Denis a écrit :D'après toi, pourquoi Copernic a-t-il tant hésité (13 ans) avant de publier sa théorie révolutionnaire ?
Si tu avais été à sa place, aurais-tu attendu moins longtemps ?
A priori, on peut difficilement le savoir, ça peut aussi bien être une peur de la réaction de l'Eglise, effectivement, qu'une contrainte technique (encore faut-il convaincre l'éditeur, hors dans un monde géocentriste, pour peu que l'éditeur ne soit pas un grand scientifique, il peut refuser l'idée en la trouvant farfelue), ou simplement une raison personnelle à Copernic.
Cela dit, c'est un peu hors sujet, tout comme la référence à Galilée. A la base, la discussion a dérivé sur l'influence de l'Eglise sur le progrès au moyen-âge. Pakete avait sous-entendu que l'Eglise était le principal responsable de l'absence de progrès important, citant l'exemple (enfin à ce niveau c'est presque un épouvantail tant il est réutilisé comme quasi-sophisme) de Galilée.
Or, que ça soit Galilée ou Copernic, ça reste la toute fin du moyen-âge, voir même l'époque moderne, donc une situation sensiblement différente d'une bonne partie du reste du moyen-âge, surtout pour ce qui est de l'Eglise.
Ce qui est certain, c'est que, loin de renier le caractère de frein que l'Eglise peut avoir sur la science, il est grotesque, quand on connait la situation sociale, politique et culturelle du moyen-âge, de considérer que c'est le principal facteur d'absence de développement
Il est même grotesque de considérer que l'Eglise est le principale facteur de ça, quelque soit l'époque, puisque sa prégnance sur la société n'est pas moins forte au début de l'époque moderne, et n'empêche pourtant pas la révolution copernicienne, même si elle tente de la freiner, preuve que, malgré ses efforts, elle n'a pas l'influence nécessaire pour bloquer l'évolution des sciences.
Florence a cité l'excellent exemple du Japon médiéval, dont la situation sociale et politique est très similaire à celle de l'occident chrétien, où l'Eglise n'existe pas et où, malgré tout, on a le même conservatisme culturel et le même manque d'avancée scientifiques. A mon sens, cet exemple est précisément une preuve de cette influence réduite de l'Eglise sur l'absence de développement au moyen-âge, et de l'influence bien plus forte de la structure même de la société sur cette absence.
A mon sens, d'ailleurs, l'Eglise n'est qu'un reflet de la société à cette époque et non pas une force obscure qui la domîne. On a au moyen-âge, et bien avant que l'Eglise ne se structure réellement en pouvoir étatique autour du Pape, un fort conservatisme culturel, qui est bien plus responsable de l'absence de progrès que l'Eglise, qui, n'est qu'un reflet de ce conservatisme (parce que les clercs font aussi partit de cette société et sont donc aussi élevé dans ce conservatisme, avant même de devenir clerc).
On a un phénomène similaire (quoi que différent malgré tout) lors de la remise en place de l'empire romain après la crise du IIIème siècle, où les élites d'occident, principale victime de la crise, vont s'enfoncer dans un conservatisme culturel qui va conduire, à long terme, à une récession de l'occident impérial et à sa barbarisation, puis dissolution.
On observe, dès l'époque des Sévère (donc avant mêm la crise), une baisse du nombre de traité scientifique et technique par les élites d'occident, sauf en droit, où le savoir faire romain existe toujours, qui se couple avec une baisse économique et qui, quelques siècles plus tard, conduira les élites à se retirer dans leurs propriétés de campagne, plutôt que de continuer à être en ville.
A l'inverse, l'Orient reste prolifique, et pourtant, on n'a pas de religion organisée et dogmatique et la majeur partit des chrétiens, soit-disant frein à la science, sont en orient, encore à ce moment là.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)