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0.Thèse
La thèse de l'auteur est que la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales. Selon l'auteur, deux éléments étayent cette thèse.
Avant de les développer, j'aimerais éclaircir la signification de cette thèse. Un épiphénomène, étymologiquement, est un phénomène qui se produit à la surface. La plupart des dictionnaires s'entendent pour dire que c'est un phénomène qui vient s'ajouter à un autre sans le modifier.
Épiphénomène de nos dispositions sociales.. qu'est-ce que ça veut dire ? Que la religion est un phénomène qui origine de nos dispositions sociales mais n'affecte pas nos dispositions sociales. Je crois pouvoir dire sans me heurter qui que ce soit, que c'est faux. Si la religion origine de nos dispositions sociales, elle influence à son tour ces dispositions sociales, lesquelles l'influencent.
Ainsi je ne vois pas ce qui justifie l'utilisation du mot épiphénomène au lieu de phénomène. Qu'entend l'auteur par épiphénomène ?
Tout un programme. Digérons tout ça pour reformuler la thèse.. mais d'abord, je fais remarquer que épiphénomène ne désigne pas du tout ce que monsieur Baril entend. C'est un choix de mot tout à fait mal indiqué. Le seul lien qui me vient à l'esprit, entre la citation de Baril et le mot épiphénomène, est l'épigénétique (de par son préfixe). J'ai l'impression ici que par épiphénomène, Baril suggère phénomène épigénétique sans pour autant le démontrer par la suite. Mais reformulons:c’est-à-dire que « la création d’êtres surnaturels et la religion qui se développe sur la croyance en ces êtres sont des produits de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie en groupe. »
la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales
devient
la religion est un produit de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie sociale
mécanisme biopsychologique : mécanisme d'expression psychologique qui a une origine biologique démontrée (repérée).
Il me semble que je ne perds rien de la formulation précédente. Avant de passer à l'analyse de l'argumentation, il me faut encore commenter cette thèse: celle-ci m'apparait tout à fait banale. C'est un peu pourquoi je m'insurge.. en quoi cette thèse nécessite-t'elle d'être prouvée ? Ne coule t'elle pas de source ? Tout comportement humain est un produit de mécanismes qu'on suppose biophysiologiques retenus par la sélection naturelle et modulés par l'environnement. Certains le sont par adaptation à la vie sociale, d'autres par adaptation à la vie "tout court" (survie). Par exemple : jouer au hockey est le produit de mécanismes comme savoir marcher, pouvoir fournir un effort cardiovasculaire intense (apparenté à la course), à esquiver, à compétitioner, à intimider, etc. L'athéisme aussi est un produit de mécanismes biophysiologiques retenus par la sélection naturelle. La faculté de ne pas concevoir de vie après la mort permet de redouter la mort, donc pousse à tenter de vivre plus longtemps et protéger ses proches (enfants) d'une mort prochaine et imminente. Le fait de remettre en doute une affirmation émanant d'une source plus ou moins crédible permet également de conserver ses biens et possessions au lieu de se les faire dérober, et ce questionnement est un des mécanismes derrière l'athéisme dans une société religieuse.
Je sais, ce genre de théorisation de gérant d'estrade est à la portée de tous. Ce qui l'est moins, et qui devrait être du ressort des biologistes et anthropologues (donc de Baril) est:
-démontrer une origine biologique d'un phénomène / comportement psychologique qui était jusqu'alors inconnue
-démontrer (autrement que suggérer par expérience de pensée) qu'un trait psychologique est plus favorable à la survie que les autres traits exclusifs
-dans le cas d'un trait psychologique d'origine biologique, démontrer que ce mécanisme biologique s'inscrit dans des gènes, dans l'ADN ou dans ses protéines associées, et qu'il soit par conséquent héréditaire ou héritable
Mais ce n'est pas ce que Baril fait : il présente quelques mécanismes biopsychologiques déjà connus (on verra que ce ne sont pas toujours des mécanismes bien compris, i.e. que le lien entre bio et psycho n'est pas toujours solide) et en conclut sa thèse même si ceux-ci n'abondent pas nécessairement en son sens.
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1.Premier élément
Celui-ci repose sur trois principes:
i.Le cerveau est essentialiste
ii.L'humain est un être altruiste
iii.L'intelligence sociale ou l’algorithme darwinien
i.Le cerveau est essentialiste
Baril définit l'essentialisme comme la tendance à percevoir les êtres et les choses comme s’ils avaient une essence. Ce n'est pas tout à fait vrai, si on fait abstraction de l'essentialisme tel que connu en médecine au 19e siècle, l'essentialisme est avant tout une doctrine où l'essence PRIME sur l'existence. On peut reconnaître l'essence tout en n'étant pas essentialiste, mais existentialiste.
Façon imagée de parler. Substituer le terme cerveau à humain en ce qui a trait aux facultés psychologiques n'est pas faux, mais ça donne un aspect plus technique à l'affirmation que ne pas l'utiliser, comme si la neurologie du truc était comprise.Notre cerveau est essentialiste
Voilà ce que Baril veut dire par notre cerveau est essentialiste. C'est faux; il existe aussi des existentialistes dans ce monde.Baril souligne que nous sommes tous essentialistes..
Principale ? Je dirais que parmi les manifestations de l'essentialisme on retrouve le fonctionnement normal en société. Quelqu'un qui ne percevrait pas les autres comme ayant une identité, une existence ou essence propre, est un dément, un anti-social, voire un psychopathe. Le fait qu'on soit en majorité des non-déments est une des manifestations principales de la faculté innée à percevoir les autres comme existant/étant en soi.et que l’animisme en est l’une des principales manifestations
J'espère. S'il est présent chez l'humain, il ne peut pas apparaître par magie à l'âge adulte. Il doit bien apparaître à un moment donné, qu'il soit observale à l'enfance est normal. Mais si les enfants reconnaissent une essence, rien ne dit que pour eux l'essence prime sur l'existence.L’essentialisme est même observable chez de jeunes enfants
Cet exemple mène beaucoup trop vite à une conclusion. N'est-ce pas aussi, en partie, sinon en totalité, la mentalité de clan ? Tout comme des peuples cherchent à se venger d'offenses commises par un autre peuple plusieurs siècles auparavant et entretiennent des tensions hostiles pendant des générations après qu'un nombre important de générations se soient écoulées. L'appartenance ethnique est forte et n'a rien à voir avec la conception qu'un peuple peut avoir des mécanismes biologiques.. tout comme avec le désir de vengeance, il n'y a pas de conclusion logique derrière tout ça. Ça dit peut-être que les Kazakh sont en majorité essentialistes, mais ça ne nous approche pas de la conclusion.Une expérience semblable a été réalisée avec les Kazakhs et les Torguuds. Ces deux tribus de Mongolie ne partagent ni la même langue ni la même religion, mais sont de la même ethnie et sont donc identiques au point de vue physique. Pourtant, 75 % des Torguuds considèrent qu’un bébé kazakh adopté à la naissance et à qui on aurait enseigné la langue et la religion Torguud serait néanmoins d’ethnie kazakh. Ainsi, l’appartenance ethnoreligieuse est essentialisée et est perçue comme biologiquement transmissible.
C'est mal dit.. il devrait écrire Cet essentialisme pourrait s'expliquer par les modules de connaissances intuitives dont certains chercheurs posent l'existence. Ce ne sont pas tous les modèles du cerveau modulaire qui posent des modules de connaissances intuitives, donc qui expliqueraient potentiellement l'essentialisme.Certains chercheurs estiment que cet essentialisme pourrait s’expliquer par le modèle du cerveau modulaire qui postule des modules de connaissances intuitives (physique, biologie, psychologie et mathématiques intuitives).
Voyons si ça décrit tant que ça l'essentialisme.On entend par connaissances intuitives les idées que de très jeunes bébés ont de certaines réalités naturelles. Voici quelques exemples d’étude ayant mis en évidence des capacités scientifiques intuitives.
Cela ne tranche rien sur l'essentialisme contre l'existentialisme. Reconnaître que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants n'équivaut pas à percevoir les êtres et les choses comme s’ils avaient une essence. Percevoir que certains comportements ne sont le fait que d'êtres vivants est une des raisons pour lesquelles on a des rapports humains. Le monde tel qu'on le conçoit serait drastiquement différent si on n'avait pas cette faculté.Biologie intuitive
Un bébé de 7 mois peut faire la distinction entre un être vivant et un objet inanimé. Pour arriver à cette conclusion, on a présenté à plusieurs bambins des images de quatre situations différentes. Sur une première image, une colonne se déplace par la poussée d’un objet qui la frappe, alors que sur la deuxième la colonne se sauve à l’approche de l’objet. Puis, les objets sont remplacés par des individus dans les deux mêmes situations. Des bébés ont trouvé tout à fait normales la première et les deux dernières images, mais ont été très surpris de voir un objet se sauver à l’approche d’un autre objet. Ils savent intuitivement que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants.
Reconnaître que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants est justement le CONTRAIRE de l'animisme tel que proposé par Baril comme principale manifestation de l'essentialisme. Si un enfant trouve bizarre qu'une colonne bouge de son gré, il ne s'imaginerait pas qu'un tapon de pierres a une âme !! Contradiction flagrante ici. Si c'est ça l'essentialisme, ce n'est pas la même chose qu'il entend quand il dit que l’animisme en est l’une des principales manifestations.
J'espère qu'elle se fait à quelque part dans le cerveau, sinon il faudrait la chercher dans .. une âme invisible supposée. Je ne vois pas ce que ça vient prouver.Cette distinction dans la perception des êtres vivants et objets inanimés semble relever d’un circuit neurologique précis. Ainsi, une lésion du lobe gauche du cerveau peut provoquer le syndrome de la démence sémantique, c’est-à-dire que l’individu ne peut plus reconnaître ni nommer des objets biologiques, alors que le problème ne s’étend pas à aucun autre domaine. De même, une lésion dans le lobe droit peut nous enlever la capacité de reconnaître les visages.
Ici il y a un anthropomorphique facile.. n'importe quel animal non humain, donc pas anthropos, a le même comportement que ce Pac Man. Ce n'est donc pas un trait anthropomorphique mais animal. Anthropomorphique serait d'associer des trucs spécifiquement humains. Toutefois, cette précision mise de côté, cela n'apporte pas d'eau au moulin de sa thèse. Les enfants sont capables de considérer comme vivant ce qui se comporte comme vivant. On est encore loin des esprits invisibles.Psychologie intuitive
Les enfants attribuent des intentions précises à certains objets. Ainsi, si on leur présente un jeu de type Pac-Man, des enfants de 4 à 7 mois s’attendent à ce que le Pac-Man gobe tous les ronds positionnés sur son chemin; ils considèrent normal que le Pac-Man revienne sur son chemin pour gober ceux qui restent, ce qui montret qu’ils attribuent une intention à cet objet anthropomorphique.
Je crois que vu les objections que j'ai relevées, on ne peut pas trancher sur l'essentialisme de l'homme. Tout au plus on peut dire ce qu'on sait déjà : les hommes fonctionnels perçoivent en d'autres hommes l'existence d'une conscience semblable à la leur, avec les sentiments, pensées, etc qui viennent avec. Cette faculté est innée, pour cause, nous avons tous le circuit neuronal qui est identifié à cette faculté.Le conférencier résume maintenant les conséquences de la première règle, soit celle de l’essentialisme de l’homme.
Certains étendent ce raisonnement aux animaux (anthropomorphisme, ce terme n'existe pas pour rien). Mais Baril montre en citant une étude que chez les enfants, on ne s'attend pas de voir un objet inanimé (comme une colonne) bouger. Donc l'anthropomorphisme est somme toute limité à ce qui a des yeux, des pattes, etc, et si certains cas graves l'appliquent aux plantes ou minéraux, ça ne semble pas inné mais acquis car les enfants en sont exempts. Et aucun exemple apporté à date ne permet faire le saut entre anthropomorphisme des végétaux (plantes) et anthropomorphisme de l'invisible (religion, conception d'un dieu personnel).
Ai-je manqué un bateau ? J'extrais deux phrases de ce paragraphe:la catégorisation a l’avantage de nous permettre de créer des liens de cause à effet, de distinguer le vivant du non-vivant, de détecter des agents ou des dangers et de reconnaître ceux qui nous sont apparentés – tous des avantages qui sont nécessaires à notre fonctionnement social. Toutefois, cela peut aussi nous amener à accorder certaines propriétés du vivant au non-vivant, à voir des agents là où il n’y en a pas.
1 a écrit :la catégorisation a l’avantage [...] de distinguer le vivant du non-vivant
Il n'a pas prouvé la 2, non seulement il la sort de nulle part, mais il se contredit. Je déclare ici que Baril est tordu (au sens Denis). Quand un fait peut servir également à affirmer une chose et son contraire, en proportions équivalentes, on ne peut s'en servir pour trancher.2 a écrit :Toutefois, cela peut aussi nous amener à accorder certaines propriétés du vivant au non-vivant
ii.L'humain est un être altruiste
Baril nous apprend que la morale altruiste est innée. Soit. Mais quel est le rapport avec le sujet ? Le sujet est la naissance d'un dieu anthropomorphique; cet exemple ne fait que montrer que la religion sacralise des concepts moraux innés chez l'humain. Religion ne veut pas dire nécessairement dieu anthropomorphique. Il peut y avoir un dieu personnel, anthropomorphique, sans altruisme. Ici Baril perd son point focal (par habitude de combattre les religions et dieu en général) et passe de dieu anthropomorphique à religion. On voit que la fin interfère avec les moyens et cela n'aide en rien l'argumentation. Il fait quelques raccourcis:
En effet, on peut se le demander, les exemples de l'égoïsme étant très faciles à imaginer. Or Baril ne donne pas d'explication valable, il ne fait que décrire une expérience béhavioriste (ou presque), celle du dilemme des prisonniers, qui montre que l'altruisme est PRÉSENT chez l'homme, mais pas comment il a pu l'avantager dans une situation de sélection naturelle. Il donne ensuite une explication neurologique et un autre exemple pris chez les bébés, qui montrent effectivement que l'altruisme est présent en chacun de nous (ça surprend quelqu'un ?). Mais il ne lie pas ça du tout à la sélection naturelle, autrement que par le constat : si ça existe, c'est que la sélection naturelle l'a permis (constat qui fonctionne également pour tout ce qui existe sous le soleil).On s’est souvent demandé comment l’altruisme pouvait s’être développé dans le contexte de la sélection naturelle où le fait de donner aux autres désavantage le donateur.
iii.L’intelligence sociale ou l’algorithme darwinien Ici ça dérape. L'exemple des cartes de Wason est censé montrer que les gens raisonnent mieux quand il est question se justice sociale. L'exemple est tellement alambiqué.. il montre davantage la capacité à résoudre un problème concret qu'abstrait. Avec les cartes de Wason, pour ma part j'ai compris le cas des lettres et chiffres avant de comprendre ce que voulait dire le cas avec alcool et âge, et l'autre cas, "bénéfice accepté et coût payé, je ne le comprends toujours pas. Mais semble-t'il d'autres personnes comprennent mieux les cas appliqués. Soit.. différence de formation. Je ne serais pas surpris que les scientifiques réussissent mieux le test lettres et chiffres que les non-scientifiques.. mais de toutes façons, rien de ça ne fait intervenir le sentiment de justice sociale mais plutôt la facilité de résoudre un problème en termes concrets, comme on apprend l'addition avec des pommes qu'on additionne avec des pommes.
Non seulement je trouve que les cartes de Wason ne démontrent pas ça, mais c'est aussi un argument qui peut servir à montrer que les humains sont ainsi fait qu'ils vont réagir contre une religion organisée qui utiliserait son pouvoir pour accorder des bénéfices à ses prêtres (ou chamans) sans que ceux-ci payent leur part. Ça peut être utilisé dans les deux sens. Sans compter qu'encore une fois on est loin de dieu, mais dans la justice (or dieu n'a pas à être juste; il peut être jaloux et favoriser ceux qui prient au détriment des autres)L’être humain est ainsi fait qu’il doit se protéger contre ceux qui profitent des bénéfices de la société sans payer leur part.
Il saute plusieurs étapes.. l'expérience de Wason ne montre pas qu'on voit du social où il n'y en a pas ! Elle montre que les humains (en majorité) comprennent mieux un problème lorsqu'exprimé en termes sociaux. Donc tout le reste fout le camp. De plus, il y a loin entre justice sociale et la théurgie qui consiste en demander une récompense en retour de prières et prosternations.Si notre cerveau est géré par ce type « d’algorithme », à qui doit-on payer le coût d’une bonne récolte, d’une bonne chasse ou d’une bonne santé ? L’intelligence sociale nous mène donc à voir du social où il n’y en a pas et à créer des agents surnaturels derrière les phénomènes naturels pour entrer en relation de réciprocité avec eux. Cela nous entraîne au rituel religieux, pour rendre grâce ou demander des faveurs en échange de prières, sacrifices ou autre.
Comme vous voyez, si je ne suis pas en désaccord avec les expériences que Baril relate, je suis en désaccord avec comment il les utilise. À date, aucun argument n'a un lien avec la création d'être surnaturels (invisibles). Elle aurait à la limite une incidence sur l'adhérence à une doctrine religieuse altruiste, mais sans relier le tout au darwinisme pour autant. La i et la iii sont irrecevables telles que présentées ainsi du moins.Ces considérations mènent notre conférencier à conclure que la religion est un épiphénomène, c’est-à-dire que « la création d’êtres surnaturels et la religion qui se développe sur la croyance en ces êtres sont des produits de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie en groupe. »
Le fait d'être en groupe, évidemment (!), croire, ça dépend, et faire des rituels, j'en doute.On s’aperçoit d’ailleurs, fait-il remarquer, que tout ce qui compose la religion, par exemple le fait d’être en groupe, de croire et de faire des rituels, a une utilité en dehors de la religion.
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2.Deuxième élément : sélection sexuelle
Baril souligne que plus une personne a tendance à être empathique, altruiste, etc.. plus elle a une religiosité forte. Plus une personne a tendance à l'inverse (compétition, agressivité, etc), moins elle a une religiosité forte. Les femmes sont plus religieuses et empathiques que les hommes, en moyenne. Selon Baril, l’évolutionnisme permet d'expliquer cette différence de religiosité hommes / femmes à travers les époques (on a des chiffres sur toutes les époques?).
Son explication (je passe par dessus son schéma qui n'en est pas un et apporte rien):
Que je sache, à part pour les chromosomes X et Y, nous héritons nos gènes de façon pratiquement aléatoire de nos parents. Si une femme est prudente et donc sélective, la compétition entre mâles sera élevée. Le mâle qui la remportera risque d'être fort compétitif et agressif. Une femme ne recherche pas une femme dans un corps d'homme.. Bref, plus une femme est sélective, plus elle trouvera un mâle qui s'est battu, donc qui est agressif. Leur progéniture sera mixte; mi-agressive, mi-prudente, selon les aléas de la transmission génétique. La fille n'hérite pas uniquement de la mère et le fils uniquement du père !! Ainsi cela n'explique en rien la différence de reliogiosité homme / femme à travers les époques!!Le sexe féminin étant celui qui s’investit le plus lors de la reproduction, les femelles sont plus sélectives et plus prudentes que les mâles. Cela amène une compétition entre les mâles pour s’approprier les femelles.
À la limite, s'il voulait expliquer le maintien de la religiosité à travers les époques, il fait l'erreur de penser qu'une femme prudente cherche automatiquement un mâle doux. Une femme prudente peut chercher un mâle fort, justement pour la protéger. Donc il y a constamment mélange génétique entre investissement parental élevé et investissement parental faible, plutôt qu'une prédilection pour l'investissement élevé (et donc la religiosité).
Mais la différence homme / femme n'est justement pas expliquée par son modèle.Il s’agit donc, conclut Baril, d’un autre élément qui étaye la thèse selon laquelle la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales, car on observe les mêmes différences entre hommes et femmes dans la société en général que dans le domaine religieux. La religion émerge donc de nos dispositions sociales.
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3. Dans sa réponse à un commentaire, Baril dit que la reliogisité est héritable (et non héréditaire). Qui dit héritabilité suppose un mécanisme génétique ou épigénétique à quelque part, sans nécessairement le connaître, mais aussi, une collaboration de l'environnement.
L'héritabilité dépend de l'environnement. Or Baril obnubile complètement l'environnement dans son analyse. Être religieux à Berlin et être religieux à Salt Lake City ne nécessite pas les mêmes prédispositions.. On peut faire le même raisonnement avec les époques. Être religieux en Inde au 14e siècle ou à Saint-Venant-de-Pâquette en 1930 n'implique pas les mêmes prédispositions.
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Je crois que mes commentaires et questions remettent fortement en doute cette thèse de monsieur Baril et la conférence qui en découle. Les deux éléments qu'il décrit ne tranchent aucunement de façon nette la question de l'origine de la conception d'un dieu anthropomorphique ou de la religiosité. Tout au plus il ne fait que jongler avec l'idée qu'il y a un lien à quelque part, mais n'a pas la compétence suffisante pour mettre le doigt dessus.
On devine que l'idée d'écrire un livre dont le sous-titre est Comment la sélection naturelle a créé l'idée de dieu est une réponse qui se veut définitive au déluge de pseudo-arguments qui visent à montrer que dieu a créé l'homme. Cette idée de création est contraire à la science, et il est du fantasme de bien des scientifiques d'utiliser la science elle-même pour démonter le créationnsime. Mais il faut que ça soit fait honnêtement et scientifiquement, ce que je crois que Baril ne réussit pas à faire.
On peut même entrevoir des conséquences nuisibles émanant d'une telle entrerprise flouée: donner l'idée que la notion de dieu a donné une capacité supérieure à l'homme, laquelle a favorisé son adaptation de façon darwinienne (et donc sa survie) est attribuer à la religion un pouvoir quelconque, qu'il soit fondé ou non. Un religieux moindrement idéiste pour se servir de cet argument pour dire que c'est ainsi que dieu avait prévu l'homme en le crééant (qu'un jour, l'homme découvrirait dieu).
Plus fondamentalement, c'est un abus du terme sélection naturelle et ça encourage une certaine utilisation laxiste du terme... il dit sélection naturelle sans le démontrer, uniquement en montrant des trucs expérimentaux béhavioristes et neurologiques qui n'abondent pas dans le sens d'une meilleure adaptation au milieu. Où sont les exemples de peuplades ou sous-espèces qui ont survécu car elles croyaient en dieu, alors que d'autres ont péri ? Il n'arrive pas à identifier des éléments qui sont spécifiques à la croyance en un dieu anthropomorphique.. Le fait d’être en groupe par exemple comporte beaucoup de conséquences et la conception d'un dieu anthropomorphique me semble bien éloignée de ce fait.
Ça serait comme dire que vu que l'humain a développé un langage et éventuellement un système d'écriture par un ensemble de processus darwiniens, il a pu écrire la bible et ainsi propager une religion commune.. Et donc que le christianisme est une conséquence du darwinisme. Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas vrai.. en tout cas c'est malhonnête si on en parle comme si ce n'était QUE le cas du christianisme. Il faut aussi préciser que ça s'applique à tout et que, en définitive, ça n'explique rien.