DanB a écrit :Dans le dernier Electricity Today, on mentionne ceci : (lien :
http://my.texterity.com/electricitytoday/20091112/#pg6 )
To produce 20 per cent of the electricity needs of the United States, carbon free, would require 186,000 wind turbines on 25,000 square miles. Instead, only 100 nuclear reactors on 100 square miles could provide the same amount of carbon free power .
Pas le temps de répondre à tous les autres posts. Je choisis celui là qui me parait significatif et récurrent. En deux lignes il illustre plusieurs des points majeurs de mon propos :
a- pourquoi 1 seule source (ici l'éolien) ? Evidemment avec 1 seule source alternative "verte" on obtient de suite des chiffres ridicules. Mais avec un panier d'énergies, diverses et complémentaires, choisies intelligemment selon la géographie de la région, on peut couvrir l'essentiel du besoin énergétique avec un impact environnemental (m² occupés) faible. Par exemple au Canada vous avez la chance de pouvoir produire une énergie verte, renouvelable propre et pas chère grâce à l'hydro-électrique...et bien profitez en , c'est une chance ! Mais peu de pays ont ce bonheur. Pour beaucoup d'autres ce ne sera qu'un appoint (La France) et pour la majorité ce sera négligeable. C'est ça que vous n'avez pas bien compris à mon avis dans nos échanges précédents.
Parfois il faut alors compléter avec l'accès au réseau global centralisé habituel/actuel. Et parfois on pourra au contraire totalement s'en passer (autonomie) voire revndre de l'électricité. Ca dépendra des cas.
PS : j'aurais pu aussi vous dire qu'avec je crois une seconde de lumière reçue sur Terre, ou une semaine de lumière reçue sur les déserts mondiaux (je dis ça de mémoire, c'est l'idée qui compte) on couvre tous les besoins énergétiques de la planète pendant 1 an ! Utopique technologiquement encore ... mais les m² innocupés et pleins de soleil existent bel et bien ...
b- l'argument du "carbon free" est souvent galvaudé ou utilisé abusivement. Je vois au moins 4 critères majeurs à prendre en compte (il y en a bien d'autres) pour évaluer la pertinence d'une source d'énergie (en dehors du coût) :
1) les émissions de GES dont le CO², et donc la contribution au réchauffement global. Il faut évidemment privilégier les énergies qui en rejettent peu ou pas. Le nucléaire revient à la mode grâce à ce seul critère. Mais le nucléaire est mauvais sur au moins 2 des 3 autres critères, ce qu'on oublie souvent de dire. Ce critère est-au moins en France - surévalué, surmédiatisé en ce moment. Avec la "taxe Carbone" notamment.
2) la pollution généré, l'impact sur l'environnement. Là clairement les hydrocarbures (combustibles) et le nucléaire sont mauvais. Tout le monde sait pourquoi, juste deux points : les micro-particules émises par les diesels (en France on qualifie à tour de bras de "propres" des voitures sur le seul critère du CO² émis, alors que coté micro-particules ...), et les déchets nucléaires (y compris le démantellement des vieilles centrales et la réhabilitation du site). Ce dernier sujet mériterait un livre entier, mais clairement il y ba plutôt de quoi s'inquiéter que de rêver béatement que demain on rase gratis et que, non seulement on seura les traiter, mais qu'en plus on les réutiliserait (?)
3) le caractère renouvelable ou éphémère. Là encore les énergies vertes l'emportent nettement : hydro-électricité et chauffe eau solaire en tête (matures) , mais aussi plus en devenir : énergie marine (maréemotrice, vagues, production d'électricité par osmose entre eaux salé/douce, ...), photovoltaiques, éoliennes terrestres et marines, biomasse, géothermie, etc...
4) Le rendement énergétique. Là encore il y a malentendu. Si une source a un bon rendement mais qu'on peut obtenir une quantité équivalente avec une énergie plus "verte" (cf les critères précédents) alors il faut privilégier la dernière. Si le coût est raisonnable bien sûr (je ne traite pas ce point ici)
Aparté : vous avez une vision antédiluvienne des batteries (plomb + acide sulfurique, beurk). On fait meux depuis longtemps déjà. Et - comme tout se tient et qu'on avance par petits pas - le démarrage de la voiture électrique (et des téléphones portables avant) va permettre d'augmenter encore drastiquement leur efficacité, leur durabilité, leur propreté , leur rendement. Car c'est un pré-requis pour que le véhicule électrique se vende. Pourquoi croire au "progrès scientifique" pour retraiter les déchets nucléaires et pas pour arriver à faire des batteries 10 fois plus performantes que celles de nos parents ?
c) pourquoi produire 20% si 10% ou même 5% suffiraient ? En sus de toutes les solutions alternatives dont nous débattons, il faut aussi et surtout optimiser nos dépenses énergétiques et les diminuer chaque fois que possible.
On peut diminuer nos besoins en électricité en cessant de la gaspiller pour chauffer (plein d'autres solution existent) ou pour nous climatiser (et si les 3 milliards de pauvres qui habitent dans les pays chauds exigaient le même confort qu'un américain, et donc des maisons et voitures climatisées ?!).
On peut diminuer nos besoins en transport (pétrole ou électricité si véhicules électriques) en développant les transports en commun, le covoiturage (il a démarré voici qq années dans mon viallage ... gros succès , à mon grand étonnement !), ou en relocalisant les productions pour les rapprocher des consommateurs.
Et les exemples d'économies réalistes et rentables abondent. C'est une question de choix, de volonté, de politique au sens noble (je parlerai plus loin de l'aspect rentabilité et liberté des marchés)
D'autre part, le Canada n'est pas représentatif de tous les Pays (pas plus que la France) :
- Dans les cas où une énergie idéale (verte, propre, renouvelable, pas chère) est disponible, comme l'hydro-électrique au Canada, mon second vecteur (délocaliser, morceller la production) n'est évidemment plus indispensable. A 3 cents du Kwh hydroélectrique, ce serait idiot. Mais encore une fois : c'est un cas particulier, tous les pays ne rentrent pas dans ce cadre, loin de là.
- De même les températures de -30° du Canada et de quelques autres pays ne sont pas la norme . Dans ce cas là il faut évidemment des chauffages performants qui ne soient pas seulement d'appoint. Mais même dans ce cas (j'ai l'exemple des pays Nordiques en Europe) on peut diminuer le nombre de W/M² nécessaire aujourd'hui en "traditionnel", en : orientant mieux la maison, récupérant l'air chaud vicié (puis canadien, VMC double flux), mettant des baies vitrées au sud, utilisant un chauffage BT rayonnant sur de grandes surfaces, isolant bien la maison par l'extérieur, etc...Tous les logements Canadiens sont ils aussi parfaits ? J'en doute.
- de même pour vos critiques caricaturales sur "la gauche". Je vous cite des noms Français que vous ignorez ... 1 partout. Mais Joseph Stiglitz ?! Prix Nobel d'économie, et américain ... de gauche et très connu...
Enfin, je ne suis pas effectivement un financier (comme vous ?) mais je gère de facto de gros budgets (les deux sont différents, du moins dans ma boite). Je réponds à quelques unes de vos questions autour de ça :
- trader <> investisseur pour moi. Trader = spéculation financière, parfois (minoritaire) justifié et lié à l'économie réelle et aux investissements productifs/entreprises (ex : couvrir un risque), mais parfois juste pour faire du profit, parfois à très très court terme (< 1 j). Le second cas est très supérieur au premier en termes de chiffre d'affaires
- RSA : système Français récent en effet garantissant un revenu minimum à chaque Français sans emploi, mais aussi que le fait de recommencer à travailler partiellement va augmenter ses revenus (avant avec le précédent RMI, tout petit salaire venait en déduction du RMI). Bref, "au RSA" c'était pour typer une population "pauvre". Pardon pour l'acronyme.
- repardon pour ROI (Return on Investment). Dans ma boite et mon métier on parle un horrible franglais chaque jour et ça déteint ...
- Il existe bel et bien des cas où le pouvoir politique impose au marché ses contraintes. Exemples récents : suppresion du fréon et autres CFC (gaz à effets de serre) dans les réfrigérateurs, bombes aérosols etc, et interdiction progressive des ampoules à incandescence en Europe. Là on n'a pas laissé le Marché libre, on ne s'est pas arrêté à des questions de "est-ce rentable ?" ... on (les représentants du peuple) a exigé cela dans l'intérêt des peuples (intérêt collectif et à long terme).
Je n'adhère pas à l'église Néo-Libérale qui exige elle que l'état et la chose publique se désengage totalement ou presque de ces questions et laisse les marchés se réguler seul (en ne gardant en régalien que la sécurité, l'armée, la justice, la police, la diplomatie). Autre exemple : les normes de sécurité (voitures, bâtiments, jouets, ...)
Je ne demande rien d'impossible. Juste un contre-pouvoir à tout pouvoir, et un réglage honnête du curseur en liberté et solidarité, court terme et long terme, intéret privé et intéret collectif, etc. Depuis la vague libérale des années 80 (Reagan , Thatcher) force est de constater que le curseur s'est considérablement déplacé dans un sens. Il faudrait juste le rééquilibrer un peu. Ca tombe bien : non seulement ça tendrait à réduire les inégalités et injustices entre les hommes à court terme (Nord/Sud, Riches/Pauvres ...), mais en plus ca serait meilleur pour la planète et pour le long terme.
Ceux qui voient ça négativement, qui ont peur, ont une attitude conservatrice voire réactionnaire, et veulent perpétuer le système actuel qui leur va si bien, en l'amendant à la marge
Ceux qui sont plus positifs et entrepeneurs y voient au contraire de formidables opportunités de gagner (aussi) beaucoup d'argent en étant le M. Henry Ford ou Bill Gates du XXIeme siècle.
Faire écolo, durable, solidaire, renouvelable, propre, etc ... ne veut pas forcément dire perdre de l'argent (j'insiste sur l'argent car aujourd'hui c'est quand même ça qui conduit le monde en grande partie)
Ca me rappelle une nouvelle de SF que j'ai lue il y a très longtemps. Un gars inventait un petit cuble simple et efficace capable de stocker aisément, et de redistribuer à volonté, d'immenses quantités d'énergie (une super-batterie quoi). Et bien le gars faisait fortune, devenait multi-milliardaire et devenait le méga Bill Gates du XXXeme siècle. A coté, il permettait à l'humanité entière de franchir un cap dans son évolution (énergie toujours abondante et pas chère, exploration spatiale,...)
Un peu utopique, mais vous saisissez l'idée ?
A+