Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

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Zwielicht
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Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#1

Message par Zwielicht » 08 sept. 2009, 16:20

Avant de me procurer le livre, j'ai décidé d'examiner le résumé de la conférence qu'a donnée Daniel Baril au sujet des sources de l'anthropomorphisme et de l'idée de Dieu. J'ai quelques questions et commentaires. Toutes les citations sont tirées de ce résumé revisé par l'auteur du livre et conférencier.
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0.Thèse

La thèse de l'auteur est que la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales. Selon l'auteur, deux éléments étayent cette thèse.

Avant de les développer, j'aimerais éclaircir la signification de cette thèse. Un épiphénomène, étymologiquement, est un phénomène qui se produit à la surface. La plupart des dictionnaires s'entendent pour dire que c'est un phénomène qui vient s'ajouter à un autre sans le modifier.

Épiphénomène de nos dispositions sociales.. qu'est-ce que ça veut dire ? Que la religion est un phénomène qui origine de nos dispositions sociales mais n'affecte pas nos dispositions sociales. Je crois pouvoir dire sans me heurter qui que ce soit, que c'est faux. Si la religion origine de nos dispositions sociales, elle influence à son tour ces dispositions sociales, lesquelles l'influencent.

Ainsi je ne vois pas ce qui justifie l'utilisation du mot épiphénomène au lieu de phénomène. Qu'entend l'auteur par épiphénomène ?
c’est-à-dire que « la création d’êtres surnaturels et la religion qui se développe sur la croyance en ces êtres sont des produits de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie en groupe. »
Tout un programme. Digérons tout ça pour reformuler la thèse.. mais d'abord, je fais remarquer que épiphénomène ne désigne pas du tout ce que monsieur Baril entend. C'est un choix de mot tout à fait mal indiqué. Le seul lien qui me vient à l'esprit, entre la citation de Baril et le mot épiphénomène, est l'épigénétique (de par son préfixe). J'ai l'impression ici que par épiphénomène, Baril suggère phénomène épigénétique sans pour autant le démontrer par la suite. Mais reformulons:
la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales
devient
la religion est un produit de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie sociale

mécanisme biopsychologique : mécanisme d'expression psychologique qui a une origine biologique démontrée (repérée).

Il me semble que je ne perds rien de la formulation précédente. Avant de passer à l'analyse de l'argumentation, il me faut encore commenter cette thèse: celle-ci m'apparait tout à fait banale. C'est un peu pourquoi je m'insurge.. en quoi cette thèse nécessite-t'elle d'être prouvée ? Ne coule t'elle pas de source ? Tout comportement humain est un produit de mécanismes qu'on suppose biophysiologiques retenus par la sélection naturelle et modulés par l'environnement. Certains le sont par adaptation à la vie sociale, d'autres par adaptation à la vie "tout court" (survie). Par exemple : jouer au hockey est le produit de mécanismes comme savoir marcher, pouvoir fournir un effort cardiovasculaire intense (apparenté à la course), à esquiver, à compétitioner, à intimider, etc. L'athéisme aussi est un produit de mécanismes biophysiologiques retenus par la sélection naturelle. La faculté de ne pas concevoir de vie après la mort permet de redouter la mort, donc pousse à tenter de vivre plus longtemps et protéger ses proches (enfants) d'une mort prochaine et imminente. Le fait de remettre en doute une affirmation émanant d'une source plus ou moins crédible permet également de conserver ses biens et possessions au lieu de se les faire dérober, et ce questionnement est un des mécanismes derrière l'athéisme dans une société religieuse.

Je sais, ce genre de théorisation de gérant d'estrade est à la portée de tous. Ce qui l'est moins, et qui devrait être du ressort des biologistes et anthropologues (donc de Baril) est:
-démontrer une origine biologique d'un phénomène / comportement psychologique qui était jusqu'alors inconnue
-démontrer (autrement que suggérer par expérience de pensée) qu'un trait psychologique est plus favorable à la survie que les autres traits exclusifs
-dans le cas d'un trait psychologique d'origine biologique, démontrer que ce mécanisme biologique s'inscrit dans des gènes, dans l'ADN ou dans ses protéines associées, et qu'il soit par conséquent héréditaire ou héritable

Mais ce n'est pas ce que Baril fait : il présente quelques mécanismes biopsychologiques déjà connus (on verra que ce ne sont pas toujours des mécanismes bien compris, i.e. que le lien entre bio et psycho n'est pas toujours solide) et en conclut sa thèse même si ceux-ci n'abondent pas nécessairement en son sens.

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1.Premier élément
Celui-ci repose sur trois principes:
i.Le cerveau est essentialiste
ii.L'humain est un être altruiste
iii.L'intelligence sociale ou l’algorithme darwinien

i.Le cerveau est essentialiste
Baril définit l'essentialisme comme la tendance à percevoir les êtres et les choses comme s’ils avaient une essence. Ce n'est pas tout à fait vrai, si on fait abstraction de l'essentialisme tel que connu en médecine au 19e siècle, l'essentialisme est avant tout une doctrine où l'essence PRIME sur l'existence. On peut reconnaître l'essence tout en n'étant pas essentialiste, mais existentialiste.
Notre cerveau est essentialiste
Façon imagée de parler. Substituer le terme cerveau à humain en ce qui a trait aux facultés psychologiques n'est pas faux, mais ça donne un aspect plus technique à l'affirmation que ne pas l'utiliser, comme si la neurologie du truc était comprise.
Baril souligne que nous sommes tous essentialistes..
Voilà ce que Baril veut dire par notre cerveau est essentialiste. C'est faux; il existe aussi des existentialistes dans ce monde.
et que l’animisme en est l’une des principales manifestations
Principale ? Je dirais que parmi les manifestations de l'essentialisme on retrouve le fonctionnement normal en société. Quelqu'un qui ne percevrait pas les autres comme ayant une identité, une existence ou essence propre, est un dément, un anti-social, voire un psychopathe. Le fait qu'on soit en majorité des non-déments est une des manifestations principales de la faculté innée à percevoir les autres comme existant/étant en soi.
L’essentialisme est même observable chez de jeunes enfants
J'espère. S'il est présent chez l'humain, il ne peut pas apparaître par magie à l'âge adulte. Il doit bien apparaître à un moment donné, qu'il soit observale à l'enfance est normal. Mais si les enfants reconnaissent une essence, rien ne dit que pour eux l'essence prime sur l'existence.
Une expérience semblable a été réalisée avec les Kazakhs et les Torguuds. Ces deux tribus de Mongolie ne partagent ni la même langue ni la même religion, mais sont de la même ethnie et sont donc identiques au point de vue physique. Pourtant, 75 % des Torguuds considèrent qu’un bébé kazakh adopté à la naissance et à qui on aurait enseigné la langue et la religion Torguud serait néanmoins d’ethnie kazakh. Ainsi, l’appartenance ethnoreligieuse est essentialisée et est perçue comme biologiquement transmissible.
Cet exemple mène beaucoup trop vite à une conclusion. N'est-ce pas aussi, en partie, sinon en totalité, la mentalité de clan ? Tout comme des peuples cherchent à se venger d'offenses commises par un autre peuple plusieurs siècles auparavant et entretiennent des tensions hostiles pendant des générations après qu'un nombre important de générations se soient écoulées. L'appartenance ethnique est forte et n'a rien à voir avec la conception qu'un peuple peut avoir des mécanismes biologiques.. tout comme avec le désir de vengeance, il n'y a pas de conclusion logique derrière tout ça. Ça dit peut-être que les Kazakh sont en majorité essentialistes, mais ça ne nous approche pas de la conclusion.
Certains chercheurs estiment que cet essentialisme pourrait s’expliquer par le modèle du cerveau modulaire qui postule des modules de connaissances intuitives (physique, biologie, psychologie et mathématiques intuitives).
C'est mal dit.. il devrait écrire Cet essentialisme pourrait s'expliquer par les modules de connaissances intuitives dont certains chercheurs posent l'existence. Ce ne sont pas tous les modèles du cerveau modulaire qui posent des modules de connaissances intuitives, donc qui expliqueraient potentiellement l'essentialisme.
On entend par connaissances intuitives les idées que de très jeunes bébés ont de certaines réalités naturelles. Voici quelques exemples d’étude ayant mis en évidence des capacités scientifiques intuitives.
Voyons si ça décrit tant que ça l'essentialisme.
Biologie intuitive
Un bébé de 7 mois peut faire la distinction entre un être vivant et un objet inanimé. Pour arriver à cette conclusion, on a présenté à plusieurs bambins des images de quatre situations différentes. Sur une première image, une colonne se déplace par la poussée d’un objet qui la frappe, alors que sur la deuxième la colonne se sauve à l’approche de l’objet. Puis, les objets sont remplacés par des individus dans les deux mêmes situations. Des bébés ont trouvé tout à fait normales la première et les deux dernières images, mais ont été très surpris de voir un objet se sauver à l’approche d’un autre objet. Ils savent intuitivement que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants.
Cela ne tranche rien sur l'essentialisme contre l'existentialisme. Reconnaître que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants n'équivaut pas à percevoir les êtres et les choses comme s’ils avaient une essence. Percevoir que certains comportements ne sont le fait que d'êtres vivants est une des raisons pour lesquelles on a des rapports humains. Le monde tel qu'on le conçoit serait drastiquement différent si on n'avait pas cette faculté.

Reconnaître que certains comportements ne sont le fait que des êtres vivants est justement le CONTRAIRE de l'animisme tel que proposé par Baril comme principale manifestation de l'essentialisme. Si un enfant trouve bizarre qu'une colonne bouge de son gré, il ne s'imaginerait pas qu'un tapon de pierres a une âme !! Contradiction flagrante ici. Si c'est ça l'essentialisme, ce n'est pas la même chose qu'il entend quand il dit que l’animisme en est l’une des principales manifestations.
Cette distinction dans la perception des êtres vivants et objets inanimés semble relever d’un circuit neurologique précis. Ainsi, une lésion du lobe gauche du cerveau peut provoquer le syndrome de la démence sémantique, c’est-à-dire que l’individu ne peut plus reconnaître ni nommer des objets biologiques, alors que le problème ne s’étend pas à aucun autre domaine. De même, une lésion dans le lobe droit peut nous enlever la capacité de reconnaître les visages.
J'espère qu'elle se fait à quelque part dans le cerveau, sinon il faudrait la chercher dans .. une âme invisible supposée. Je ne vois pas ce que ça vient prouver.
Psychologie intuitive
Les enfants attribuent des intentions précises à certains objets. Ainsi, si on leur présente un jeu de type Pac-Man, des enfants de 4 à 7 mois s’attendent à ce que le Pac-Man gobe tous les ronds positionnés sur son chemin; ils considèrent normal que le Pac-Man revienne sur son chemin pour gober ceux qui restent, ce qui montret qu’ils attribuent une intention à cet objet anthropomorphique.
Ici il y a un anthropomorphique facile.. n'importe quel animal non humain, donc pas anthropos, a le même comportement que ce Pac Man. Ce n'est donc pas un trait anthropomorphique mais animal. Anthropomorphique serait d'associer des trucs spécifiquement humains. Toutefois, cette précision mise de côté, cela n'apporte pas d'eau au moulin de sa thèse. Les enfants sont capables de considérer comme vivant ce qui se comporte comme vivant. On est encore loin des esprits invisibles.
Le conférencier résume maintenant les conséquences de la première règle, soit celle de l’essentialisme de l’homme.
Je crois que vu les objections que j'ai relevées, on ne peut pas trancher sur l'essentialisme de l'homme. Tout au plus on peut dire ce qu'on sait déjà : les hommes fonctionnels perçoivent en d'autres hommes l'existence d'une conscience semblable à la leur, avec les sentiments, pensées, etc qui viennent avec. Cette faculté est innée, pour cause, nous avons tous le circuit neuronal qui est identifié à cette faculté.

Certains étendent ce raisonnement aux animaux (anthropomorphisme, ce terme n'existe pas pour rien). Mais Baril montre en citant une étude que chez les enfants, on ne s'attend pas de voir un objet inanimé (comme une colonne) bouger. Donc l'anthropomorphisme est somme toute limité à ce qui a des yeux, des pattes, etc, et si certains cas graves l'appliquent aux plantes ou minéraux, ça ne semble pas inné mais acquis car les enfants en sont exempts. Et aucun exemple apporté à date ne permet faire le saut entre anthropomorphisme des végétaux (plantes) et anthropomorphisme de l'invisible (religion, conception d'un dieu personnel).
la catégorisation a l’avantage de nous permettre de créer des liens de cause à effet, de distinguer le vivant du non-vivant, de détecter des agents ou des dangers et de reconnaître ceux qui nous sont apparentés – tous des avantages qui sont nécessaires à notre fonctionnement social. Toutefois, cela peut aussi nous amener à accorder certaines propriétés du vivant au non-vivant, à voir des agents là où il n’y en a pas.
Ai-je manqué un bateau ? J'extrais deux phrases de ce paragraphe:
1 a écrit :la catégorisation a l’avantage [...] de distinguer le vivant du non-vivant
2 a écrit :Toutefois, cela peut aussi nous amener à accorder certaines propriétés du vivant au non-vivant
Il n'a pas prouvé la 2, non seulement il la sort de nulle part, mais il se contredit. Je déclare ici que Baril est tordu (au sens Denis). Quand un fait peut servir également à affirmer une chose et son contraire, en proportions équivalentes, on ne peut s'en servir pour trancher.

ii.L'humain est un être altruiste
Baril nous apprend que la morale altruiste est innée. Soit. Mais quel est le rapport avec le sujet ? Le sujet est la naissance d'un dieu anthropomorphique; cet exemple ne fait que montrer que la religion sacralise des concepts moraux innés chez l'humain. Religion ne veut pas dire nécessairement dieu anthropomorphique. Il peut y avoir un dieu personnel, anthropomorphique, sans altruisme. Ici Baril perd son point focal (par habitude de combattre les religions et dieu en général) et passe de dieu anthropomorphique à religion. On voit que la fin interfère avec les moyens et cela n'aide en rien l'argumentation. Il fait quelques raccourcis:
On s’est souvent demandé comment l’altruisme pouvait s’être développé dans le contexte de la sélection naturelle où le fait de donner aux autres désavantage le donateur.
En effet, on peut se le demander, les exemples de l'égoïsme étant très faciles à imaginer. Or Baril ne donne pas d'explication valable, il ne fait que décrire une expérience béhavioriste (ou presque), celle du dilemme des prisonniers, qui montre que l'altruisme est PRÉSENT chez l'homme, mais pas comment il a pu l'avantager dans une situation de sélection naturelle. Il donne ensuite une explication neurologique et un autre exemple pris chez les bébés, qui montrent effectivement que l'altruisme est présent en chacun de nous (ça surprend quelqu'un ?). Mais il ne lie pas ça du tout à la sélection naturelle, autrement que par le constat : si ça existe, c'est que la sélection naturelle l'a permis (constat qui fonctionne également pour tout ce qui existe sous le soleil).

iii.L’intelligence sociale ou l’algorithme darwinien Ici ça dérape. L'exemple des cartes de Wason est censé montrer que les gens raisonnent mieux quand il est question se justice sociale. L'exemple est tellement alambiqué.. il montre davantage la capacité à résoudre un problème concret qu'abstrait. Avec les cartes de Wason, pour ma part j'ai compris le cas des lettres et chiffres avant de comprendre ce que voulait dire le cas avec alcool et âge, et l'autre cas, "bénéfice accepté et coût payé, je ne le comprends toujours pas. Mais semble-t'il d'autres personnes comprennent mieux les cas appliqués. Soit.. différence de formation. Je ne serais pas surpris que les scientifiques réussissent mieux le test lettres et chiffres que les non-scientifiques.. mais de toutes façons, rien de ça ne fait intervenir le sentiment de justice sociale mais plutôt la facilité de résoudre un problème en termes concrets, comme on apprend l'addition avec des pommes qu'on additionne avec des pommes.
L’être humain est ainsi fait qu’il doit se protéger contre ceux qui profitent des bénéfices de la société sans payer leur part.
Non seulement je trouve que les cartes de Wason ne démontrent pas ça, mais c'est aussi un argument qui peut servir à montrer que les humains sont ainsi fait qu'ils vont réagir contre une religion organisée qui utiliserait son pouvoir pour accorder des bénéfices à ses prêtres (ou chamans) sans que ceux-ci payent leur part. Ça peut être utilisé dans les deux sens. Sans compter qu'encore une fois on est loin de dieu, mais dans la justice (or dieu n'a pas à être juste; il peut être jaloux et favoriser ceux qui prient au détriment des autres)
Si notre cerveau est géré par ce type « d’algorithme », à qui doit-on payer le coût d’une bonne récolte, d’une bonne chasse ou d’une bonne santé ? L’intelligence sociale nous mène donc à voir du social où il n’y en a pas et à créer des agents surnaturels derrière les phénomènes naturels pour entrer en relation de réciprocité avec eux. Cela nous entraîne au rituel religieux, pour rendre grâce ou demander des faveurs en échange de prières, sacrifices ou autre.
Il saute plusieurs étapes.. l'expérience de Wason ne montre pas qu'on voit du social où il n'y en a pas ! Elle montre que les humains (en majorité) comprennent mieux un problème lorsqu'exprimé en termes sociaux. Donc tout le reste fout le camp. De plus, il y a loin entre justice sociale et la théurgie qui consiste en demander une récompense en retour de prières et prosternations.
Ces considérations mènent notre conférencier à conclure que la religion est un épiphénomène, c’est-à-dire que « la création d’êtres surnaturels et la religion qui se développe sur la croyance en ces êtres sont des produits de nos mécanismes biopsychologiques retenus par la sélection naturelle pour leur adaptation à la vie en groupe. »
Comme vous voyez, si je ne suis pas en désaccord avec les expériences que Baril relate, je suis en désaccord avec comment il les utilise. À date, aucun argument n'a un lien avec la création d'être surnaturels (invisibles). Elle aurait à la limite une incidence sur l'adhérence à une doctrine religieuse altruiste, mais sans relier le tout au darwinisme pour autant. La i et la iii sont irrecevables telles que présentées ainsi du moins.
On s’aperçoit d’ailleurs, fait-il remarquer, que tout ce qui compose la religion, par exemple le fait d’être en groupe, de croire et de faire des rituels, a une utilité en dehors de la religion.
Le fait d'être en groupe, évidemment (!), croire, ça dépend, et faire des rituels, j'en doute.

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2.Deuxième élément : sélection sexuelle

Baril souligne que plus une personne a tendance à être empathique, altruiste, etc.. plus elle a une religiosité forte. Plus une personne a tendance à l'inverse (compétition, agressivité, etc), moins elle a une religiosité forte. Les femmes sont plus religieuses et empathiques que les hommes, en moyenne. Selon Baril, l’évolutionnisme permet d'expliquer cette différence de religiosité hommes / femmes à travers les époques (on a des chiffres sur toutes les époques?).

Son explication (je passe par dessus son schéma qui n'en est pas un et apporte rien):
Le sexe féminin étant celui qui s’investit le plus lors de la reproduction, les femelles sont plus sélectives et plus prudentes que les mâles. Cela amène une compétition entre les mâles pour s’approprier les femelles.
Que je sache, à part pour les chromosomes X et Y, nous héritons nos gènes de façon pratiquement aléatoire de nos parents. Si une femme est prudente et donc sélective, la compétition entre mâles sera élevée. Le mâle qui la remportera risque d'être fort compétitif et agressif. Une femme ne recherche pas une femme dans un corps d'homme.. Bref, plus une femme est sélective, plus elle trouvera un mâle qui s'est battu, donc qui est agressif. Leur progéniture sera mixte; mi-agressive, mi-prudente, selon les aléas de la transmission génétique. La fille n'hérite pas uniquement de la mère et le fils uniquement du père !! Ainsi cela n'explique en rien la différence de reliogiosité homme / femme à travers les époques!!

À la limite, s'il voulait expliquer le maintien de la religiosité à travers les époques, il fait l'erreur de penser qu'une femme prudente cherche automatiquement un mâle doux. Une femme prudente peut chercher un mâle fort, justement pour la protéger. Donc il y a constamment mélange génétique entre investissement parental élevé et investissement parental faible, plutôt qu'une prédilection pour l'investissement élevé (et donc la religiosité).
Il s’agit donc, conclut Baril, d’un autre élément qui étaye la thèse selon laquelle la religion est un épiphénomène de nos dispositions sociales, car on observe les mêmes différences entre hommes et femmes dans la société en général que dans le domaine religieux. La religion émerge donc de nos dispositions sociales.
Mais la différence homme / femme n'est justement pas expliquée par son modèle.

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3. Dans sa réponse à un commentaire, Baril dit que la reliogisité est héritable (et non héréditaire). Qui dit héritabilité suppose un mécanisme génétique ou épigénétique à quelque part, sans nécessairement le connaître, mais aussi, une collaboration de l'environnement.

L'héritabilité dépend de l'environnement. Or Baril obnubile complètement l'environnement dans son analyse. Être religieux à Berlin et être religieux à Salt Lake City ne nécessite pas les mêmes prédispositions.. On peut faire le même raisonnement avec les époques. Être religieux en Inde au 14e siècle ou à Saint-Venant-de-Pâquette en 1930 n'implique pas les mêmes prédispositions.


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Je crois que mes commentaires et questions remettent fortement en doute cette thèse de monsieur Baril et la conférence qui en découle. Les deux éléments qu'il décrit ne tranchent aucunement de façon nette la question de l'origine de la conception d'un dieu anthropomorphique ou de la religiosité. Tout au plus il ne fait que jongler avec l'idée qu'il y a un lien à quelque part, mais n'a pas la compétence suffisante pour mettre le doigt dessus.

On devine que l'idée d'écrire un livre dont le sous-titre est Comment la sélection naturelle a créé l'idée de dieu est une réponse qui se veut définitive au déluge de pseudo-arguments qui visent à montrer que dieu a créé l'homme. Cette idée de création est contraire à la science, et il est du fantasme de bien des scientifiques d'utiliser la science elle-même pour démonter le créationnsime. Mais il faut que ça soit fait honnêtement et scientifiquement, ce que je crois que Baril ne réussit pas à faire.

On peut même entrevoir des conséquences nuisibles émanant d'une telle entrerprise flouée: donner l'idée que la notion de dieu a donné une capacité supérieure à l'homme, laquelle a favorisé son adaptation de façon darwinienne (et donc sa survie) est attribuer à la religion un pouvoir quelconque, qu'il soit fondé ou non. Un religieux moindrement idéiste pour se servir de cet argument pour dire que c'est ainsi que dieu avait prévu l'homme en le crééant (qu'un jour, l'homme découvrirait dieu).

Plus fondamentalement, c'est un abus du terme sélection naturelle et ça encourage une certaine utilisation laxiste du terme... il dit sélection naturelle sans le démontrer, uniquement en montrant des trucs expérimentaux béhavioristes et neurologiques qui n'abondent pas dans le sens d'une meilleure adaptation au milieu. Où sont les exemples de peuplades ou sous-espèces qui ont survécu car elles croyaient en dieu, alors que d'autres ont péri ? Il n'arrive pas à identifier des éléments qui sont spécifiques à la croyance en un dieu anthropomorphique.. Le fait d’être en groupe par exemple comporte beaucoup de conséquences et la conception d'un dieu anthropomorphique me semble bien éloignée de ce fait.

Ça serait comme dire que vu que l'humain a développé un langage et éventuellement un système d'écriture par un ensemble de processus darwiniens, il a pu écrire la bible et ainsi propager une religion commune.. Et donc que le christianisme est une conséquence du darwinisme. Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas vrai.. en tout cas c'est malhonnête si on en parle comme si ce n'était QUE le cas du christianisme. Il faut aussi préciser que ça s'applique à tout et que, en définitive, ça n'explique rien.
anybody in the creation/evolution debate area knows that this is basically a spiritual war. The root of the problem is not a question of what is science or what is truth. [Laurence Tisdall]

Daniel Baril
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#2

Message par Daniel Baril » 22 oct. 2009, 21:22

Merci à Zwielicht de s'intéresser à mes travaux. Mais la rigeur dont il fait preuve tranche avec la facilité à laquelle il a succombé en ne prenant pas la peine de lire mon livre avant d'élaborer un tel développement; il se serait ainsi évité bien des questionnements.
Un conférencier a beau revoir un résumé de conférence dressé par un auditeur, il reste qu'un tel document n'est jamais que le reflet de ce que cet auditeur a choisi de retenir et de transcrire dans ses mots à la lumière de son interprétation. Et ma conférence n'était aucunement un résumé du livre; seuls trois éléments ont été présentés. L'honnêteté intellectuelle minimale commande de lire un auteur avant d'en critiquer la thèse.
Voici tout de même quelques précisions. Je n'utilise pas le terme épiphénomène au sens de épigénétique mais au sens de phénomène secondaire ou de «produit dérivé». On pourra toujours dire que cette dernière expression est du domaine de l'économie, mais il faut un moment donné utiliser des mots courrants pour se faire comprendre. Tout le livre cherche à expliquer en quoi la religion n'est pas un produit de gènes spécifiques à ce que l'on appelle religion puisque ce concept englobe l'ensemble de nos comportements et valeurs.
L'essentialisme dont je parle n'a rien à voir avec l'essentialisme philosophique. C'est de l'essentialisme psychologique dont il est question et ce sens ne se retrouve pas dans les dictionnaires. Il faut lire les auteurs de cette approche méconnue pour savoir de quoi il est question et les références sont données dans le livre. Toute la critique de Zwielicht sur ce point est donc complètement à côté de la track.
L'épreuve de Wason que je mentionne illustre très bien le processus de type «algorithme darwinien» avancé par Tooby et Cosmides et leur développement sur le sujet, que j'ai rapporté dans le livre et lors de la conférence, répond aux questions que se pose Zwielicht.
La question des différences intersexes dans la religiosité est ma propre contribution à ce courant qui cherche à expliquer le comportement religieux par des dispositions sociales adaptatives et mon interprétation est basée sur la théorie de la sélection sexuelle. Lire le chapitre 5 de La grande illusion pour un résumé et réponses aux remarques.
Si je ne n'ai pas élaboré pas sur les effets de l'environnement sur la religiosité lors de la conférence, ce n'est pas parce que je nie cet aspect mais parce que ce n'est pas mon propos; je recherche les bases biologiques ultimes au comportement, ce qui ne nie pas l'effet proximal de l'environnement (chap. 7).
Où sont les exemples de peuplades ou sous-espèces qui ont survécu car elles croyaient en dieu, alors que d'autres ont péri ?
Cette citation montre que Zwielicht n'a pas du tout compris mon propos; on ne connait pas de peuple qui serait sans religion ou sans croyance au surnaturel. Ce qui est adaptatif, ce n'est pas de croire en l'au-delà; l'aspect darwinien, dans mon approche, n'est pas lié à la religion elle-même mais aux dispositions cognitives et psychosociales d'où elle émerge. C'est en ce sens que la religion est un épiphénomène; tout ce qui la compose peut s'expliquer par des fonctions autres que celles liées à la religion.
Mon livre est un essai qui cherche à mettre ensemble diverses pièces d'un casse-tête complexe et qui n'avaient jusqu'ici jamais été mises ensemble. Comme c'est un essai, il se peut que les morceaux, à la lumière des connaissances que nous en avons actuellement, ne fit pas parfaitement et j'en suis conscient. Mais une telle approche ne se résume pas dans un babillard et c'est pourquoi on écrit des livres.

Zwielicht
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#3

Message par Zwielicht » 23 oct. 2009, 03:01

Bonjour

Merci de vous attarder à mes commentaires, d'autant plus que je suis anonyme.

Je n'étais pas sûr d'avoir compris votre propos et c'est pourquoi j'ai tenté de couvrir deux aspects possibles de ce que celui-ci pouvait être (dans mon long message).

Êtes-vous d'accord que le sous-titre de votre livre
"Comment la sélection naturelle a créé l'idée de dieu"
laisse entendre que la sélection naturelle a créé l'idée de dieu ? Chez le sujet moyen, la sélection naturelle, c'est la survie du mieux adapté. Chez ceux qui s'y connaissent moins, la sélection naturelle est la survie du plus fort. Je trouve ce sous-titre maladroit. N'êtes-vous pas d'accord que celui-ci donne une fausse impression de ce qu'est votre propos ? Or ce sous-titre, étant affiché sur la jaquette, est visible à des gens qui liront ou ne liront pas le livre.

Ensuite, vous dites que ce qui est darwninien, ce sont les dispositions cognitives et psychosociales d'où la religion émerge. Ces dispositions cognitives sont nombreuses, et d'elles, émergent d'autres phénomènes que la religion.

Selon ce que je comprends, votre propos est que les dispositions cognitives et psychosociales qui rendent la religion possible sont le résultat du darwinisme. Ma question est : avons-nous des dispositions cognitives et psychosociales qui ne sont PAS le résultat du darwinisme ?

Si oui lesquelles ?

Si non, alors tout ce que nous faisons est un phénomène de ces dispositions et la religion ne constitue pas un cas unique, mais un cas parmi des milliers d'autres (la musique, la philosophie, j'en passe), et de consacrer un livre à ce sujet est en quelque sorte donner une impression fausse.

J'ai beau essayer de comprendre votre point de vue, tout ce que j'en retiens est une sorte de principe anthropique faible : si une chose existe, c'est que l'évolution l'a permis; dire que la sélection naturelle qui l'a créé est donc tautologique, et montrer qu'elle ne l'a pas empêché est à mon avis banal.
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#4

Message par PKJ » 23 oct. 2009, 14:40

Salut Z,

Si tu n'as pas accès au livre de Daniel, je te recommande d'aller voir sur le site de Tooby et Cosmides, toutes leurs publications sont disponibles gratuitement en pdf. Je dis toutes, ça inclut même la thèse doctorale de Cosmides.

Ce que Daniel (ainsi que Tooby & Cosmides) avance est que la sélection naturelle a formé certains modules mentaux adaptés à des problèmes récurrents de l'époque où la pression de sélection s'est exercé. Les individus étaient plus "fit" s'ils avaient une prédisposition, ne serait-ce que légère, à adopter telle conduite (qu'on peut juger après coup comme "adaptative" face à tel problème. Je comprends que ça revient à dire que ceux qui sont plus adaptés ont plus d'enfants et ils ont plus d'enfants car ils sont mieux adaptés (tautologie). Mais une tautologie a l'avantage de toujours être vraie :) De plus, quand on introduit un facteur statistique dans tout ça, ce n'est plus vraiment une tautologie.

On peut voir ce biais cognitif imposé par notre architecture mentale dans des expériences comme la tâche de Wason (qui montre que nous effectuons mieux une tâche logique lorsqu'elle implique une situation d'échange sociaux). La religion est, selon Baril, Cosmides, Tooby, ainsi que Boyer, un épiphénomène découlant de ces biais cognitifs.

Le titre du livre doit être lu au sens où les processus qui ont engendré l'esprit humain ont, par contre-coup, engendré la croyance au divin. Ce n'est pas l'idée de Dieu qui a évolué par sélection naturelle. :)
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Zwielicht
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#5

Message par Zwielicht » 23 oct. 2009, 15:47

PKJ; que nos facultés sociales et cognitives aient évolué selon la théorie de l'évolution va de soi. Je ne remets pas du tout ça en question. Ton interprétation de l'expérience de Wason me semble plausible : nous effectuons mieux une tâche logique lorsqu'elle implique une situation d'échanges sociaux. J'avais pour ma part déduit qu'on effectue mieux une tâche logique lorsqu'elle implique une situation concrète. Mais je peux bien voir:

abstrait < concret < concret+social
------facilité de résolution-------->


(le social est toujours concret, le concret n'est pas toujours social)

La religion est un phénomène qui découle de tous ces biais cognitifs; encore là, je n'ai pas du tout remis ça en question.

Mais, désolé de sombrer dans l'absurde, on peut en dire autant de la danse en ligne.

Bref, la religion n'est pas l'unique phénomène cognitif/social qui découle des biais cognitifs dont tu parles. Et on serait mal pris d'isoler un phénomène cognitif/social qui ne découle pas de ces facultés cognitives ou d'autres facultés résultant de l'évolution.

Non ?

Tu peux me donner ton avis sur les questions que j'ai posées à monsieur Baril dans le dernier message, ça m'intéresse.
PKJ a écrit :Le titre du livre doit être lu au sens où les processus qui ont engendré l'esprit humain ont, par contre-coup, engendré la croyance au divin. Ce n'est pas l'idée de Dieu qui a évolué par sélection naturelle
Je n'ai jamais dit que le titre disait cela. le titre dit que l'idée de Dieu est APPARUE par séléction naturelle. Que tu dises comment le titre du livre doit être lu ne change rien à ce que je soulignais : il y a de bonnes chances qu'il ne soit PAS lu comme tu penses qu'il le doit (par la majorité, disons, des gens qui le verront). Je demandais à monsieur Baril s'il en était conscient ou d'accord.
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Daniel Baril
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#6

Message par Daniel Baril » 27 oct. 2009, 02:54

Je trouve ce sous-titre maladroit. N'êtes-vous pas d'accord que celui-ci donne une fausse impression de ce qu'est votre propos ? Or ce sous-titre, étant affiché sur la jaquette, est visible à des gens qui liront ou ne liront pas le livre.
Mais ceux qui liront comprendront que le titre et le sous-titre sont des raccourcis, comme tous les titres.
Selon ce que je comprends, votre propos est que les dispositions cognitives et psychosociales qui rendent la religion possible sont le résultat du darwinisme.
Dis ainsi, c'est sûr qu'il s'agit d'une évidence. L'objet de mon propos, c'est de dire que la religion N'EST PAS LE PRODUIT D'UN DÉTERMINISME SPÉCIFIQUE; au risque de me répéter, elle émerge de la convergences de diverses dispositions qui ont d'autres finalités; c'est ça la nouveauté de l'affaire. Du moins, c'était nouveau au début des années 2000.
Si non, alors tout ce que nous faisons est un phénomène de ces dispositions et la religion ne constitue pas un cas unique, mais un cas parmi des milliers d'autres (la musique, la philosophie, j'en passe), et de consacrer un livre à ce sujet est en quelque sorte donner une impression fausse.
Ce n'est effectivement pas unique à la religion. J'ai même écrit que «cette interprétation, pourrait aussi s’appliquer à la politique, aux arts, aux sports, à la guerre, au magasinage ou à l’alimentation à condition de trouver les bons points d’encrage proximaux» (p. 85 de La grande illusion)
Mais, désolé de sombrer dans l'absurde, on peut en dire autant de la danse en ligne.
Exactement, mais ce n'est pas tomber dans l'absurde; de nombreux comportements culturels apparemment sans raison d'être, comme la danse en ligne, méritent qu'on s'y arrête afin de comprendre quels sont les mécanismes adaptatifs qui nous poussent à nous livrer à de telles activités. Derrière la danse en ligne se cachent les comportements sociaux ritualisés de l'être humain. Reste à trouver les points d'encrage avec la sélection naturelle et qui distinguent ce type de rituel de celui que l'ont retrouve dans la religion ou dans le sport. Bonne chance.
Z pose de bonnes questions. Il lui reste à rechercher les réponses là où elles se trouvent.

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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#7

Message par Zwielicht » 27 oct. 2009, 03:29

Daniel Baril a écrit :Mais ceux qui liront comprendront que le titre et le sous-titre sont des raccourcis, comme tous les titres.
Bon, d'accord. Mais il y a un peu de sensationnalisme derrière celui-ci.
Daniel Baril a écrit :L'objet de mon propos, c'est de dire que la religion N'EST PAS LE PRODUIT D'UN DÉTERMINISME SPÉCIFIQUE; au risque de me répéter, elle émerge de la convergences de diverses dispositions qui ont d'autres finalités; c'est ça la nouveauté de l'affaire. Du moins, c'était nouveau au début des années 2000.
D'accord. Mais je me demande qui a déjà soutenu le point de vue selon lequel la religion est le produit d'un déterminisme (i.e., qu'elle ne pouvait pas faire autrement que survenir); à moins que vous ne fassiez référence au point de vue religieux lui-même selon lequel la religion est une "révélation". Je ne suivais pas trop ces questions dans les années '90.
Daniel Baril a écrit :Ce n'est effectivement pas unique à la religion. J'ai même écrit que «cette interprétation, pourrait aussi s’appliquer à la politique, aux arts, aux sports, à la guerre, au magasinage ou à l’alimentation à condition de trouver les bons points d’encrage proximaux» (p. 85 de La grande illusion)
D'accord alors ! J'aurais su si j'avais lu.

Merci.
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#8

Message par PKJ » 27 oct. 2009, 04:56

Salut Z, tu trouveras des auteurs qui soutiennent que la religion est vraiment le produit d'une adaptation spécifique. De mémoire, il y a Joseph Bulbulia (pas facile à oublier, un tel nom et une telle tête!). Je trouve toutefois ses arguments assez faibles et tendance hyper-adaptivistes, bien que plutôt matheux en surface. Bulbulia "calcule" que la perte de pensée rationnelle est un coût inférieur à l'avantage conféré par l'affichage ostentatoire d'intentions altruistes. Autrement dit, montrer au groupe qu'on est religieux = apparence de "bon gars" = plus de succès reproductif. Donc la religion serait une adaptation. Douteux. Il y a plein de choses qui clochent dans ça, notamment l'association religion et altruisme.

À part de ça, bonne idée de faire un lien avec la danse en ligne. :)
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Re: Daniel Baril ; l'anthropomorphisme et l'idée de Dieu

#9

Message par Jean-Francois » 27 oct. 2009, 16:53

Daniel Baril a écrit :J'ai même écrit que «cette interprétation, pourrait aussi s’appliquer à la politique, aux arts, aux sports, à la guerre, au magasinage ou à l’alimentation à condition de trouver les bons points d’encrage proximaux» (p. 85 de La grande illusion)
Si la coquille se trouve dans l'original, faudra revoir les futures éditions ;)

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