifs, etc.), il est tout à fait légitime d'émettre davantage de "représentation" (= pièces, billets, coquillages, ...) de cette richesse. Quant à celui qui a permis cette expansion en prêtant la ressource de base (500 pièces), il est bien normal qu'il soit récompensé en recevant une partie des bénéfices communs.

Evidemment, ça peut se faire sous forme de troc, mais il est assez difficile de faire l'appoint sur une vache ou une pirogue ... les pièces et le papier sont bien plus pratiques, comme s'en sont rendu compte nos ancètres il y a bien longtemps déjà.


Au niveau de la croissance, il faudrait savoir la croissance de quoi.
Est-ce lié uniquement aux nombre de billets en circulation (fussent-ils numériques). Imaginons un artiste et un paysan.
Une année, l’artiste a 100 pièces et va voir le paysan en janvier qui lui vend pour 100 pièces de marchandise. Puis le paysan va voir l’artiste et lui demande un portrait et le lui paye 100 pièces, le portrait est livré fin décembre.
L’année suivante, l’artiste a ses 100 pièces, va voir le paysan en janvier et lui demande pour 100 pièces de marchandise. Puis le paysan va voir l’artiste et lui demande un portrait de sa femme et le lui paye 100 pièces. Et là l’artiste livre le portrait en juin. A la récolte il achète pour 100 pièces de marchandises. Et le paysan demande un portrait de son fils pour lui faire cadeau à noël et ce pour 100 pièces.
La première année, il y a eu une livraison de produits et un tableau. La seconde année, il y a eu 2 livraisons de produits et deux tableaux.
Ceci avec les mêmes 100 pièces en circulation.
Ca ne marche que s'ils sont tout seuls, que le pedzouille ne se lasse pas de se casser le dos à entretenir un bon à rien, qu'il n'y ait pas de problème de production agricole (sécheresse, gel, inondations, ...) ou de taille de sa famille, etc. Dans la réalité, tous les deux doivent se fournir à l'extérieur pour un nombre important de biens, dont la valeur fluctuera toujours selon les lois de l'offre et de la demande, etc., etc.
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Re: Crise de la finance

#46

Message par Sylvain » 15 oct. 2008, 19:05

Bonsoir Florence,

Je suis étonné de ce que tu dis. Il n'y a pas forcément de lien entre la quantité de pièces et la richesse. On le voit avec les échanges (et le fait qu'il n'y ait que 2 personnes n'y change rien). Le volume des échanges peut être de 100 ou de 200 sans qu'on ait besoin de plus de pièces. D'autre part si la quantité d'objets croît, leur prix va diminuer et ce n'est pas le nombre de pièces en circulation qui va changer ce fait. Le nombre de pièces en circulation ne correspond pas à la totalité de la richesse de la zone.
Je reste dans l'idée qu'il doit y avoir en circulation au moins 505 pièces pour que 5 personnes puissent en rendre 101 chacune.

En ce qui concerne le banquier, vous allez le voir pour acheter une voiture, vous signez l'engagement de rembourser et il crédite votre compte de 15000 euros. Ca prend 20 minutes au téléphone.
Quelle doit être la rémunération pour ça ?
A mon avis rien de plus qu'un travail administratif de vérification des garanties et de gestion du prélèvement automatique donc des frais de fonctionnement (2 heures à 200 euros). Et une assurance perte d'emploi invalidité/décès. Même à 3% la banque est gagnante.

En ce qui concerne les échanges entre pays, la vision des commandes à l'extérieur telle que tu la décris est celle de l'OMC avec loi de l'offre et de la demande. C'est la situation actuelle, mais ce n'est pas une loi naturelle qui serait sortie d'une science économique mais un choix politique. Il y avait d'autres possibilités envisagées et que l'on devrait plus étudier avec ce que l'on sait de la situation actuelle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_La_Havane.

Pour ce qui est de la bourse pour ceux qui ont encore des économies : http://www.lesaffaires.tv/categorie-111 ... c-Dontigny

A+
Combien d'entre vous croient en la télékinésie ? Levez ma main...

Il n'y a pas de théorie de l'évolution. Juste une liste d'espèces que Chuck Norris autorise à survivre.

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Hallucigenia
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Re: Crise de la finance

#47

Message par Hallucigenia » 15 oct. 2008, 21:50

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vivazavata
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Re: Crise de la finance

#48

Message par vivazavata » 15 oct. 2008, 22:05

Sylvain a écrit :et le fait qu'il n'y ait que 2 personnes n'y change rien
Si un peu quand même 8=) .

Florence a écrit :Ca ne marche que s'ils sont tout seuls, que le pedzouille ne se lasse pas de se casser le dos à entretenir un bon à rien, qu'il n'y ait pas de problème de production agricole (sécheresse, gel, inondations, ...) ou de taille de sa famille, etc.
Oui, en tant que cours de micro-économie c'est pas très académique mais comme leçon de réalisme c'est pas mal.
Dommage ça avait quelque chose de très poétique cette image du paysan qui nourrit l'artiste en échange de ses oeuvres :harpe:.

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DanB
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Re: Crise de la finance

#49

Message par DanB » 16 oct. 2008, 00:00

Bonjour! L'économie est un système complexe et on y remarque une espèce de sélection naturelle. Elle est ce qu'elle est parce qu'on a fait des essais et des erreurs. Refaire les mêmes erreur n'avancerait pas à grand chose...
Sylvain a écrit :Je reste convaincu qu’un important vice du système est la création de l’argent emprunté sans la création en face des intérêts à rembourser. Et que c’est cela qui fait que pour avancer, il faut un endettement croissant que ce soit de l’état ou des individus. Ce qui débouche obligatoirement sur une ou plusieurs bulles.
Il faut se rappeler que l'argent n'est qu'un moyen d'échange, un contrat. Contre 100$ aujourd'hui, je m'engage à rembourser dans les prochaines années le 100$ plus les intérêts. Les intérêts proviendront du travail que j'aurai fait d'ici là. C'est une promesse. Cette richesse n'est pas créée, elle le sera. Seul le 100$ existe, et qqun prêt celui-ci à un autre.

C'est simplement comme prêter un outil : je te prête mon équipement de menuiserie mais, en échange, tu me fabriqueras une table. Ça permet au menuisier de commencer à fabriquer des tables (i.e. générer de la richesse) sans devoir avoir payé des outils (à partir de quoi?). Ça permet à une entreprise d'emprunter pour acheter un équipement et de payer celui-ci à même les profits des produits qui seront fabriqués avec cet équipement. Les intérêts sont un loyer. On loue l'argent.

S'il ne peut emprunter des outils pour commencer à produire ses meubles, comment le menuisier pourra-t-il travailler?
Sylvain a écrit :Je pense que toute création d'argent par emprunt devrait se compléter par une création d'argent représentant les intérêts de l'année.
L'argent n'a pas d'étiquette : on en émet ou on n'en émet pas. De plus, les intérêts sont un loyer, que l'on paie à la fin d'un période définie arbitrairement. Je ne comprends pas très bien ce que vous voulez dire par créer de l'argent représentant les intérêts.[/quote]La banque du Canada émet 1 million à une banque privée, avec un taux d'intérêt donné (taux directeur). La banque fait ce qu'elle veut de cet argent, en autant qu'elle en paie les intérêts.

Concrètement, en quoi consite votre proposition dans un tel cas?
Sylvain a écrit :Cet argent étant utilisé par des pouvoirs publics.
Quel argent?
Sylvain a écrit :et revenant donc dans le système soit par le biais de commandes publiques soit par les salaires des employés.
Que voulez-vous dire par «revenir» et par «système»?
Sylvain a écrit :C'est seulement dans ce cas qu'il y a assez d'argent dans le système pour que tout le monde ait une chance de pouvoir rembourser son prêt.
Il n'y a pas besoin d'avoir assez d'argent dans le système parce que la richesse, l'argent, est générée à chaque jour. Je n'ai pas aujourd'hui ce qu'il faut pour rembourser un prêt, mais par mon travail, je l'aurai un jour. Voir l'exemple du menuisier. Il faut absolument considérer le facteur temps dans tout cela.

Comment feriez-vous pour créer les intérêts d'un prêt sans échéance? D'un prêt variable?

Si je comprends bien ce que vous dites, vous voulez que l'on émette disons 100$ et la monnaie pour payer tous les intérêts reliés à ce 100$. Je crois que, dans un premier temps, ça ne règle rien. Dans un deuxième temps, pratiquement, comment le fait-on? Comment fait-on, pour commencer, pour savoir ce qui sera fait de ce 100$?
Sylvain a écrit :Pour le reste, je pense que le crédit doit être un droit mais encadré avec des taux qui ne doivent représenter que le coût de fonctionnement de l'organisme de crédit + 1% de marge + 1% d'assurance contre le risque de non-remboursement.
Tout ça fonctionne selon l'offre et la demande. Comment arrivez-vous à une marge de 1%? Comment arrivez-vous à une assurance contre le risque de 1%?

Si je donne ma maison en garantie, que j'ai un bon salaire régulier et que je paie toujours mes engagements, aurai-je le même taux que qqun qui est à sa 3e faillite, sans revenus réguliers avec un prêt sans garantie?

Si des gens se financent sur des cartes de crédit à 28% d'intérêt alors qu'il est possible d'avoir du financement à 5% sur une marge hypothécaire, il y a des raisons à ça.

L'offre et la demande est un mécanisme naturel qui équilibre les échanges. On peut tenter de l'encadrer un peu, mais il y a des limites. Si vous forcez les taux d'intérêt, et bien les prêteurs ne voudront plus prêter à certains clients, tout simplement, le jeu n'en vaudra pas la chandelle. Alors au lieu d'avoir accès à du crédit à 5%, 10, 15, 30%, ces gens n'y auront tout simplement plus accès!
Sylvain a écrit :Et pour l'empruntant un taux maximum de remboursement = à 50% du revenu.
Net ou brut? Ce chiffre est basé sur quoi? Pourquoi pas 45%, 47,5%, etc.? Je crois que ce taux est à la discrétion de l'emprunteur, c'est à lui de prendre ses responsabilités! Qqun peut être en mesure de mettre plus de 50% alors que qqun d'autre peut difficilement mettre 5%. Ici, je crois qu'on a un problème d'éducation économique. La raison est probablement simple : l'argent, c'est tabou!
Sylvain a écrit :Et concernant l'achat d'un logement, maximum 20 ans d'endettement et maximum 30% du revenu mensuel. La limitation de ces deux facteurs donne une limite haute aux prix des logements et donc stoppe le risque de bulle.
Encore là, ces critères me semble arbitraires. Quant à une bulle, je ne crois pas que cela l'affecte. L'offre va s'adapter, simplement.
Sylvain a écrit :En ce qui concerne les entreprises, le rôle de prêt des banques devrait se limiter à l'affacturage.
Je ne saisis pas ce que vous voulez dire par là. Les banques ne doivent qu'agir comme courtiers? Qui va alors gérer les prêts? Une banque qu'on va simplement ne pas appeler une banque?.
Sylvain a écrit :Le financement à long terme devant lui se faire par augmentations de capital..
Que voulez-vous dire par augmentation du capital? À partir des liquidités del'entreprise? Ça limite alors l'exploitation des bonnes idées. On considère généralement que les entreprises qui ont beaucoup d'encaisse manquent simplement d'idées pour investir cet argent de façon à ce qu'il rapporte. Même que dans le cas d'une bonne idée, pourquoi ne pas s'endetter si on peut obtenir des profits sur ce montant emprunté qui sont supérieurs aux intérêts? Emprunter à 5% pour avoir 20% de rendement, ça vaut la peine. Si une entreprise conserve beaucoup d'encaisse, c'est qu'elle estime que le profit, le rendement qu'elle peut obtenir de cette encaisse est inférieur aux intérêts à payer. Ce n'est pas signe d'une entreprise en croissance.
Sylvain a écrit :Car pour moi l'achat d'une action en bourse en dehors d'une augmentation de capital n'est que spéculation..
Je ne sais pas trop ce que vous entendez par «augmentation de capital», mais je vois mal en quoi on devrait empêcher les gens d'investir leur argent dans des idées qu'ils pensent bonnes. Empêcher cela est couper la créativité. La bourse a permis le développement d'un tas d'idées qu'aucun banquier n'aurait financée. Avec l'actionnariat, il suffit de trouver qqun qui croit en nous. Et ceux qui investissent doivent connaître la dynamique de ce type d'investissement. Pourquoi une entreprise devrait-elle être empêcher d'exposer une idée et de demander s'il y a des gens intéressés à mettre de l'argent pour la développer? Ça donnerait quoi?
Ne penses-tu pas que cela créerait de l'inflation ?
Sylvain a écrit :Je ne suis pas sûr, dans ce que j'indique, la capacité d'emprunt et donc la masse monétaire intérêts compris est totalement liée aux salaires.
Je crois pas que lier la masse monétaire au salaire soit une bonne chose. Je crois de toute façon que c'est impossible à réaliser. De toute façon, c'est un peu ce que l'on fait déjà : on lie la masse monétaire à l'augmentation de la richesse. Or, les salaires sont normalement fonction de la richesse générée. Alors la masse monétaire suit la création de richesse.

Aussi, si la valeur marchande de ma maison passe de 100 000$ à 200 000$, que faites-vous? Si qqun trouve une cure au cancer que tous veulent et qui vaut donc une fortune, que faites-vous? Qu'arrive-t-il si un bénévole crée de la richesse? Comment définissez-vous salaire? La mécanique actuelle permet de gérer ces cas, mais je ne vois pas comment la vôtre le ferait.
Sylvain a écrit :On peut donc changer le taux d'endettement maximal si on veut diminuer les prix.
En fait, on joue présentement sur les taux d'intérêts. C'est mieux ciblé.
Sylvain a écrit :En fait la situation actuelle est équivalente dans le sens où on augmente les taux d'intérêts quand on veut éviter l'inflation..
Je ne dirais pas que c'est équivalent, mais effectivement, en haussant les taux d'intérêts, on limite l'inflation
Sylvain a écrit :D'autre part, actuellement, il y a aussi la pression à la baisse sur les salaires effectuée par le pilotage du taux de chômage (nairu).
Pas au courant. Ici, la croissance est bonne et les salaires suivent cette croissance. Le taux de chômage est bas.
Sylvain a écrit :Je crois au contraire qu'il est fondamental qu'il y ait assez d'argent dans le système pour que le besoin de crédit de l'année suivante corresponde à une vraie demande de l'utilisateur et pas à un besoin artificiel dû au manque d'argent dû au système. Voir l'exemple de l'île où le banquier a prêté 500 pièces et où il en faut 505 à la fin de l'année. Si les 5 ne sont pas dans le système, il n'y a aucune solution. Cela va demander d'emprunter pour rembourser des intérêts sur les 5 euros qui manquaient dans le système. En fait la masse monétaire va plus augmenter que dans le cas que je propose puisque là on a forcément des intérêts sur des intérêts. De plus en faisant passer les intérêts par des structures publiques avant de retourner dans l'économie, on permet des diminutions d'impôts.
Encore ici, on oublie qu'à chaque seconde, on crée de la richesse. Alors en oubliant ce facteur, tout le reste dérappe. La comparaison ne marche pas. Le 5$ qui manque sera créé au courant de l'année. Le 500$ est basé sur une richesse existante, qui est partie de rien initialement. L'or, il a fallu l'extraire.
Sylvain a écrit :Dans ce que j'ai mis comme restriction, j'ai simplement indiqué une limite ajustée aux revenus. D'autre part, ce qui bouffe le pouvoir d'achat des personnes ayant des dettes actuellement, ce sont les taux à 2 chiffres, dans ce que je propose, 5% me semble une limite haute.
Tout ça est fonction de l'offre et de la demande. Si on limite les intérêts à 5%, on risque de manque de prêteurs et/ou on aura une inflation qui fera en sorte que le taux réel sera finalement de 10%.
Sylvain a écrit :En ce qui concerne les entreprises, les mesures fiscales comme les pea ou les assurances vies encouragent l'achat d'actions de sociétés déjà existantes. Si les déductions fiscales n'allaient que pour les participations au capital de sociétés en création ou aux augmentations de capital, cela changerait radicalement la quantité d'argent disponible pour les entreprises ayant un projet.
Donc, on crée une entreprise autonome pour avoir droit à des crédits? Ça n'avance pas à grand chose!

Augmentation de capital? Vous voulez dire celles qui émettent des actions?

Non, moi, je ne crois pas que ces crédits doivent être fonction de la structure fiancière et administrative, mais bien en fonction de ce pour quoi on demande un crédit. Si une entreprise fait de la R&D et y investit 1 000 000$, c'est ce milion qu'il faut considérer. Qu'on est investit ce milion sous un nouveau numéro de compagnie ou que la maison mère émette ou non des actions pendant ce temps n'a aucune importance.

Cela n'empêche pas la création de mesures pour le capital de risque qui bénéficient généralement aux petites entreprises qui ont généralement de la misère à se financer par le système banquaire et par l'actionnariat. D'ailleurs, votre volonté de restreindre l'émission d'action n'a rien pour aider ces entreprises!
Sylvain a écrit :Au niveau de la croissance, il faudrait savoir la croissance de quoi..
Notre croissance, en gros, c'est l'amélioration de notre productivité. On fait plus avec autant ou avec moins.
Sylvain a écrit :Est-ce lié uniquement aux nombre de billets en circulation (fussent-ils numériques).
Il faut cesser de croire que la monnaie définit la croissance. Elle ne fait que la mesurer. Si on émets plus que la croissance, on a inflation, i.e. chaque dollar définit qqch de moins en moins important.
Sylvain a écrit :Imaginons un artiste et un paysan.
Une année, l’artiste a 100 pièces et va voir le paysan en janvier qui lui vend pour 100 pièces de marchandise. Puis le paysan va voir l’artiste et lui demande un portrait et le lui paye 100 pièces, le portrait est livré fin décembre.
L’année suivante, l’artiste a ses 100 pièces, va voir le paysan en janvier et lui demande pour 100 pièces de marchandise. Puis le paysan va voir l’artiste et lui demande un portrait de sa femme et le lui paye 100 pièces. Et là l’artiste livre le portrait en juin. A la récolte il achète pour 100 pièces de marchandises. Et le paysan demande un portrait de son fils pour lui faire cadeau à noël et ce pour 100 pièces.
La première année, il y a eu une livraison de produits et un tableau. La seconde année, il y a eu 2 livraisons de produits et deux tableaux.
Ceci avec les mêmes 100 pièces en circulation.
Ça illustre bien que l'argent n'est qu'un moyen d'échange et n'est pas la richesse en soi. Vous pouvez aussi constater qu'il y a eu production de richesse ; deux récoltes et deux tableaux. Ce qui a été produit, c'est 400$ de richesse. Le paysan aurait pu demander 2 tableaux à l'artiste dès le début en lui offrant 200$. L'artisan aurait pu lui payer quand même ses récoltes à coup de 100$ par année. Dans ce cas-ci, on a utilisé 200$ pour échanger le même 400$ de richesse.

Je vous recommande chaudement la lecture du livre d'André Gosselin, Lettre ouverte aux investisseurs irresponsables, http://www.quebecoislibre.org/05/050115-15.htm

Entre temps, vous avez posté un autre message :
Sylvain a écrit :Je suis étonné de ce que tu dis. Il n'y a pas forcément de lien entre la quantité de pièces et la richesse. On le voit avec les échanges (et le fait qu'il n'y ait que 2 personnes n'y change rien). Le volume des échanges peut être de 100 ou de 200 sans qu'on ait besoin de plus de pièces.
Effectivement, et je ne crois pas que Florence dise le contraire.
Sylvain a écrit :D'autre part si la quantité d'objets croît, leur prix va diminuer
Faux! Ça dépend de l'équilibre entre l'offre et la demande. Si Apple double la production d'iPod mais que la demande quadruple, le prix ne baissera pas. Inversement, si Sony fabrique deux fois moins de Discman mais que de demande coupe par 4, les prix vont tomber.
Sylvain a écrit :et ce n'est pas le nombre de pièces en circulation qui va changer ce fait.
En premier lieu, ce «fait» n'en est pas un. Mais l'émission excessive de monnaie fera baisser la valeur de celle-ci, encore l'offre et le demande finalement. Pensez à ce qui est arrivé avec la monnaie Allemande lors de la seconde Guerre Mondiale. L'équilibre entre l'offre et la demande du produit ET de la monnaie fera varier sa valeur en $
Sylvain a écrit :Le nombre de pièces en circulation ne correspond pas à la totalité de la richesse de la zone.
Je reste dans l'idée qu'il doit y avoir en circulation au moins 505 pièces pour que 5 personnes puissent en rendre 101 chacune.
Les 5 pièces manquantes seront émises par la banque centrale un jour ou l'autre, au besoin, tout simplement.
Sylvain a écrit :En ce qui concerne le banquier, vous allez le voir pour acheter une voiture, vous signez l'engagement de rembourser et il crédite votre compte de 15000 euros. Ca prend 20 minutes au téléphone.
Quelle doit être la rémunération pour ça ?
A mon avis rien de plus qu'un travail administratif de vérification des garanties et de gestion du prélèvement automatique donc des frais de fonctionnement (2 heures à 200 euros). Et une assurance perte d'emploi invalidité/décès. Même à 3% la banque est gagnante.
Et bien ouvrez votre banque alors!

La banque est rémunérée entre autre pour le courtage qu'elle fait entre le prêteur et l'emprunteur, ainsi que pour le risque qu'elle prend. Le salarié qui fait la transaction, lui a son petit salaire et sa petite commission...
Sylvain a écrit :En ce qui concerne les échanges entre pays, la vision des commandes à l'extérieur telle que tu la décris est celle de l'OMC avec loi de l'offre et de la demande. C'est la situation actuelle, mais ce n'est pas une loi naturelle qui serait sortie d'une science économique mais un choix politique. Il y avait d'autres possibilités envisagées et que l'on devrait plus étudier avec ce que l'on sait de la situation actuelle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_La_Havane .
Oui, l'offre et la demande est un phénomène naturel. Je suis sûr que vous êtes prêts à payer votre eau bien chère en plein milieu du désert et déshydraté qu'à côté d'une fonatine d'eau potable. Et personne ne se donnerait la peine de traîner de l'eau en plein milieu du désert pour vendre de l'eau si on l'oblige à la vendre le même prix qu'ailleurs. Des exemples, il y en a des tas. Je suis persuadé que vous appliquez la loi de l'offre et la demande à peu près à chaque jour, inconsciemment.
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Florence
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Re: Crise de la finance

#50

Message par Florence » 16 oct. 2008, 09:17

Sylvain a écrit :Bonsoir Florence,

Je suis étonné de ce que tu dis. Il n'y a pas forcément de lien entre la quantité de pièces et la richesse. On le voit avec les échanges (et le fait qu'il n'y ait que 2 personnes n'y change rien). Le volume des échanges peut être de 100 ou de 200 sans qu'on ait besoin de plus de pièces. D'autre part si la quantité d'objets croît, leur prix va diminuer et ce n'est pas le nombre de pièces en circulation qui va changer ce fait. Le nombre de pièces en circulation ne correspond pas à la totalité de la richesse de la zone.
Je reste dans l'idée qu'il doit y avoir en circulation au moins 505 pièces pour que 5 personnes puissent en rendre 101 chacune.
Non, comme le souligne DanB, pièces, billets, coquillages, etc. ne sont qu'un moyen d'échange, un contrat, un outil, qui représente une richesse, présente évidemment, mais aussi future.
En ce qui concerne le banquier, vous allez le voir pour acheter une voiture, vous signez l'engagement de rembourser et il crédite votre compte de 15000 euros. Ca prend 20 minutes au téléphone.
Quelle doit être la rémunération pour ça ?
A mon avis rien de plus qu'un travail administratif de vérification des garanties et de gestion du prélèvement automatique donc des frais de fonctionnement (2 heures à 200 euros). Et une assurance perte d'emploi invalidité/décès. Même à 3% la banque est gagnante.
Je soupçonne que ton avis n'est pas basé sur une connaissance très profonde des mécanismes de gestion bancaire ... ;) Derrière ces "20 minutes au téléphone", il y a plusieurs personnes qui collationnent des infos sur le marché du crédit, et toute une mécanique qui garantit la disponibilité des fonds que l'on va te prêter (emprunts inter-banques, changes internationaux, rémunération des dépots, ...). Tout ça, ça se paie, tout comme la note de téléphone, les locaux et leurs charges, les salaires des employés, plus la marge bénéficiaire indispensable à toute entreprise, quel que soit le système économique.
En ce qui concerne les échanges entre pays, la vision des commandes à l'extérieur telle que tu la décris est celle de l'OMC avec loi de l'offre et de la demande. C'est la situation actuelle, mais ce n'est pas une loi naturelle qui serait sortie d'une science économique mais un choix politique.
Non. L'histoire économique de la Chine ou du Japon anciens nous apprend que les lois du marché (commerce intra et inter-régional, offre et demande, monétarisation, précautions pour les variations de production liées aux aléas climatiques, etc.) sont indépendantes de la politique. La politique peut favoriser un plus ou moins bon fonctionnement du marché mais elle ne change rien à son existence fondamentale.
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken

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